Le gouvernement d’Elisabeth Borne dévoilé. Le premier gouvernement du second quinquennat d’Emmanuel Macron a été présenté vendredi 20 mai : on y retrouve quelques nouveaux et beaucoup de ministres qui rempilent.
Emmanuel Macron l’avait promis au soir de sa victoire, le 24 avril. Son nouveau mandat ne serait pas « la continuité » du précédent. Premier président de la République réélu hors période de cohabitation depuis 1965, il s’était engagé à s’éloigner « des rites et chorégraphies usées » pour gouverner selon une « méthode nouvelle ». Près d’un mois après son élection, à l’heure d’annoncer la formation d’un nouveau gouvernement censé incarner ce qu’il qualifie de « mandat nouveau » d’un « président nouveau » pour un « peuple nouveau », le chef de l’Etat a pourtant privilégié la continuité au changement, les « talents » éprouvés aux figures disruptives, la sécurité au vertige de l’inconnu.
Bruno Le Maire (maintenu à l’économie), Gérald Darmanin (à l’intérieur), Eric Dupond-Moretti (à la justice)… La nouvelle équipe constituée avec la première ministre, Elisabeth Borne, ex-ministre du premier quinquennat, et annoncée, vendredi 20 mai, par le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kolher, en place depuis 2017, est composée de 27 ministres et secrétaires d’Etat dont plus de la moitié étaient déjà membres du précédent gouvernement. Assez pour donner le sentiment d’un jeu de chaises musicales que l’on pensait dévolu au « monde d’avant ». Les principales figures, l’historien Pap Ndiaye propulsé ministre de l’éducation mis à part, sont des professionnels de la politique, là où 2017 avait fait émerger abondance de personnalités de la société civile. Signe de l’émergence d’une « génération Macron », fait-on valoir dans l’entourage du chef de l’Etat.
« C’est un gouvernement paritaire, c’est important. (…) Il y a un équilibre entre certains qui étaient déjà ministres et des nouvelles figures. Des personnalités qui viennent de la gauche, du centre, de la droite (…) mais qui partagent la volonté de mettre en œuvre le programme pour lequel Emmanuel Macron a été réélu », a défendu Elisabeth Borne au journal télévisé de TF1, vendredi.
Les nouveaux venus en politique
Parmi les 28 membres du gouvernement, 6 n’ont jamais eu de responsabilités politiques.
Pap Ndiaye, un choix symbolique à la tête de l’éducation nationale. Cet historien de 56 ans, spécialiste de l’histoire sociale américaine, présente un profil qui tranche avec celui de son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer.
C’est « la » nomination surprise du remaniement : l’historien Pap Ndiaye, 56 ans, est devenu, vendredi 20 mai, ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. D’autres noms avaient circulé, ces derniers jours – ceux de Gabriel Attal, de Bruno Le Maire ou encore de Julien Denormandie – pour succéder à Jean-Michel Blanquer et s’installer rue de Grenelle. C’est finalement sur celui de ce professeur des universités, spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis, que la nouvelle première ministre, Elisabeth Borne, et le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, ont trouvé un accord.
« Je suis un pur produit de la méritocratie républicaine, dont l’école est le pilier », a-t-il mis en avant lors de la passation des pouvoirs organisée, dès vendredi soir, avec Jean-Michel Blanquer au ministère de l’éducation. Il a adressé ses premières « pensées » à Samuel Paty et au monde enseignant. « Un monde qui est le mien depuis longtemps », a-t-il précisé en faisant explicitement référence à sa mère professeure.
Elisabeth Borne prend la défense de Pap Ndiaye, « un républicain engagé »
Interrogée sur la nomination de l’historien Pap Ndiaye, Elisabeth Borne a pris la défense de son ministre, novice en politique. « Pap Ndiaye est là parce qu’il partage avec Jean-Michel Blanquer l’objectif d’offrir à nos enfants l’excellence et l’égalité des chances, et je pense qu’il incarne ça », a-t-elle répondu dans un premier temps. « Il y a des acquis sur l’égalité des chances, notamment le dédoublement des classes de CP, qui a été menée par Jean-Michel Banquer, mais, sa feuille de route, c’est de continuer d’aller plus loin, et de le faire avec les enseignants qui partagent ces préoccupations, évidemment avec les parents d’élèves et les associations qui peuvent aider sur ces questions d’égalité des chances. »
La première ministre a également répondu concernant les attaques de l’extrême droite visant le nouveau locataire du ministère de l’éducation nationale. « C’est parfaitement caricatural, ce qui ne m’étonne pas de la part des personnes que vous avez mentionnées puisque cela a été leur tonalité tout au long de ces derniers mois. Pap Ndiaye, c’est un républicain engagé, et c’est ce qu’il va porter en tant que ministre de l’éducation nationale. »
Par Tinno BANG MBANG Correspondant à Barcelone
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