Des membres du commando soupçonné d’avoir assassiné le président haïtien Jovenel Moïse le 7 juillet à Port-au-Prince ont affirmé aux enquêteurs qu’ils avaient pour mission de l’arrêter, pas de le tuer, rapportent dimanche une source proche de l’enquête et le Miami Herald.
Un commando de 28 tueurs, 26 Colombiens et deux Américains d’origine haïtienne, est soupçonné d’être à l’origine de l’exécution du chef de l’Etat, un crime qui a plongé dans le chaos institutionnel et sécuritaire un pays déjà fortement déstabilisé.
Au total, 19 suspects ont été interpellés par la police haïtienne. Trois ont été tués mercredi au terme d’une fusillade nourrie à Petionville, banlieue de Port-au-Prince où résidait Jovenel Moïse.
Parmi les suspects deux Américains d’origine haïtienne, James Solages, 35 ans, et Joseph Vincent, 55 ans, originaires de Floride.
Selon des sources policières et militaires colombiennes, 17 des 28 suspects étaient d’ex-militaires de l’armée colombienne, partis à la retraite entre 2018 et 2020.
Des Américains arrêtés à Haïti après l’assassinat du président Jovenel Moïse ont fait savoir que la mission ne consistait pas à le tuer, mais à l’arrêter, rapporte Le Nouvelliste.
Le juge Clément Noël participant à l’enquête sur l’assassinat du président haïtien a confié au journal régional Le Nouvelliste que pendant un interrogatoire, deux Américains arrêtés à Haïti dans le cadre de l’affaire ont révélé le vrai but de la mission des mercenaires.
« Ils ont dit qu’ils étaient des traducteurs. La mission était d’arrêter le président Jovenel Moïse dans le cadre de l’exécution d’un mandat d’un juge d’instruction, et non de le tuer », rapporte-t-il.
Les deux hommes arrêtés, James Solages et Joseph Vincent, sont américains d’origine haïtienne.
Interrogé sur le commanditaire de la mission, James Solages assure avoir « trouvé ce job sur Internet », ajoutant qu’il était à Haïti depuis un mois. Quant à Vincent Joseph, il est arrivé dans le pays il y a six mois.
« Les mercenaires étaient à Haïti depuis environ trois mois », précise James Solages, cité par Clément Noël.
Des armes à feu et un chéquier au nom du président
Le magistrat indique qu’outre des armes, des liasses de dollars et des téléphones cellulaires, il y avait parmi les objets retrouvés par la police dans un véhicule utilisé par les assaillants le serveur de la caméra de surveillance de la résidence présidentielle et un chéquier BNC au nom de Monsieur et Madame Jovenel Moïse.
Le ministre de la Défense de Colombie, Diego Molano, a déclaré de son côté qu’au moins six assaillants soupçonnés d’être impliqués dans l’assassinat seraient « d’anciens membres de l’armée » colombienne.
Taïwan a annoncé pour sa part que 11 suspects recherchés dans le cadre de l’enquête avaient été interpellés par la police haïtienne sur le territoire de son ambassade à Port-au-Prince où ils avaient pénétré par effraction.
Attaque menée par 26 Colombiens et deux Américains
Lors d’une conférence de presse tenue jeudi 8 juillet, le chef de la police Léon Charles a présenté 17 hommes aux journalistes, montrant des passeports colombiens, des fusils d’assaut, des machettes et des talkies-walkies.
« Des étrangers sont entrés dans notre pays pour tuer le président. Il s’agit de 26 Colombiens et de deux Américains d’origine haïtienne », a-t-il annoncé, ajoutant que trois des assaillants avaient été tués lors de la fusillade mercredi et que huit autres étaient encore en fuite.
Le président haïtien a été mortellement blessé lors de l’attaque de sa résidence par un commando de mercenaires dans la nuit de mardi à mercredi.
Martine Moïse dans un état stable
Contrairement à l’information sur la mort mercredi de son épouse, Martine, celle-ci est toujours en vie et son état est stable.
« La première dame est hors de danger. Elle est soignée en Floride et, selon les informations que nous avons, sa situation est stable », a confirmé à la télévision le premier ministre haïtien par intérim Claude Joseph.
Les Etats-Unis ont dépêché dimanche une équipe technique en Haïti pour déterminer les besoins des autorités locales en matière de sécurité, notamment, a déclaré à Reuters un responsable de l’administration américaine.
L’équipe informera à son retour le président Joe Biden, qui « prendra des décisions pour la suite », a-t-il dit.
Les autorités haïtiennes, qui ont demandé aux Etats-Unis et à l’Onu l’envoi de troupes pour sécuriser les infrastructures nationales, ont essuyé vendredi un refus de Washington.
Par Regard Sur l’Afrique
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