Après avoir reconnu la torture et l’assassinat du dirigeant nationaliste Ali Boumendjel par l’armée française en 1957, Emmanuel Macron poursuit son objectif d’amélioration des relations franco-algériennes.
Le gouvernement français va faciliter, dès ce mercredi 10 mars, la déclassification de documents vieux de plus de 50 ans sur la guerre d’Algérie. C’est ce qu’a annoncé l’Elysée dans un communiqué publié, mardi.
« Le chef de l’Etat a pris la décision de permettre aux services d’archives de procéder dès demain [ce mercredi, NDLR,] aux déclassifications des documents couverts par le secret de la Défense nationale, selon le procédé dit de ‘’démarquage au carton’’ jusqu’aux dossiers de l’année 1970 incluse. Cette décision sera de nature à écourter sensiblement les délais d’attente liés à la procédure de déclassification, s’agissant notamment des documents relatifs à la guerre d’Algérie », indique le document lu par l’Agence Ecofin.
Cette mesure s’inscrit dans le cadre du processus de « réconciliation des mémoires » initié par le président français Emmanuel Macron, pour faciliter un rapprochement entre l’Hexagone et son ancienne colonie d’Afrique du Nord, l’Algérie.
Le passé de ces deux pays marqués par les exactions sanglantes de la guerre d’indépendance d’Algérie a entretenu un profond ressentiment de la part du pays maghrébin qui, depuis des années, exige que Paris « reconnaisse ses crimes ». Plus précisément, Alger réclamait l’ouverture des archives coloniales ainsi que le règlement de la question des plus de 2 200 « disparus » de la guerre d’indépendance, et celle des essais nucléaires français dans le Sahara algérien.
Réconcilier les mémoires, c’est trouver le chemin qui permet aux femmes et aux hommes nés en Algérie de pouvoir y revenir, quelles que soient leurs histoires… Ecrit Macron dans son compte twitter
Regarder l’histoire en face, c’est ce qui nous permettra de réconcilier les mémoires. Merci Benjamin Stora pour ce rapport sur les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Poursuivons ensemble, par des actes, l'indispensable travail de reconnaissance. pic.twitter.com/23qqWiubhG
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 20, 2021
En signe d’apaisement, Emmanuel Macron avait pris plusieurs décisions. Le 20 janvier, le chef de l’Etat recevait un rapport de l’historien Benjamin Stora, qu’il avait commandité sur la question mémorielle de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Le mardi 2 mars dernier, le président reconnaissait officiellement « au nom de la France », la torture et l’assassinat de l’avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel par l’armée française, pendant la guerre d’Algérie en 1957.
De nombreux observateurs ont salué les décisions du président Macron et, pour eux, le démarrage du processus de déclassification des archives de la guerre d’Algérie constitue une réelle avancée dans le processus d’amélioration des relations entre la France et l’Algérie. Cependant, pour d’autres, il ne s’agit que de gestes symboliques, et il faudra rétablir toute la vérité de l’histoire, et poser des actes concrets d’excuses pour permettre aux deux pays d’aller de l’avant.
« Décidé à favoriser le respect de la vérité historique, le président de la République a entendu les demandes de la communauté universitaire », indique l’Elysée. Et d’ajouter « En complément de cette mesure pratique, le gouvernement a engagé, sur la demande du président de la République, un travail législatif d’ajustement du point de cohérence entre le code du patrimoine et le code pénal pour faciliter l’action des chercheurs […] sans compromettre la sécurité et la défense nationales ».
RSA avec Ecofin, Par Moutiou Adjibi Nourou
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