Au cœur de l’Afrique Centrale et des Pays des Grands Lacs, les défis économiques sont nombreux et complexes. La dépendance aux ressources naturelles, les infrastructures limitées, le déficit en capital humain et l’instabilité politique freinent le développement durable de ces régions pourtant stratégiques.
Dans ce contexte, le Programme de Gestion de la Politique Économique (GPE) de l’Université de Yaoundé II s’impose depuis plus de vingt ans comme un outil stratégique pour former les décideurs capables de relever ces défis.
Lancé en 1999 grâce à l’initiative de l’African Capacity Building Foundation (ACBF) et de l’Institut de Développement Économique de la Banque Mondiale, le Programme GPE a été conçu pour renforcer les capacités des cadres chargés de la politique économique et améliorer la qualité des décisions publiques et privées. Reconnu officiellement par l’Arrêté Ministériel n° 06/0104/MINESUP/DDES du 14 septembre 2006 et financé depuis 2021 par le gouvernement camerounais, le programme a formé des générations de cadres influents dans toute l’Afrique Centrale et au-delà, et aspire à devenir un centre d’excellence et un partenaire stratégique pour l’élaboration et le suivi des politiques économiques en Afrique subsaharienne.
Pendant ses premières années, le GPE a connu une croissance rapide, structurant ses formations, développant des partenariats internationaux et créant un réseau d’experts régionaux. Sous la direction successive des Professeurs Claude Njomgang, Roger Tsafack Nanfosso et Georges Kobou, le programme a construit sa réputation sur l’excellence académique, la coopération internationale et la rigueur institutionnelle.

Cependant, un programme aussi ambitieux que le GPE n’échappe pas aux turbulences. Entre contraintes financières, repositionnements institutionnels et incertitudes de son cadre juridique, le GPE s’est retrouvé dans une zone grise où son avenir semblait compromis. La fin du financement international en 2018 a plongé le programme dans une phase difficile, amplifiée par la crise de la COVID-19. Sur le plan institutionnel, l’absence de stratégie claire de continuité entraîne démotivation, désorganisation et perte d’attractivité. Financièrement, la forte dépendance vis-à-vis des bailleurs sort au grand jour : aucun modèle autonome n’a été acté, rendant impossible la mobilisation rapide de ressources locales.
Dans les partenariats aussi, le GPE perd du terrain : visibilité réduite, collaborations internationales en veilleuse, faible implication des alumni et recul dans le débat économique national. La transition, insuffisamment anticipée, a entraîné l’arrêt quasi total des promotions et réduit le personnel à sa plus simple expression, malgré la résilience de quelques cadres administratifs. Entre 2018 et 2021, le GPE survit plus qu’il ne vit : ses missions de formation, cœur de sa vocation, sont suspendues, ses infrastructures vieillissantes peinent à répondre aux besoins et son positionnement stratégique s’efface progressivement dans l’écosystème académique et institutionnel africain.
Paradoxalement, cette période grise n’a pas été vaine. En révélant les fragilités structurelles et financières du programme, elle a permis d’en mesurer l’importance réelle, de révéler la solidité de ses fondements intellectuels et de mettre en lumière la nécessité d’un leadership visionnaire. La reprise progressive, soutenue par l’État camerounais, a permis de maintenir le programme et de préparer sa renaissance. C’est dans cette zone grise que le GPE a consolidé ses bases stratégiques et préparé son repositionnement.
C’est précisément ce tournant visionnaire que marque l’arrivée du Pr Viviane Ondoua Biwolé à la direction du programme, en octobre 2024. Première femme à diriger le programme, elle apporte une vision ambitieuse et un leadership structuré. Professeure reconnue dans son intérêt pour la politique économique à travers les politiques publiques et son implication dans les questions de gouvernance, elle s’engage à maintenir l’héritage du GPE tout en le transformant en un pôle d’excellence et d’innovation.
Dès son installation, le Pr Ondoua Biwole a impulsé une dynamique nouvelle. Elle apporte une vision stratégique et un leadership fort, guidés par trois axes : excellence académique, diversification de l’offre de formation et renforcement des partenariats. Elle a redéfini les standards académiques, modernisé les programmes et introduit des approches innovantes, intégrant data-science, économie numérique et analyses prédictives.
Son arrivée marque le début de changements significatifs. L’offre de formation s’est élargie avec des masters spécialisés, des modules courts et certifiants, et des programmes hybrides qui répondent aux besoins concrets des décideurs africains. La stratégie de partenariats, renforcée, a consolidé les collaborations avec des institutions prestigieuses comme Yale, l’Université Senghor d’Égypte, la Banque mondiale et des acteurs nationaux clés, ainsi qu’avec d’autres GPE de la sous-région, permettent aujourd’hui des échanges académiques, des programmes conjoints et un partage de bonnes pratiques.
Les résultats sont tangibles. La modernisation des infrastructures et la digitalisation des processus ont permis un enseignement plus interactif et flexible. Les promotions de 2025 témoignent de ce renouveau. Rappelons que depuis sa création le GPE a formé un peu plus de 644 cadres, dont 22 % de femmes, avec un retour progressif des anciens auditeurs et l’intégration de nouvelles disciplines adaptées aux enjeux contemporains. La crédibilité et l’influence du GPE se sont retrouvées, les forums et conférences organisés rapprochent désormais décideurs, experts et monde académique, créant un espace dynamique de collaboration et de partage. Les auditeurs bénéficient désormais de salles de cours rénovées, d’une médiathèque, d’un mini-amphithéâtre et d’une plateforme numérique intégrée, leur offrant un environnement d’apprentissage moderne et stimulant.
La refonte des programmes de Master a permis d’aligner la formation des auditeurs sur les standards internationaux, avec une attention particulière aux besoins des administrations publiques et aux enjeux économiques régionaux. Le Master « Gestion de la Politique Économique » s’enrichit désormais d’outils numériques et analytiques avancés, tandis que le Master « Data, Economics and Development Policy » ouvre de nouvelles perspectives en matière de traitement et d’exploitation des données économiques. Ces initiatives témoignent de la volonté de faire du GPE un centre réactif et pragmatique, capable de former des décideurs opérationnels dès la sortie des sessions.
La visibilité du GPE s’en est trouvée accrue : présence active sur les réseaux sociaux, site web rénové, et organisation de conférences et séminaires qui rapprochent le monde académique des réalités du terrain.
Cette renaissance ne se limite pas aux chiffres ou aux infrastructures. Elle reflète une transformation stratégique. C’est la culture de l’excellence, de l’intégrité et de l’innovation insufflée par le Pr Ondoua Biwole qui transforme profondément le GPE. Fidèle à son slogan « Ensemble, réinventons les politiques économiques d’Afrique », le GPE Cameroun se projette comme un catalyseur de transformation, prêt à façonner la manière dont les politiques économiques sont pensées et mises en œuvre.
En moins d’un an, le GPE dirigé par le Pr Ondoua Biwole a donc transformé ses structures, ses contenus et son rayonnement, passant d’une période de latence à une dynamique de performance et d’innovation, et s’affirme comme un acteur clé pour la formation des hauts cadres et l’appui aux politiques économiques en Afrique Centrale et dans les Grands Lacs.
Fort de cette dynamique, le GPE se projette résolument vers 2029. Sous la houlette du Pr Viviane Ondoua Biwole, le programme a défini une stratégie ambitieuse à l’horizon 2029, visant à asseoir sa position comme centre d’excellence en gestion de la politique économique pour les hauts cadres du Cameroun, de la sous-région CEMAC et des pays des Grands Lacs. La vision s’articule autour de trois axes majeurs : l’excellence académique, avec des programmes en constante évolution et adaptés aux besoins des administrations modernes ; l’innovation pédagogique et technologique, avec des plateformes numériques intégrées, des modules de formation à distance et l’exploitation des outils analytiques avancés ; et le rayonnement international, grâce à un réseau d’alumni solide et à des partenariats stratégiques renforcés avec des institutions académiques et financières de premier plan.
Le GPE entend également jouer un rôle actif dans l’élaboration et le suivi des politiques économiques, en proposant des solutions concrètes, des analyses stratégiques et des outils décisionnels aux administrations publiques et aux acteurs économiques régionaux. L’objectif est clair : que chaque auditeur formé devienne un levier d’impact dans son institution et contribue au développement durable de la sous-région.
Enfin, le programme mise sur la visibilité et la notoriété, à travers l’organisation régulière de conférences, débats économiques et séminaires, ainsi que la publication de recherches appliquées et de rapports d’expertise. Cette stratégie vise à faire du GPE non seulement un centre de formation, mais également un acteur central dans le dialogue économique et la réflexion stratégique en Afrique Centrale et dans les Grands Lacs.
Aujourd’hui, le GPE incarne la renaissance d’une institution historique. Il est devenu un centre innovant, performant et influent, capable de former des décideurs compétents et de contribuer concrètement au développement économique régional. Du silence de la crise au souffle du renouveau, le GPE est redevenu un acteur stratégique, prêt à relever les défis économiques de demain et à porter haut la vision de l’excellence en Afrique Centrale et dans les pays des grands lacs.
Par Regard Sur l’Afrique
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