L’annonce de la mort d’Elizabeth II a été soigneusement préparée en coulisses en prévision du « Jour J ». Du Premier ministre au grand public, le timing protocolaire devra être minutieusement respecté.
L’annonce a été longuement et minutieusement préparée. Que ce soit dans les rédactions londoniennes ou dans les cabinets ministériels, la mort d’Elizabeth II est synonyme de branle-bas de combat d’une ampleur inégalée depuis les obsèques de Winston Churchill en 1965. En cela, la disparition de la reine a fait l’objet de préparatifs intenses, pour que le « Jour J » et ceux qui suivront, se passent sans le moindre accroc protocolaire.
Le soin apporté à l’annonce elle-même est en cela révélateur. Pour la Couronne, le timing demeure essentiel. À ce titre, le secrétaire particulier d’Elizabeth II, Sir Christopher Geidt, apparaît d’ores-et-déjà comme le maître des horloges. Au moment du dernier soupir de la monarque, lui-seul, en dehors du cercle familial, détient cette information capitale qu’il est le seul à pouvoir communiquer au Premier ministre : « London Bridge is down ».
Une fois ce nom de code prononcé sur des lignes sécurisées à la plupart de hauts-fonctionnaires du Royaume, le ministère des Affaires étrangères transmet d’abord la nouvelle aux 15 gouvernements en dehors du Royaume-Uni dont la reine est également le chef d’État, et aux 36 autres nations du Commonwealth.
Une « onde de choc avant un tremblement de terre »
À ce moment précis, Elizabeth II est morte, mais le commun des mortels l’ignore encore. Pour The Guardian, l’annonce de son décès voyage alors « comme l’onde de choc avant un tremblement de terre ». Les gouverneurs, les ambassadeurs et les dirigeants de la planète sont informés à leur tour, en attendant le grand public.
Le 6 février 1952, quand le roi George VI est découvert mort par son valet à 7h30 du matin, la BBC ne communique la nouvelle qu’11h15, presque quatre heures plus tard. Difficile aujourd’hui de penser qu’une telle annonce ne s’ébruite, telle une traînée de poudre, aussitôt l’administration informée. Pour « London Bridge« , le Palais a donc voulu une synchronisation totale.
Une fois l’information rendue publique auprès de la Press Association, un valet de Buckingham Palace en tenue de deuil affichera sur le portail du Palais un avis de décès royal. Au même instant, le site internet du palais passera en une page sombre avec un texte confirmant la mort de la souveraine.
De même, tous les sites gouvernementaux afficheront une bannière noire, et les drapeaux britanniques des administrations devront être mis en berne dans les dix minutes après que l’information ait été rendue publique. Les réseaux sociaux jouent là-aussi un rôle de premier plan, rappelle The Guardian. « Le contenu non urgent ne sera pas publié et les retweets seront interdits à moins d’être autorisés par le responsable de la communication du gouvernement », écrit le quotidien.
Reste encore à savoir, si la nouvelle prendra le monde par surprise. Fin octobre 2021, lorsque la reine avait pris quelques jours de repos, après une courte hospitalisation, manquant le sommet pour le climat, les Britanniques s’étaient inquiétés que l’on leur cache quelque-chose. Le Palais s’était pourtant montré rassurant quant à l’état de santé de la souveraine.
Signes avant-coureur / bulletin de santé
Les précédentes disparitions royales montrent d’ailleurs que ce dernier tend plutôt à accompagner le public lorsqu’une page historique est sur le point de se tourner, en publiant notamment des bulletins de santé. Deux jours avant la mort de la reine Victoria en 1901, son médecin écrivait ainsi : « la reine souffre d’une grande prostration physique, accompagnée de symptômes qui provoquent beaucoup d’anxiété ».
Moins ambiguë, le dernier avis publié par le médecin de George V, dans la nuit du 20 janvier 1936. À 21h30, il écrivait : « la vie du roi se déplace paisiblement vers sa fin ». « Peu de temps après », rapporte The Guardian, le médecin « injectait au roi 750 mg de morphine et un gramme de cocaïne (…) afin de soulager les souffrances du monarque, et le faire expirer à temps » pour le bouclage du Times du lendemain, dont l’impression débutait à minuit.
Elizabeth II, tout est déjà programmé pour les dix jours qui suivront sa mort
- La reine Elizabeth II est morte ce jeudi 8 septembre 2022 au château de Balmoral, en Ecosse, après 70 ans de règne. Elle avait 96 ans.
- Ce vendredi 9 septembre, après une soirée et une nuit d’hommages venus du monde entier, de très nombreux messages continuent d’affluer en mémoire de la souveraine.
- Le protocole qui régit ses obsèques était déjà prévu de longue date et va être appliqué à la lettre, permettant notamment le rapatriement du corps d’Elizabeth II d’Ecosse vers Londres. Elle sera ensuite inhumée au château de Windosr, à l’ouest de la capitale anglaise.
Proclamation du nouveau roi, chapelle ardente, funérailles…, le programme des dix jours suivants celui de la mort de la reine Elizabeth II est près de longue date sous le nom d’«Opération London Bridge».
Rien ne devrait être laissé au hasard. Le jour où la reine Elizabeth II mourra, l’opération London Bridge sera enclenchée. Celle-ci programme tous les détails, le Jour J., de l’annonce de ce décès et de celle de son successeur, mais aussi ce qui doit se passer durant les dix jours suivants, le dixième étant celui de ses obsèques. Longtemps gardé secret, ce déroulé a été dévoilé en septembre 2021 par le média «Politico Europe» basé à Bruxelles. Le voici :
Jour J. +1
Le nouveau roi -en l’occurrence Charles III- sera proclamé à 10h du matin par le Accesion Council (le Conseil d’adhésion, un organe cérémoniel comprenant de hauts responsables du gouvernement) réuni au palais Saint James à Londres, en présence de centaines de conseillers privés, y compris le Premier ministre et des ministres de haut rang. «La proclamation sera ensuite lue au palais Saint James et au Royal Exchange de la ville de Londres, confirmant Charles comme roi», indiquait «Politico». Le Parlement se réunira pour convenir d’un message de condoléances, mais tous les autres travaux parlementaires seront suspendus pour une durée de dix jours. Un hommage à la monarque défunte sera rendu à la Chambre des communes.
A 15h30, aura lieu la première audience du nouveau souverain avec le Premier ministre -en l’occurrence Liz Truss- et le Cabinet, audience où les conjoints des ministres ne seront pas admis.
Jour J. +2
Le cercueil de la reine Elizabeth II rejoindra Buckingham Palace. Plusieurs cas de figure ont été envisagés selon le lieu de sa mort. Transport en train royal jusqu’à la gare londonienne de St. Pancras en cas de décès dans son domaine de Sandringham dans le Norfolk. Si elle se trouvait dans celui de Balmoral -ce qui est actuellement le cas-, deux solutions sont prévues: l’opération Unicorn prévoit un rapatriement de sa dépouille, si cela est possible, par le train royal et l’opération Overstudy par avion. Le cercueil sera accueilli par le Premier ministre et les ministres. «Des proclamations seront lues dans les administrations déconcentrées. Les hommages devraient se poursuivre au Parlement», précisait «Politico».
Jour J. +3
Le roi Charles recevra «la motion de condoléances » dans la matinée à Westminster Hall, avant d’entreprendre, l’après-midi, une tournée du Royaume-Uni. Laquelle doit débuter par une visite au parlement écossais et un service à la cathédrale Saint-Gilles d’Edimbourg.
Jour J. +4
Le nouveau monarque poursuivra son déplacement en Irlande du Nord, «où il recevra une autre motion de condoléances au château de Hillsborough et assistera à un service à la cathédrale Sainte-Anne de Belfast», signalait «Politico».
Ce même jour à Londres, aura lieu une répétition de la procession du cercueil de la Reine de Buckingham Palace au Palais de Westminster.
Jour J. +5
Ce sera le Jour J. De cette procession du cercueil d’Elizabeth II, le long d’un parcours cérémoniel à travers Londres, du palais de Buckingham à celui de Westminster. Avec, à son arrivée, un service religieux.
Jour J. +6
Débutera l’opération «Feather». Durant trois jours, le cercueil de la Reine reposera sur un catafalque au milieu de Westminster Hall. Le public pourra venir lui rendre hommage dans cette chapelle ardente durant 23 heures, chacun de ces trois jours.
Ce sixième jour après son décès, se déroulera une répétition de ses funérailles nationales.
Jour J. +7
Le roi Charles sera cette fois au Pays de Galles pour une autre motion de condoléances, au parlement gallois, et un service religieux à la cathédrale de Llandaff de Cardiff.
Pendant ce temps-là, les différents ministères -notamment de l’Intérieur, des Transports et des Affaires étrangères- seront en effervescence pour organiser les funérailles, la réception des personnalités étrangères et des touristes.
Jour J. +10
Déclaré jour férié, il sera celui des funérailles d’Etat de la reine Elizabeth II à Westminster Abbey. Puis de son inhumation dans la chapelle St George du château de Windsor, dans la chapelle commémorative de son père le roi George VI, où se trouvent aussi sa mère la reine consort Elizabeth et sa sœur la princesse Margaret et où le corps de son défunt époux, le prince Philip, devrait être transféré. Deux minutes de silence seront observées à midi dans tout le pays.
Regard Sur l’Afrique Par Thomas Pierre ET Dominique Bonnet
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