Les États-Unis ont accusé le gouvernement camerounais d’“assassinats ciblés” dans les régions du pays en proie à une profonde crise sociopolitique et les séparatistes armés de la minorité anglophone de “meurtres de gendarmes” et “enlèvements de fonctionnaires”.
“Du côté du gouvernement, il y a eu des assassinats ciblés, des détentions sans accès à un soutien juridique, à la famille ou à la Croix-Rouge, et des incendies, ainsi que des pillages de villages” dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, a indiqué dans un communiqué l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun.
Peter Henry Barlerin, dont le texte a été publié à la suite d’une rencontre, jeudi à Yaoundé, avec le chef de l’Etat camerounais, le président Paul Biya, accusent aussi les séparatistes de “meurtres de gendarmes, enlèvements de fonctionnaires, et incendies d‘écoles”.
L’ambassadeur des Etats-Unis, dans un communiqué de presse publié vendredi 18 mai après un entretien entre le diplomate et le président camerounais, Paul Biya, jeudi à Yaoundé. Les Etats-Unis ont aussi conseillé au président Biya d’envisager de réfléchir à son futur.
Au sortir d’une audience avec le président Paul Biya, ce dernier a indiqué lui avoir suggéré de songer à son « héritage ». « J’ai suggéré au président Biya qu’il devrait réfléchir à son héritage et à comment il souhaite que l’on se souvienne de lui dans les livres d’histoire », dit le diplomate américain, qui indique par ailleurs avoir cité, pour achever de convaincre son interlocuteur, Nelson Mandela, héros de la lutte anti-apartheid et ancien président de l’Afrique du Sud, ainsi que George Washington, premier président des Etats-Unis. Deux figures historiques ayant en commun d’avoir quitté volontairement le pouvoir.
Une déclaration loin d’être anodine en cette année ou une élection présidentielle est attendue en octobre prochain. En cette année électorale au Cameroun, ce sont des conseils dont se serait bien passé le président camerounais au pouvoir depuis trente-six ans et qui n’a toujours pas dit s’il serait à nouveau candidat à sa propre succession.
Comment le gouvernement camerounais reçoit-il ces critiques ?
Issa Tchiroma Bakary: le président Biya entrera « dans l’histoire par la grande porte »
« Le peuple camerounais est souverain » a prestement réagi le ministre de la Communication et porte parole du gouvernement, comme pour mettre en garde contre ce qui peut avoir été perçu comme une ingérence. Le peuple camerounais qui n’est « pas disposé à accepter quelque diktat que ce soit de la part de telle ou telle puissance ». Quant à l’héritage, Issa Tchiroma Bakary dit sa conviction que le président Biya entrera « dans l’Histoire par la grande porte ». « C’est un homme d’honneur. Soucieux, naturellement, de la lecture qu’on fera de lui, une fois qu’il aura organisé sa succession le moment venu. Moi, je suis persuadé qu’il entrera dans l’histoire par la grande porte, parce qu’il est conscient de sa responsabilité. Il ne s’écoule pas une seconde sans qu’il ne pense à l’avenir de notre Nation », assure le porte-parole du gouvernement.
Par Tinno Bang Mbang
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