Après une année 2022 marquée par des revers sur le front des combats et une volée de sanctions occidentales, Vladimir Poutine apparaît fin 2023 en meilleure posture avec l’échec de la contre-offensive entamée cet été par l’Ukraine, l’effritement du soutien européen et américain à Kiev et le redressement de l’économie nationale.
Poutine a annoncé sa candidature après avoir décerné des décorations à plusieurs militaires au Kremlin, à la veille de la Journée des héros de la patrie. La Commission électorale centrale s’est mise d’accord sur la tenue des prochaines élections présidentielles en Russie. Le scrutin se déroulera sur plusieurs jours, du 15 au 17 mars 2024.
Poutine : « Je me présenterai aux élections présidentielles de la Fédération de Russie »
«Je ne vous cache pas qu’à un certain moment j’ai eu diverses idées. Il faut prendre des décisions, je suis candidat au poste de président de la Fédération de Russie», a répondu ce 8 décembre Vladimir Poutine à Artiom Joba, président du conseil populaire de la République populaire de Donetsk, qui lui demandait d’être candidat.
Le dirigeant décernait des décorations à des militaires au Kremlin, à la veille de la Journée des héros de la patrie. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a précisé lors de sa conférence de presse quotidienne que Vladimir Poutine était «probablement de facto candidat», mais «de jure» (de droit) : «il doit s’inscrire comme candidat, remplir toutes les formalités nécessaires et après cela il sera candidat aux élections présidentielles».
L’élection prévue les 15, 16 et 17 mars 2024
Quelques heures auparavant, la présidente de la Commission électorale centrale russe, Ella Pamfilova, avait annoncé que les élections présidentielles russes s’étaleraient sur trois jours, du 15 au 17 mars. «Le projet de résolution prévoit le vote à l’élection présidentielle dans un délai de trois jours, les 15, 16 et 17 mars 2024», a-t-elle indiqué.
Le président élu sera intronisé le 7 mai. Ella Pamfilova a d’ailleurs précisé que ce scrutin étalé sur plusieurs jours était devenu traditionnel dans les élections russes et qu’il permettait de surcroît plus de sécurité pour les citoyens. «La majorité des électeurs appréciait ce format de vote», a-t-elle ajouté. Les dernières élections présidentielles en Russie en 2018 avaient vu la victoire au premier tour de Vladimir Poutine avec 76,69% des voix, devant le leader du Parti communiste Pavel Groudinine, qui avait obtenu 11,77% des votes.
Âgé de 71 ans, Vladimir Poutine a été président de la Fédération de Russie durant quatre mandats, de 2000 à 2004, de 2004 à 2008, de 2012 à 2018 et enfin de 2018 à 2024.
Le chef de l’Etat russe, qu’une révision constitutionnelle de 2020 autorise à être candidat encore en 2024 et 2030, peut théoriquement se maintenir au Kremlin jusqu’en 2036, l’année de ses 84 ans.
« A une autre époque, j’ai eu d’autres pensées concernant cette question. Mais je comprends qu’aujourd’hui il n’y a pas d’autre choix possible. Je vais donc me présenter au poste de président de la Russie », a déclaré l’intéressé, âgé de 71 ans.
M. Poutine s’exprimait au Kremlin à l’occasion d’un échange avec des combattants en uniforme, la mère d’un soldat tué en Ukraine, une médecin et un ouvrier d’une mine à qui il venait de remettre des décorations, pendant une cérémonie télévisée.
Posture favorable
Né en 1952 à Léningrad (redevenue Saint-Pétersbourg), Poutine a d’abord eu une carrière d’agent du KGB, les services secrets soviétiques, notamment en Allemagne de l’Est, avant de rentrer en Russie à la dislocation de l’URSS.
Il a commencé son parcours politique à la mairie de Saint-Pétersbourg, avant de rapidement rejoindre le Kremlin et d’y gravir les échelons en cultivant l’image d’un homme efficace, en plein tumulte des années 1990 en Russie.
Désigné Premier ministre, puis succédant à Boris Eltsine après sa démission le 31 décembre 1999, Vladimir Poutine a progressivement redressé l’économie grâce à la manne des hydrocarbures et mis au pas son pays, en prônant une politique de puissance nostalgique de l’URSS, de plus en plus conservatrice et anti-occidentale.
Il a livré ou soutenu quatre guerres depuis son arrivée au pouvoir : la seconde guerre de Tchétchénie (1999-2009), l’invasion d’une partie de la Géorgie (2008), l’intervention en Syrie (2015) et les attaques contre l’Ukraine, d’abord en 2014, puis en 2022.
Le président de la chambre basse du Parlement, Viatcheslav Volodine, a réagi sur Telegram en insistant sur les « qualités uniques » de Vladimir Poutine, tandis que pour son homologue à la chambre haute, Valentina Matvienko, le chef de l’Etat « ne fuira jamais ses responsabilités ».
La plupart des Russes interrogés par l’AFP dans les rues de Moscou à la suite de cette annonce ont refusé de donner leur avis. Les autres ont prudemment appuyé la candidature de M. Poutine.
« Ce n’est probablement pas la pire option », a commenté Zoya Fedina, une mathématicienne à la retraite de 68 ans, encore marquée par les difficultés des années 1990.
« Je veux la stabilité et la paix dans ce pays. Et je pense que ce sera le cas avec cet homme », a renchéri Nina Zintchenko, une peintre de 48 ans.
Aucun détracteur du Kremlin ne devrait être en mesure de se présenter au scrutin, les autorités écrasant depuis des années l’opposition. Cette répression s’est accélérée avec l’offensive en Ukraine.
Regard Sur l’Afrique Par Tinno BANG MBANG
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