À un an de l’élection présidentielle, le climat politique se tend en Tanzanie où les deux principaux responsables du parti d’opposition Chadema ont été arrêtés ce lundi matin 23 septembre. Ils appelaient à une manifestation après la disparition et l’assassinat ces dernières semaines de plusieurs de leurs militants. De nombreuses voix dénoncent la politique répressive désormais menée par la présidente Samia Suluhu Hassan, qui s’était pourtant distinguée par des mesures de libéralisation de la vie publique à son arrivée au pouvoir.
La police tanzanienne a arrêté les deux dirigeants du principal parti d’opposition, ce lundi 23 septembre, jour où une manifestation contre les disparitions de militants était prévue malgré une interdiction de la police. Ils ont finalement été libérés sous caution quelques heures plus tard.
Le climat politique se tend encore davantage en Tanzanie, à un an de l’élection présidentielle. Une grande manifestation de l’opposition interdite par la police s’est soldée par des dizaines d’arrestations, dont celles des deux dirigeants du principal parti d’opposition Chadema.
La manifestation a été interdite par la police, pour éviter « tout débordement », selon les autorités. Mais cette interdiction n’a pas empêché les sympathisants de Chadema de descendre dans les rues de Dar es Salam, où un fort dispositif sécuritaire a été mis en place. Les rues de la capitale économique étaient ainsi quadrillées par des policiers lourdement armés, ont raconté des témoins à RFI. La police tanzanienne a annoncé dans l’après-midi surveiller toute la capitale économique pour prévenir tout débordement. Plus d’une cinquantaine de personnes ont été interpellées, notamment des jeunes, qui avaient bravé l’interdiction de manifester. Et même les journalistes sur place ont été pris pour cible.
Le président du parti, Freeman Mbowe, et son vice-président Tundu Lissu, candidat à la présidentielle de 2020, avaient été arrêtés un peu plus tôt dans la journée. Tundu Lissu a été interpellé chez lui par des forces anti-émeutes, puis emmené à un commissariat de police à Mbweni, un quartier de Dar es Salam, a-t-il écrit sur Twitter. Freeman Mbowe a quant à lui été arrêté alors qu’il arrivait à l’un des points de départ de la manifestation, au quartier Magomeni. Lors de son arrestation, le chef du parti d’opposition s’est dit choqué par « l’ampleur de la force utilisée par la police » et a défendu le droit de manifester.
Les deux dirigeants ont finalement été libérés sous caution dans la soirée. Le parti Chadema a cependant indiqué sur X que son chef avait « décidé de rester au poste de police jusqu’à ce que tous les autres membres et sympathisants arrêtés lors de la manifestation soient libérés sous caution ».
En août, un rassemblement, déjà été interdit par la police, mais maintenu par Chadema, avait vu plus de 500 dirigeants et sympathisants de Chadema arrêtés. Cette fois, le parti d’opposition a lancé l’appel à manifester après le meurtre d’un membre du secrétariat national du parti, Ali Mohamed Kibao, qui avait été kidnappé il y a deux semaines avant d’être roué de coups et aspergé d’acide.
La présidente du pays, Samia Suluhu Hassan, avait condamné ce meurtre. Toutefois, les membres de Chadema demeurent convaincus qu’il s’agissait bien d’un assassinat politique. Ils réclament depuis une enquête indépendante.
RSA avec RFI
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