Ces militaires avaient été arrêtés au Mali en juillet. Qualifiés de « mercenaires », quarante-six d’entre eux avaient été condamnés fin décembre à vingt ans de réclusion criminelle.
Le colonel Assimi Goïta, a accordé vendredi 6 janvier la grâce « avec remise totale des peines » aux quarante-neuf soldats ivoiriens arrêtés en juillet et condamnés ensuite par la justice malienne.
Le texte du décret présidentiel précise que ces soldats avaient été condamnés pour « crimes d’attentat et de complot contre le gouvernement, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, détention, port et transport d’armes et de munitions de guerre ».
Ces soldats ivoiriens avaient été arrêtés au Mali, qualifiés de « mercenaires » puis inculpés mi-août de « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat » et écroués. Trois d’entre eux, des femmes, ont été libérées par la suite. Les quarante-six autres ont été condamnés le 30 décembre à vingt ans de réclusion criminelle. Bamako a accusé ces soldats ivoiriens d’avoir voyagé sous de fausses identités et avec des armes sans que les autorités n’aient été informées.
Depuis juillet, la Côte d’Ivoire exigeait la libération de ses soldats en niant catégoriquement qu’ils aient été des « mercenaires », affirmant qu’ils étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Minusma.
La junte malienne a érigé cette affaire en manifestation de la souveraineté dont elle dit avoir fait un principe cardinal vis-à-vis de la France, poussée vers la sortie, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) et même de la mission de stabilisation de l’ONU (Minusma).
« Relations d’amitié »
La grâce a été accordée une semaine après une visite à Bamako d’une délégation officielle ivoirienne, le 22 décembre, qui a rencontré les autorités maliennes dans une ambiance « fraternelle ». Le ministre ivoirien de la Défense avait alors assuré que l’affaire était « en voie de résolution ».
La grâce vient « conforter la dynamique créée » par l’accord signé ce jour-là par les deux pays pour promouvoir « la paix » et le « renforcement des relations d’amitié, de fraternité et de bon voisinage » entre eux, souligne le communiqué malien.
Début décembre, les dirigeants des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avaient fixé un ultimatum à la junte malienne, exigeant qu’elle libère avant le 1er janvier les 46 soldats ivoiriens toujours détenus, sous peine de sanctions.
La junte malienne a laissé passer ce délai. Dans son discours de fin d’année, le chef de la junte malienne n’avait pas mentionné les soldats ivoiriens. Au même moment, le président ivoirien Alassane Ouattara avait lui promis à ses concitoyens que les soldats incarcérés regagneraient « bientôt le sol ivoirien ».
Mercredi, le président en exercice de la Cédéao s’était montré conciliant, assurant qu’il n’y aurait pas de sanctions contre le Mali dans l’immédiat malgré l’expiration de l’ultimatum, pour laisser la médiation togolaise travailler à la libération des 46 militaires ivoiriens.
Le président togolais Faure Gnassingbé était pendant ce temps en visite à Bamako, où « il a plaidé la grâce présidentielle », avait indiqué à l’Agence France-Presse un responsable de la présidence malienne.
Dans ce dossier, l’ONU avait reconnu des « dysfonctionnements » dans une note adressée au gouvernement malien et admis que « certaines mesures n’ont pas été suivies ». La présidence ivoirienne avait elle aussi reconnu en septembre « des manquements et des incompréhensions », propos volontiers considérés du côté malien comme les excuses qu’il réclamait.
RSA avec AFP
Discussion à propos du post