« Au Soudan, deux généraux rivaux plongent le pays dans un chaos meurtrier », constate Le Monde Afrique. « De violents combats sont en cours depuis samedi à Khartoum et dans plusieurs villes du pays entre les FAS du général Abdel Fattah Al-Bourhane, chef de la junte qui est à la tête du pays depuis 2021, et les FSR du général Mohammed Hamdan Daglo, dit ‘Hemedti’, chef d’une importante milice paramilitaire. (…) Hier, les tentatives de médiation du week-end ont échoué à ramener le moindre espoir d’un retour au calme, laissant planer un peu plus la crainte de voir s’installer une guerre civile, allumée par un combat entre deux généraux associés, jusqu’ici, à la tête de la junte au pouvoir. »
Au moins une centaine de morts…
Le correspondant sur place du Monde Afrique raconte : « Au cœur de la capitale, Khartoum, une guerre urbaine fait rage. Des petits groupes de soldats se font face. A pied, sur des pick-up ou des blindés surmontés de mitrailleuses et de canons antiaériens, les deux camps s’affrontent dans des rues désertes. Les habitants restent terrés chez eux, alors que des obus et des roquettes s’abattent sur des quartiers résidentiels. (…) Aucun camp ne semblait parvenir à prendre l’avantage de manière décisive. Une guerre de l’information se joue depuis les premiers coups de feu, rendant difficile l’obtention d’une vue d’ensemble des avancées militaires. (…) ‘Ce n’est pas notre guerre, ces deux fous doivent au moins laisser passer les ambulances’, s’indigne Safa, une chirurgienne pédiatrique en poste dans un hôpital de Bahri au nord de Khartoum. Les hôpitaux sont plongés dans le chaos, parfois privés d’électricité. Le comité central des médecins soudanais a recensé hier plus de 69 morts et au moins 600 blessés. » Le dernier bilan cette nuit s’est aggravé. On parle d’une centaine de morts, au moins.
Guerre médiatique
« Parallèlement, pointe WalfQuotidien au Sénégal, les deux camps mènent une guerre médiatique qui fait craindre un enlisement de la crise. ‘Les FSR ne s’arrêteront pas avant d’avoir pris le contrôle de l’ensemble des bases militaires’, a affirmé le général Hemedti. De son côté, la junte accuse les FSR d’être soutenues par des pays étrangers et qualifie son chef de ‘traitre’ en affirmant qu’il fait l’objet d’un ‘avis de recherche’ émis par la justice. (…) Très influents au sein de l’armée, les deux hommes se regardaient en chien de faïence depuis plusieurs semaines, relève encore le quotidien dakarois. Parmi leurs nombreux désaccords figurent les modalités d’intégration des FSR au sein de l’armée nationale. Le général Hemedti ne cesse de réclamer le départ d’Al-Bourhane qu’il qualifie de ‘criminel’. »
#Soudan : les troupes du numéro 1 (armée régulière) Abdel Fattah Al-Burhan et du numéro 2 (milice paramilitaire FSR) Mohamed Hamdan Dagalo dit ”Hemeti” du gouvernement de transition se livrent de violents combats aériens et terrestres . pic.twitter.com/JzdFb5Z3Uq
— Regard Sur l'Afrique (@RGDSURLAFRIQUE) April 18, 2023
Quelle issue ?
En fait, précise Le Pays au Burkina Faso, « en toile de fond, il y a la question de la remise du pouvoir aux civils, comme les militaires s’y étaient engagés, et dont le président actuel semble ne plus vouloir entendre parler. Et c’est d’ailleurs sur cette vague de trahison de la parole donnée que son rival Hemedti surfe pour s’attirer la sympathie des civils et de la communauté internationale, dans ce mano a mano avec son frère d’armes, dont personne ne peut, à l’heure actuelle, prédire l’issue. »
En attendant, soupire le quotidien ouagalais, « le pauvre peuple soudanais est resté coi comme une carpe fraîchement sortie des eaux du Nil, étant pris entre deux feux ardents allumés par des officiers avides de pouvoir, pour ne pas encore faire les frais d’une sanglante répression comme celle dont il a été victime dans les rues de Khartoum lorsqu’il réclamait le transfert du pouvoir à un gouvernement civil en 2021. »
Affrontements au Soudan : 97 morts, selon un nouveau bilan
« Les généraux Al-Bourhane et Hemedti ont transformé le Soudan en une vaste arène, constate enfin Aujourd’hui à Ouaga, où la curée qu’ils ont instaurée se terminera par la défaite d’un des deux. Dans ce Game of Thrones qui saigne les Soudanais claquemurés chez eux, la peur au ventre, il y a désormais un général de trop. C’est une lutte à mort. Qui sera vainqueur ? À quel prix et dans combien de temps ? »
RSA et RFI Par :Frédéric Couteau
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