L’opposant Camerounais Maurice Kamto a été libéré le 5 octobre dernier, après avoir passé plus de huit mois en détention. L’annonce avait été faite la veille par le président Paul Biya. Président du MRC, Maurice Kamto avait été arrêté à la fin de janvier avec des centaines de ses partisans à la suite des manifestations contre les résultats de la dernière présidentielle.
Maurice Kamto, est un avocat et universitaire, ancien ministre délégué à la justice et homme politique camerounais. Connu pour avoir fait partie de la délégation camerounaise lors des négociations pour la rétrocession de la presqu’île de Bakassi, territoire disputé avec le Nigeria voisin.
Né en 1954 à Bafoussam (Ouest) d’une famille modeste, Il effectue des études à l’université de Yaoundé, où il obtient une licence en droit public. En 1980, il obtient un diplôme d’études approfondies de droit public fondamental et un diplôme d’études approfondies de droit international à la faculté de droit de l’Université de Nice4.
En 1982, il est diplômé de l’Institut international d’administration publique de Paris. En 1983, il obtient un doctorat en droit à la faculté de droit de Nice. En 1988, il reçoit le prix de l’Académie des sciences d’outre-mer. Il est agrégé des facultés françaises de droit la même année. Il devient ensuite doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Yaoundé II.
Il est successivement professeur aux universités de Yaoundé, de Ngaoundéré et, depuis 1994, à l’université de Yaoundé II. Il enseigne également à l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC), et à l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM) de Yaoundé. Il est régulièrement invité par plusieurs universités occidentales et africaines.
Il est membre et conseiller juridique de la délégation camerounaise de la conférence diplomatique de Rome pour la création de la Cour pénale internationale (membre du comité de rédaction) en juillet 1998.
Il est par ailleurs membre de la commission du droit international des Nations unies, dont il est un temps le président. En 2019, il reste inscrit dans le répertoire des avocats au barreau de l’arrondissement de Paris sous le numéro de toque G0502 avec date de serment le 10/12/19979.
En 2004, il quitte la société civile (n’ayant par le passé jamais milité dans aucun parti politique) pour rejoindre comme technocrate le gouvernement en tant que ministre délégué auprès du ministre de la Justice. Il présente sa démission en 2011 suite au remaniement, puis devient une figure de l’opposition au régime de Paul Biya.
À la tête du parti MRC, il se présente à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 au Cameroun.
Le 8 octobre 2018, au lendemain de l’élection présidentielle, aux résultats contestés, il s’autoproclame vainqueur avant le processus de comptage. Mais le Conseil constitutionnel rejette ses recours et le donne en deuxième position, avec 14,23 % des voix, ceci après deux jours d’audience relative au contentieux électoral.
Tout savoir sur l’incarcération de Maurice Kamto et ses partisans
Le 28 janvier 2019, Maurice Kamto, dont le parti avait appelé à des marches non violentes dites « marches blanches » contre la réélection de Paul Biya, est arrêté par les autorités à Douala en compagnie de plusieurs cadres, sympathisants du MRC, journalistes et membres de sa famille au domicile d’Albert Dzongang. Ils sont conduits au GSO (Groupement spécial des opérations) – une unité d’élite de la police, à Yaoundé.
Maurice Kamto et 145 autres partisans du MRC sont accusés de huit chefs d’inculpation, dont « incitation à l’insurrection », et transférés 14 jours plus tard à la prison centrale de Kondengui.
Kamto souhaite engager des discussions avec le président Paul Biya. Reconnu coupable d’hostilité envers la patrie
Il est emprisonné en janvier 2019 pour des faits supposés de destruction de biens publics et Le 05 octobre 2019, il est libéré ainsi que plusieurs de ses co-accusés suite à la décision du président Paul Biya de suspendre les poursuites judiciaires contre les militants du MRC et associés arrêtés dans le cadre de la contestation des résultats de l’élection présidentielle au Cameroun d’octobre 2018.
Les détentions sont des détentions arbitraires. Vous savez qu’il s’agit, en réalité, de réprimer des marches qui ont été organisées de façon tout à fait pacifique. Et la peine encourue pour l’ensemble des détenus, c’est la peine de mort. On ne peut pas décapiter l’opposition.
Me Eric Dupont-Moretti, avocat de Maurice Kamto
Après une audience marathon au Tribunal Militaire de Yaoundé, le leader du MRC et ses proches ont été écroués en prison.
Maurice Kamto et 27 militants et sympathisants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) ont été écroués à la prison principale de Kondengui à Yaoundé, aux premières heures de la matinée de ce 13 février 2019. Outre l’opposant, arrivé 2è lors de la présidentielle d’octobre 2018, se trouvent ses proches Alain Fogue, Christian Penda Ekoka, Célestin Djamen, Albert Nzongang, Paul Éric Kingue, Valsero (Gaston Serval Abe) et 22 autres militants et sympathisants du MRC.
Au total, 151 partisans de Maurice Kamto, interpellés à la suite des marches blanches organisées dans plusieurs villes du Cameroun le 26 janvier 2019, ont été présentés au Tribunal Militaire de Yaoundé le mardi 12 février. Inculpés pour plusieurs chefs d’accusation dont insurrection et hostilité à la patrie, 28 d’entre eux ont été placés sous mandat de détention provisoire à la prison de Kondengui. Ils y retrouvent une vingtaine d’autres militants du MRC, écroués en prison depuis deux semaines pour les mêmes faits.
L’audience ayant été suspendue vers 4 heures ce matin, les 123 autres militants sont restés au Tribunal Militaire de Yaoundé. Ils vont sans doute, à leur tour, être inculpés et écroués à Kondengui dans la journée. Les soutiens de Maurice Kamto affirment qu’il s’agit d’un procès politique dont le but est d’éliminer un adversaire politique. «On essaye d’écarter Maurice Kamto et de décapiter son parti politique», avait alors réagit maître Emmanuel Simh, avocat et 3è vice-président du MRC et président du collectif des avocats de Maurice Kamto, malheurement mort le jeudi le 16 janvier dernier.
Les prévenus risquaient la peine de mort…
Le décès de Me Sylvain Souop continue de suscité controverse et toute sorte de polémiques. Les causes officielles de sa mort ne sont pas encore connues. « Tes autres collègues mes chers avocats m’ont rassuré: il va bien je l’ai eu au téléphone me disait l’un. Meurt-on d’un léger mal au bras? Pour celui qui connait la physiologie et l’anatomie, il répondra non. Surtout lorsqu’on est aux mains des professionnels. Il y’a pas d’erreur dans ce qui est professionnel, il y’a une faute. Et quand il s’agit d’une vie, il y’a assassinat », a réagi Mamadou Mota l’actuel vice-président du MRC. C’était le 18 janvier dernier du fond de sa cellule. Par ailleurs, certains évoquent une faute médicale, d’autres dénoncent un assassinat politique.
Boycott des élections municipales et législatives du 9 février
Organiser des élections au Cameroun aujourd’hui, en déployant les forces de défense dans les deux régions, en sachant pertinemment que les populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ne pourront pas aller voter, c’est arrêter de facto la partition du Cameroun. L’élection ne résoudra aucun problème, au contraire, ça va exacerber la crise.
Maurice Kamto
Le 25 novembre 2019, le chef du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) avait en effet exhorté les potentiels votants à « rester chez eux » le 9 février 2020, date des élections législatives et locales. Avec cette annonce, le candidat malheureux à la présidentielle du mois d’octobre 2018 a donc appelé à un boycott pur et simple du scrutin à venir.
Ce qui laisse le champ libre à une trentaine d’autres partis politiques, et surtout au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), au pouvoir. Le parti du président Paul Biya, 86 ans, jouit actuellement d’une majorité écrasante, avec 148 députés au Parlement. Présents également dans toutes les circonscriptions électorales, les candidats du RDPC n’auront pas, avec le boycott du MRC, de concurrents dans de nombreuses localités du pays.
La nécessité d’une réforme du processus électoral
Farouche opposant du chef de l’État depuis plusieurs années, Maurice Kamto a surpris avec son appel au boycott. La question est en fait de savoir si en privant les Camerounais d’un vote pour l’opposition, le président du MRC ne fait pas un cadeau à Paul Biya. « Je n’ai pas appelé au boycott pour la posture, s’est-il défendu à Paris devant la presse le 30 janvier, à l’occasion d’une tournée en Europe et aux États-Unis.
C’est une décision grave », mais qui, d’après lui, est inévitable. Car une élection dans le pays sans « réforme du processus électoral » est, toujours selon l’opposant, complètement stérile. « Avec le système électoral actuel, les mêmes causes produiront inexorablement les mêmes effets : à savoir fraudes massives, vol des résultats et nouvelle crise post-électorale », avait-il d’ailleurs déjà déclaré à Yaoundé, en novembre. Mais pour le président du MRC, c’est aussi la période préélectorale qui pose problème.
« Une guerre civile dévastatrice »
Seconde raison évoquée par Maurice Kamto, la situation sécuritaire qui prévaut actuellement au Cameroun. « Organiser des élections […] aujourd’hui, qui plus est des élections locales, sans avoir rétabli la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, c’est donner le message que ces populations ne sont pas des Camerounais et, ce faisant, consacrer la partition de fait du pays », avait-il déclaré en novembre. À Paris, il a réitéré sa position, arguant que « l’élection ne résoudra aucun problème.
Au contraire, elle exacerbera la crise », a-t-il affirmé. Le statut spécial pour les régions anglophones, annoncé en décembre à l’issue d’un grand dialogue national voulu par le gouvernement, arrive « trop tard », a-t-il dit. « Nous ne croyons pas que la décentralisation soit une réponse aujourd’hui. » Depuis fin 2016, la région est plongée dans un conflit meurtrier entre indépendantistes anglophones et l’armée qui, selon des ONG, a fait plus de 3 000 morts. Des chiffres alarmants pour le chef du MRC, qui parle même de « guerre civile dévastatrice ».
Par Tinno BANG MBANG
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