Le chef du Kremlin fait face néanmoins à plusieurs défis, notamment économiques, alors que l’issue du conflit en Ukraine. Les Occidentaux, Washington en tête, avaient de leur côté fustigé un vote sous contrainte
Vladimir Poutine a prêté mardi serment pour un cinquième mandat à la tête de la Russie, jusqu’en 2030, en promettant à ses compatriotes de vaincre « ensemble » en plein conflit armé contre l’Ukraine présenté comme existentiel.
Lors d’une cérémonie au Kremlin en présence de 2.500 invités, dont l’élite politique du pays et des soldats combattant en Ukraine, le président russe, 71 ans, a livré un court discours solennel.
« C’est un grand honneur, une responsabilité et un devoir sacré », a-t-il déclaré, en remerciant les « héros » qui combattent sur le front.
« Nous traverserons avec dignité cette période difficile et nous deviendrons encore plus fort », a ajouté le dirigeant russe, selon une journaliste de l’AFP présente sur place.
En pleine tension avec les Occidentaux, soutiens de Kiev contre l’offensive russe, il a assuré que Moscou ne refusait pas « le dialogue » avec ces derniers, mais que le « choix dépendait d’eux ».
« Une discussion sur les questions de sécurité et de stabilité stratégique est possible (…) mais seulement sur un pied d’égalité, en respectant les intérêts de chacun », a-t-il affirmé.
La veille, il a ordonné la tenue d’exercices nucléaires près de l’Ukraine en réponse, selon le Kremlin, à des déclarations jugés menaçantes de dirigeants occidentaux, notamment celle du président français Emmanuel Macron sur le possible envoi de troupes en Ukraine.
« Nous sommes un peuple uni et grand, et ensemble nous surmonterons tous les obstacles (…) Ensemble nous gagnerons », a conclu Vladimir Poutine.
Il a ensuite assisté à une cérémonie religieuse en présence du patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe et fervent soutien du Kremlin.
Pouvoir incontesté
Le chef de l’État russe, aux commandes depuis près d’un quart de siècle, jouit d’un pouvoir incontesté en Russie après l’écrasement des voix dernières dissidentes dans la foulée du conflit en Ukraine.
Il rempile jusqu’en 2030, avec la possibilité d’effectuer ensuite un autre mandat jusqu’en 2036.
Son investiture est intervenue cette année à deux jours de l’anniversaire de la victoire soviétique du 9 mai contre l’Allemagne nazie, dont la célébration est un pilier de la politique de puissance de Vladimir Poutine, qui assure combattre en Ukraine des « néo-nazis ».
La cérémonie coïncide aussi avec une situation plus favorable sur le front pour l’armée russe, qui avait subi d’humiliants revers au printemps et à l’automne 2022, lors des premiers mois de son attaque à grande échelle contre Kiev.
Ces dernières semaines, les assauts russes dans l’est de l’Ukraine ont augmenté en intensité et permis la prise progressive de plusieurs localités, en particulier dans la zone de la ville-clef d’Avdiïvka, conquise mi-février.
En face, les troupes de Kiev manquent de munitions et de recrues après leur contre-offensive infructueuse à l’été 2023. Elles attendent l’arrivée d’une nouvelle aide américaine, alors que l’industrie de défense russe tourne, elle, à plein régime.
«Ni paix, ni liberté»
Mi-mars, à l’issue d’un scrutin remporté officiellement avec plus de 87% des scrutins exprimés, Vladimir Poutine avait déjà dressé le portrait d’une Russie « unie » derrière lui et son armée.
Les Occidentaux, Washington en tête, avaient de leur côté fustigé un vote sous contrainte, quelques semaines après la mort en prison, le 16 février, du principal opposant russe, Alexeï Navalny.
En exil à l’étranger, la veuve de ce dernier, Ioulia Navalnaïa, qui a juré de poursuivre son combat, a fustigé Vladimir Poutine dans une vidéo publiée mardi quelques minutes avant le début de la cérémonie d’investiture.
« Avec lui à la barre, notre pays n’aura ni paix, ni développement, ni liberté », a-t-elle affirmé.
Lundi, la diplomatie ukrainienne avait pour sa part estimé que cette investiture était destinée à donner « une illusion de légalité » au maintien au pouvoir de M. Poutine qui, selon Kiev, a transformé la Russie « en État agresseur » et « en dictature ».
Les principaux membres de l’opposition russe sont désormais en exil ou en prison, tout comme des centaines de personnes ordinaires qui ont affiché leur opposition à l’offensive de Moscou contre son voisin ukrainien.
Le chef du Kremlin fait face néanmoins à plusieurs défis, notamment économiques, alors que l’issue du conflit en Ukraine, très meurtrier, semble toujours incertaine.
L’inflation, tirée notamment par l’explosion du budget fédéral, liée aux dépenses militaires, reste persistante et inquiète la population, dont le pouvoir d’achat est déjà plombé par les effets des sanctions occidentales.
Et l’économie russe, toujours dépendante des revenus des hydrocarbures, doit également négocier un virage, revendiqué par Vladimir Poutine, vers l’Asie, même si les infrastructures nécessaires, coûteuses et longues à construire, manquent encore.
Regard Sur l’Afrique avec AFP
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