Le dialogue national préconise un premier tour de l’élection présidentielle le 2 juin. Au Sénégal, les commissions techniques du dialogue national initié par le président Macky Sall pour tenter de trouver une sortie de crise viennent de se terminer à Diamniadio, à une trentaine de kilomètres de Dakar. Parmi les sujets scrutés de tous, la nouvelle date du scrutin présidentiel dont le report a été invalidé par le Conseil constitutionnel. La principale préconisation, c’est un premier tour de l’élection présidentielle pour le 2 juin.
La principale proposition qui était attendue, c’est la date du 2 juin pour le premier tour de l’élection présidentielle. Les membres de la commission ont expliqué à RFI que cette date permet de voter avant l’hivernage, c’est-à-dire avant la saison des pluies qui commence au mois de juillet. Mais elle permet aussi de laisser passer le ramadan qui commence dans une dizaine de jours ainsi que d’autres fêtes religieuses.
La commission a aussi proposé de garder la liste des 19 candidats validés par le Conseil constitutionnel, avec la possibilité d’examiner de nouveau les dossiers des candidats recalés ou dits spoliés afin de potentiellement les y ajouter. Une mesure qui permettrait à Karim Wade de pouvoir se présenter. Reste en suspens la candidature de l’opposant Ousmane Sonko, s’il est libéré grâce au projet de loi d’amnistie annoncé lundi par le président de la République, Macky Sall. Enfin, la dernière proposition du dialogue est de permettre à Macky Sall d’assurer la transition à la tête de l’État après la fin de son mandat le 2 avril jusqu’à l’élection de son successeur.
Ces propositions vont être déposées devant le chef de l’État, qui doit encore prendre un décret présidentiel pour convoquer le corps électoral. Macky Sall a promis de saisir le Conseil constitutionnel pour valider cette décision. Les sept sages devront aussi examiner les propositions concernant l’ouverture de la liste à de nouvelles candidatures et la prolongation de l’actuel président à la tête du pays jusqu’à l’élection de son successeur.
RFI spéciale à Diamniadio, Théa Ollivier
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Report de l’élection présidentielle, démissions en chaine… Que se passe-t-il au Sénégal ?
En décidant de reporter l’élection présidentielle du 25 février, le chef d’Etat du Sénégal Macky Sall a plongé son pays dans une crise de grande ampleur.
L’élection présidentielle du Sénégal, qui devait se tenir le 25 février, a été reportée au 15 décembre par le Parlement après une décision du président Macky Sall : une décision sans précédent dans un pays habituellement vu comme un modèle de stabilité. Pourquoi le chef d’État, qui n’est pas candidat à sa réélection, a-t-il lancé une telle manœuvre ?
Un report plongeant le pays dans la crise
Élu en 2012 et au pouvoir depuis, Macky Sall a annoncé samedi dernier le report de cette élection, une décision due selon lui à un « différend entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel ». Ce conseil a validé la candidature de 20 personnes, tout en repoussant des dizaines de prétendants. On trouve parmi eux Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, pour sa nationalité franco-sénégalaise, en décembre, moment du dépôt du dossier de candidature. Mais Rose Wardini, qui possède aussi la double nationalité, a de son côté vu sa candidature validée par le Conseil.
Macky Sall a donc remis en cause l’intégrité de deux juges constitutionnels sur sept, avec une commission d’enquête validée la semaine dernière par l’Assemblée sur les conditions de validation des candidatures. Le Parlement a accepté ce report, prolongeant de fait le mandat de Macky Sall, qui doit s’arrêter le 2 avril et soulevant la colère de l’opposition, qui dénonce un coup d’État constitutionnel. Le gouvernement a de nouveau coupé l’accès à Internet face aux contestataires, comme en juin 2023, face à des manifestations suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, exclu du scrutin de 2024. Plusieurs dizaines de manifestants avaient alors perdu la vie.
Le rôle de la CEDEAO remis en question
Il est également possible que la décision de Macky Sall ait été motivée par une défaite potentielle du camp du président dans les urnes. Macky Sall n’est pas candidat, mais a mis en avant son premier ministre, Amadou Ba, comme successeur. Le Conseil constitutionnel a cependant également validé la candidature de Bassirou Diomaye Faye, représentant le mouvement d’Ousmane Sonko.
Si les deux hommes sont incarcérés, le fait que Bassirou Diomaye Faye n’ait pas encore été jugé, à l’inverse de Sonko, a permis sa candidature ; mais une condamnation d’ici le 15 décembre pourrait changer la donne. Deux ministres du gouvernement, Awa Marie Coll Seck et Abdou Latif Coulibaly, ont démissionné mardi, fragilisant un peu plus le camp présidentiel.
La situation inquiète pour la stabilité de la région : le Sénégal fait figure de modèle, ayant élu tous ses présidents au suffrage universel depuis 1963. Face au Burkina Faso, au Niger et au Mali secoués par des coups d’États et une rupture avec Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Sénégal a pu maintenir un modèle démocratique qui pourrait être remis en question. La communauté a annoncé une réunion en urgence à Abuja, au Nigeria, pour traiter des différents problèmes régionaux qui mettent à mal la légitimité de la CEDEAO.
Regard Sur l’Afrique avec Sources
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