Alors que Kiev a subi la plus sévère attaque aérienne russe depuis l’été dernier, et que les Etats-Unis continuent de mettre la pression sur l’Ukraine, le président Volodymyr Zelensky a écourté son passage en Afrique du Sud.
Longtemps accusé d’être trop proche de Moscou, le gouvernement sud-africain semble désormais désireux de se rapprocher des positions européennes sur la guerre en Ukraine, à l’heure où les relations avec Washington sont au plus bas.
La toute première visite officielle de Volodymyr Zelensky sur le continent africain s’est finalement transformée en un passage éclair. « Ce matin, notre pays a subi une nouvelle attaque russe, une attaque à très grande échelle » a-t-il regretté devant la presse rassemblée au sein des bâtiments présidentiels de Pretoria.
Selon l’armée ukrainienne, 215 missiles et drones ont été lancés dans la nuit de jeudi à vendredi , faisant au moins 9 morts et 80 blessés, ce qui a conduit le chef de l’Etat ukrainien à rentrer immédiatement après sa rencontre avec Cyril Ramaphosa. Dans un communiqué, Moscou indique avoir ciblé des infrastructures et des entreprises de l’industrie militaire ukrainienne.
L’Afrique du Sud considérait jusqu’à peu la Russie de Vladimir Poutine comme un allié, mais serait-elle sur le point d’infléchir sa position ? Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a en effet été reçu pour la première fois, ce jeudi 24 avril, à Pretoria.
« Il s’agit d’un bon signal de la part du président Zelensky que l’Ukraine soit d’accord pour un cessez-le-feu inconditionnel afin que des discussions et des négociations puissent ensuite avoir lieu », a insisté Cyril Ramaphosa à Union Buildings. Si la rencontre n’a pas donné lieu à des déclarations marquantes du président sud-africain, ce dernier a tout de même dit « accueillir favorablement » la position ukrainienne sur un cessez-le-feu.
Une visite express
La visite, la première de Volodymyr Zelensky sur le continent africain, a dû être écourtée en raison de frappes russes sur Kiev, dans la nuit du 23 au 24 avril. Selon l’armée ukrainienne, 70 missiles et 145 drones ont été tirés par les forces russes. Le porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères a évoqué un programme « accéléré en raison de l’escalade » des attaques, dans une nouvelle évolution du lexique de Pretoria.
« L’Afrique du Sud est profondément préoccupée par la poursuite du conflit en Ukraine, la perte continue de vies civiles, les dégâts causés aux infrastructures essentielles et la détérioration de la situation humanitaire », a simplement regretté le président sud-africain, quelques heures après les bombardements.
Cyril Ramaphosa a également annoncé, à quelques minutes de sa rencontre avec le président Zelensky, avoir parlé de la guerre en Ukraine avec Donald Trump, qu’il doit rencontrer « bientôt ». Cet appel téléphonique, qui suit un autre avec le président russe Vladimir Poutine en début de semaine, a notamment eu pour objet le « processus de paix en Ukraine ».
« Nous sommes tous les deux convenus qu’il faut mettre fin à la guerre le plus rapidement possible afin d’éviter d’autres morts inutiles », a-t-il déclaré à la presse.
Reconnaître l’« invasion » de l’Ukraine
« Il est important que nous nous rapprochions d’une paix véritable », a écrit Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux à son arrivée. La présidence sud-africaine a, elle, démenti tout changement de politique internationale. Elle a qualifié la visite de Volodymyr Zelensky de « poursuite des efforts pour tenter d’apporter une solution pacifique », comme « depuis le début », selon son porte-parole.
La rencontre entre le président ukrainien et son homologue sud-africain intervient deux mois après le vote inédit par l’Afrique du Sud d’une résolution de l’ONU qualifiant la guerre « d’invasion totale de l’Ukraine » par la Russie et « réaffirmant son attachement » à l’« intégrité territoriale » du pays.
Pour Priyal Singh, chercheur à l’Institut pour les études de sécurité à Pretoria, interrogé par l’AFP, le vote de la résolution « a mis les choses au clair », alors que « l’Afrique du Sud a été critiquée pour avoir adopté une position assez ambiguë sur la façon de définir le conflit » en Ukraine.
Dans une allusion aux liens historiques entre l’Afrique du Sud et l’URSS du temps de l’apartheid, le chef de l’État sud-africain a exprimé sa « grande gratitude pour le soutien » reçu de « l’Ukraine au cours de [leur] lutte pour la libération ». « Vous vous êtes battus pour vos principes. Vous avez remporté une grande victoire. C’est aussi ce qu’on fait », a tenté de convaincre le président Zelensky en référence à cette période marquante de l’histoire sud-africaine.
RSA (Avec AFP)
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