« La démocratie l’a emporté ». Joe Biden est devenu le mercredi 20 Janvier 2021 le 46e président des Etats-Unis lors d’une cérémonie inédite sans public à Washington
Joe Biden est devenu mercredi le 46e président des Etats-Unis, lors d’une cérémonie d’investiture à laquelle n’assistait pas son prédécesseur Donald Trump, parti pour la Floride quelques heures plus tôt.
Cette cérémonie se déroule loin de la liesse populaire qui envahit Washington tous les quatre ans en ce jour d’investiture. La foule, qui se masse habituellement sur le parcours pour saluer le nouveau président américain, a été priée de rester à la maison en raison de l’épidémie de coronavirus et des risques de violence. Revivez les temps forts de la journée.
Le discours de Joe Biden : « La démocratie l’a emporté »
« La démocratie l’a emporté » a déclaré Joe Biden. Le président américain a promis dans son discours d’investiture de « vaincre » le « suprémacisme blanc » et le « terrorisme intérieur« , deux semaines après les violences au Capitole. « On voit surgir aujourd’hui l’extrémisme politique, le suprémacisme blanc et le terrorisme intérieur », a-t-il noté dans son discours d’investiture. « Nous devons les affronter et nous allons les vaincre », s’est-il engagé. « Avec de l’unité, nous pourrons faire de grandes choses, vaincre ce virus, lutter contre l’injustice raciale et faire en sorte que les États-Unis deviennent à nouveau une force de bien dans le monde », a clamé celui qui, tôt ce matin, saluait « un jour nouveau » pour l’Amérique.
« Il faut arrêter cette guerre bien peu civile »
Joe Biden a exhorté les Américains à rejeter la manipulation des faits, lors de son premier discours de président des Etats-Unis, dans une référence à son prédécesseur Donald Trump qui a nié pendant des semaines le résultat de l’élection présidentielle et popularisé l’expression « fake news ». »Tous les désaccords ne doivent pas mener à la guerre totale. Et nous devons rejeter la culture où les faits eux-mêmes sont manipulés, et même inventés », a lancé le nouveau président démocrate.
« Il y a la vérité et il y a les mensonges, les mensonges prononcés pour le pouvoir et pour le profit. Et chacun d’entre nous a le devoir et la responsabilité en tant que citoyens, qu’Américains, et particulièrement en tant que dirigeants (…) de défendre la vérité et de combattre les mensonges », a ajouté Joe Biden.
« Avec de l’unité, nous pourrons faire de grandes choses »
Le président américain a fait observer une minute de silence en hommage aux 400.000 « mères, pères, maris, épouses, fils, filles, amis, voisins et collègues » tués par le Covid-19, mettant également en garde contre l’arrivée de « la phase la plus dure et la mortelle » de la pandémie. Il a appelé les Américains à mettre de côté leurs différences pour faire face à ce « sombre hiver ».
Toujours sans nommer son prédécesseur, le nouveau président a appelé les Américains à rejeter la manipulation des faits, en référence à Donald Trump qui, a de nombreuses reprises, dénoncé des fraudes au scrutin sans apporter de preuves.
Joe Biden et Kamala Harris prêtent serment
Main gauche sur la bible, main droite levée, l’ancien vice-président de Barack Obama, qui accède à la Maison Blanche à 78 ans à l’issue d’une très longue carrière politique, a prêté serment comme l’ont fait avant lui George Washington, Franklin D. Roosevelt ou encore John F. Kennedy.
« Je jure solennellement que j’accomplirai loyalement les fonctions de président des Etats-Unis et que je ferai de mon mieux pour préserver, protéger et défendre la Constitution des Etats-Unis », a-t-il déclaré sur les marches du Capitole.
La journée restera dans les livres d’histoire aussi en raison de l’accession, pour la première fois, d’une femme à la vice-présidence de la première puissance mondiale. L’ex-sénatrice noire et d’origine indienne Kamala Harris, 56 ans, a prêté serment juste avant Joe Biden en présence de leurs époux, Jill Biden et Doug Emhoff.
Lady Gaga et Jennifer Lopez ont chanté
La star de la pop Lady Gaga a entonné l’hymne national, vêtue d’une volumineuse robe rouge et noir et arborant une grande broche dorée représentant la colombe de la paix.
Puis, Jennifer Lopez a chanté « This land is your land » (« Ce pays est ton pays »).
«Je serai le président de tous les Américains»: Joe Biden appelle l’Amérique à l’unité
« Je sais que les forces qui nous divisent sont profondes et réelles », a déclaré Joe Biden lors de son premier discours en tant que 46e président des États-Unis, avant de multiplier les appels à l’unité.
Donald Trump parti pour la Floride
Fait sans précédent depuis 150 ans, le président sortant Donald Trump boude la prestation de serment de son successeur.
Le 45e président de l’Histoire américaine qui, pendant toute la durée de son mandat, a piétiné tous les usages et, pendant plus de deux mois, refusé d’accepter sa défaite, a quitté mercredi matin la Maison Blanche sans avoir rencontré son successeur. Depuis la base militaire d’Andrews, il a salué quatre années « extraordinaires » et souhaité « bonne chance » à la nouvelle administration sans jamais prononcer le nom de Joe Biden. Il a promis de revenir « d’une manière ou d’une autre », entretenant le flou sur ses projets.
Il s’est ensuite envolé à bord d’Air Force One pour la Floride où il entamera dans son club de Mar-a-Lago, à 74 ans, sa vie d’ex-président. Avant de partir, il a néanmoins choisi de respecter au moins une coutume, en laissant une lettre pour Joe Biden, dont la teneur n’a pas été dévoilée.
Destitution ou 25e amendement ?
Trump doit partir rapidement, disent les démocrates
Il restait moins de deux semaines avant la fin du règne de Donald Trump, mais l’échéance était trop loin aux yeux de certains démocrates.
Au lendemain de l’assaut du Congrès par ses partisans, les leaders démocrates ont appelé son Cabinet à recourir au 25e amendement de la Constitution pour l’écarter du pouvoir. Sinon, le Congrès pourrait entamer une deuxième procédure de destitution, ont-ils averti.
Déjà, la veille, des élus démocrates avaient réclamé le départ du président par l’une ou l’autre de ces voies, mais cet appel est venu des ténors du parti, comme la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le leader de la minorité démocrate, Chuck Schumer.
Après avoir incité à la sédition comme il l’a fait, il doit être démis de ses fonctions, a soutenu Nancy Pelosi devant les journalistes, disant que cela reflétait le sentiment dominant du caucus démocrate de la Chambre.
Après avoir appelé ses partisans à converger vers Washington pour protester contre l’officialisation de la victoire de Joe Biden par le Congrès, qui s’est faite, Donald Trump les a invités à marcher vers le Capitole, siège du Congrès, pour convaincre les élus de bloquer le processus formalisant l’élection pourtant légitime de son rival démocrate.
L’assaut au Capitole fait 4 morts et 52 arrestations
L’assaut du Capitole par les émeutiers s’est soldé par la mort de quatre manifestants et a mené jusqu’ici à des dizaines d’arrestations.
En appelant à cet acte séditieux, le président a commis une agression innommable contre notre nation et notre peuple.
Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants
Ce qui est arrivé au Capitole des États-Unis est une insurrection provoquée par le président Trump. Ce président ne doit pas rester en poste un jour de plus, avait précédemment soutenu Chuck Schumer.
Si les jours de Donald Trump à la tête du pays sont comptés, la situation est trop dangereuse pour qu’il reste en poste, a affirmé Nancy Pelosi, invoquant une urgence du plus haut degré. Même s’il ne reste que 13 jours, tout autre jour de plus pourrait constituer un spectacle d’horreur pour l’Amérique, a-t-elle affirmé.
Tous deux ont plaidé pour le recours au 25e amendement de la Constitution, qui peut être invoqué par le Cabinet lorsqu’un président devient inapte à exercer ses fonctions.
M. Schumer a précisé que lui et sa consoeur avaient tenté en vain de contacter le vice-président, Mike Pence. Ils nous ont mis en attente pendant 25 minutes et ont ensuite dit que le vice-président ne viendrait pas au téléphone. Nous rendons donc cet appel public, parce qu’il devrait le faire, et le faire tout de suite, a-t-il dit.
Selon une source de CNN proche du vice-président, il est hautement improbable que le numéro deux de l’administration Trump accepte d’entreprendre cette démarche. Plusieurs médias ont cependant rapporté que des membres du Cabinet en avaient informellement discuté.
Le secrétaire d’État Mike Pompeo, l’un des plus fidèles alliés du président, ainsi que son collègue du Trésor Steven Mnuchin, font partie de ceux qui ont abordé le sujet, d’après CNBC.
Mercredi, les membres démocrates du Comité judiciaire de la Chambre des représentants avaient écrit à Mike Pence pour le presser d’entamer le processus qui lui permettrait de mener le pays jusqu’à l’investiture du prochain président, Joe Biden, le 20 janvier prochain.
Pour aboutir, l’invocation du 25e amendement nécessiterait l’appui du vice-président Pence et de la majorité des membres du Cabinet, qui comprend des alliés indéfectibles du président.
Deux de ceux qui auraient potentiellement pu appuyer cette mesure ont présenté leur démission à la lumière des événements de mercredi, à l’instar d’autres responsables politiques : la secrétaire aux Transports, Elaine Chao, qui est la femme du leader de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, puis, selon CNN, la secrétaire à l’Éducation, Betsy Devos.
Pour la première fois, le président Trump a par ailleurs reconnu publiquement, dans une vidéo publiée sur Twitter, qu’il n’exercera pas un deuxième mandat.
Menace d’une nouvelle procédure de destitution
Le recours au 25e amendement serait l’option la plus rapide et la plus efficace pour écarter le président Trump du pouvoir, a argué M. Schumer, qui a cependant brandi la possibilité de le mettre en accusation une deuxième fois. Mme Pelosi a par la suite fait écho à ses propos.
Selon CNN, les démocrates envisagent sérieusement le lancement rapide d’une telle procédure si Mike Pence ne va pas de l’avant pour remplacer le patron qu’il a fidèlement servi.
Le président du Comité judiciaire de la Chambre, Jerry Nadler, qui avait été l’un des plus fervents partisans de la procédure en destitution lancée l’an dernier, a d’ailleurs plaidé dans un communiqué pour la mise en accusation immédiate du président.
Il lui a reproché d’être à l’origine de l’insurrection menée par des terroristes par ses appels séditieux à l’action et son refus égoïste d’accepter sa défaite électorale.
Au lendemain de cette attaque meurtrière contre le Capitole, face à cette insurrection, nous devons agir. Il doit y avoir des conséquences. Ces conséquences doivent être à la mesure de l’offense, et elles doivent commencer par le président des États-Unis.
Jerry Nadler, président du Comité judiciaire de la Chambre des représentants
La représentante Ilhan Omar a écrit sur Twitter qu’elle avait commencé à rédiger les articles de mise en accusation. L’acte d’accusation, dont elle a publié un extrait en ligne, est parrainé par 13 de ses collègues, dont Alexandria Ocasio-Cortez et Ayanna Pressley.
Dans un tweet subséquent publié en fin de soirée, elle a indiqué que le dépôt des chefs d’accusation se ferait probablement vendredi. On ignore cependant si son initiative a l’aval de Nancy Pelosi, d’autant plus que la représentante du Minnesota ne fait pas partie du Comité judiciaire de la Chambre, habituellement responsable de ce type de démarche.
Mme Omar a en outre précisé que sa démarche recueillait l’appui de près de 60 représentants, un nombre nettement insuffisant pour pouvoir aller de l’avant.
Sans surprise, le Lincoln Project, un groupe militant formé de républicains anti-Trump, a lui aussi plaidé pour sa mise en accusation.
Accusé d’avoir mis en péril la sécurité nationale pour son bénéfice personnel, Donald Trump avait déjà fait l’objet d’une procédure de destitution lancée par la Chambre à l’automne 2019. Il avait plus précisément été accusé d’abus de pouvoir et d’entrave au travail du Congrès à la suite de présumées pressions sur son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Donald Trump avait été le quatrième président menacé par une procédure de destitution, après Andrew Johnson, en 1869, Bill Clinton, en 1998, et Richard Nixon, en 1974. Les deux premiers ont été acquittés par le Sénat, et le troisième a préféré démissionner avant que la Chambre ne se prononce sur les chefs d’accusation.
Aucun président n’a jamais été mis en accusation deux fois.
Critiques républicaines
Dans les faits, les deux scénarios semblent avoir peu de chances d’aboutir, mais Donald Trump semble désormais avoir une emprise moins grande sur le Parti républicain qu’il avait réussi à mettre à sa main au cours des quatre dernières années.
Le représentant Adam Kinzinger, une des rares voix républicaines à s’être montrées depuis plusieurs mois très critiques envers le président Trump, a réclamé publiquement le recours au 25e amendement.
Tout indique que le président s’est détaché non seulement de son devoir ou même de son serment [à l’égard de la Constitution], mais aussi de la réalité elle-même, a déclaré jeudi le représentant dans une vidéo publiée sur Twitter, au cours de laquelle il a accusé le président de mettre en danger les Américains.
Hier, il est devenu évident que le président a non seulement abdiqué son devoir de protéger le peuple et la maison du peuple, mais aussi […] attisé des passions qui n’ont fait qu’alimenter l’insurrection que nous avons vue ici.
Adam Kinzinger, représentant républicain de l’Illinois
En coulisses, certains responsables de la Maison-Blanche et de divers départements ont également des discussions en ce sens, selon plusieurs médias américains.
En entrevue à CNN, John Kelley, ancien secrétaire à la Sécurité intérieure, puis chef de cabinet de la Maison-Blanche, a indiqué qu’il appuierait le recours au 25e amendement s’il siégeait toujours dans le Cabinet de Donald Trump. Lui reprochant sa rhétorique et les allégations de fraudes électorales, il a dénoncé son comportement tout simplement scandaleux.
Sans aller aussi loin, des républicains ont eux aussi critiqué le président, l’appelant à condamner plus fermement la violence et à reconnaître sa défaite.
Peu l’ont fait avec des termes aussi durs que le sénateur Mitt Romney qui, lors de la séance du Congrès visant à comptabiliser les voix du Collège électoral, a déploré une insurrection provoquée par un homme égoïste à l’orgueil blessé.
Seul élu de son camp à avoir voté en faveur de la destitution du président en février dernier, il a cependant indiqué jeudi ne pas appuyer cette option. Je pense que nous devons simplement retenir notre souffle jusqu’à la fin de son mandat, a-t-il dit aux journalistes.
L’ex-procureur général Bill Barr, qui a farouchement défendu Donald Trump pendant tout le temps qu’il a été en poste, a pour sa part associé sa conduite de mercredi à une trahison de sa fonction et de ses partisans.
Regard Sur l’Afrique avec AFP
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