Figure panafricaniste reconnue, Nathalie Yamb est connue pour son engagement contre les ingérences étrangères et en faveur des libertés individuelles. À l’occasion de son séjour au Burkina Faso, en période d’inauguration du mausolée du président Thomas Sankara, la militante panafricaniste helvético-camerounaise a été reçue à la télévision nationale et décorée par les autorités.
Chantre de l’« indépendance réelle » et de la renaissance africaine, dénonciatrice inlassable de la monnaie coloniale, le franc CFA et des relents présumés de la Françafrique, Nathalie Yamb a eu droit à quelques honneurs burkinabè, à commencer, par deux fois, par ceux des antennes de la télévision nationale.
Invitée d’une édition du journal télévisé et de l’émission « Sur la brèche » de la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB), pendant près d’une heure, et présentée comme la « bête noire de plusieurs puissances mondiales », la militante panafricaniste Nathalie Yamb a pu dérouler son argumentaire habituel.
Meilleur ennemi récent du régime burkinabè néosouverainiste, le général américain Michael Langley avait-il prévu, en évoquant la gestion de l’or du Burkina Faso, qu’il serait à l’origine d’une nouvelle vague d’héroïsation d’Ibrahim Traoré ? Son intervention d’avril, devant le Sénat américain, sera, comme le démontrent les statistiques de mentions du capitaine burkinabè sur le réseau X, le ferment d’une « viralisation » inédite du culte d’« IB », dans les jours qui ont précédé et suivi la mobilisation anti-Langley. Qui dit vague sur les réseaux sociaux dit apparition des plus fameux représentants de la catégorie des activistes-influenceurs.
L’amazone helvético-camerounaise du militantisme panafricaniste ne pouvait manquer à cet appel. Alors que le Faso inaugurait officiellement, ce 17 mai, le mausolée du président Thomas Sankara et de ses douze compagnons d’infortune du 15 octobre 1987, Nathalie Yamb était à Ouagadougou, de même que les Premiers ministres d’un Sénégal « de rupture », Ousmane Sonko, et d’un Tchad que l’on devine AES-compatible, Allah-Maye Halina. Ne manquait que la proche famille de « Thom’ Sank’ » à qui l’on a dénié le droit de choisir le lieu de sépulture du héros national.
Nathalie Yamb pouvait espérer reconnaissance plus politique, tant ses positions habituelles sont compatibles avec le régime burkinabè actuel, notamment sur la dédiabolisation de la politique de Vladimir Poutine, sur l’acceptable enrôlement forcé de journalistes sur le front anti-jihadiste ou sur la criminalisation des pratiques homosexuelles. L’Agence d’information du Burkina (AIB) a donc annoncé que celle dont le site internet ne dédaigne pas le surnom de « Dame de Sotchi » a été élevée au rang de Chevalier de l’ordre de l’Étalon.
La Dame de Sochi. La Chevalière de Niamey. Et depuis hier, la Yennenga de Ouaga.
— Nathalie Yamb (@Nath_Yamb) May 18, 2025
Je remercie infiniment le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, qui m’a fait l’honneur de m’élever au grade de Chevalier de l’ordre de l’Etalon. 🙏🏽
J’en profite aussi pour m’adresser aux… pic.twitter.com/V5zf1cP42b
Pour rappel, connue comme la « Dame de Sochi » depuis son discours percutant au sommet Russie-Afrique de 2019
Déjà décorée, au Niger, de l’ordre des Palmes académiques, Nathalie Yamb doit désormais scruter du côté du troisième pays de l’Alliance des États du Sahel, le Mali, selon le principe du « jamais deux, sans trois ».
La décoration burkinabè a même conduit certains internautes – dont il est difficile de déterminer s’ils sont bienveillants ou malveillants – à extrapoler les honneurs de ce week-end, en laissant courir la rumeur que la Camerouno-Suisse aurait été nommée conseillère spéciale de la présidence du Faso.
Si elle est réputée avoir assumé des fonctions auprès d’hommes politiques comme le Ghanéen John Jerry Rawlings ou l’Ivoirien Mamadou Koulibaly, toute embauche par le régime Traoré a été démentie.
Nathalie Yamb s’est imposée comme une figure influente du panafricanisme. Journaliste de formation, experte en communication, conférencière et ancienne DRH, elle est l’une des figures panafricanistes du continent. Née le 22 juillet en 1969 en Suisse, Nathalie Yamb a donné plusieurs interviews et a écrit des articles sur l’indépendance et la renaissance africaines, plaidant pour un secteur privé dynamique, un régime parlementaire, la fin du franc CFA et de la Françafrique, et la remise des droits de propriété foncière aux populations pour un meilleur développement des pays africains francophones.
Par Regard Sur l’Afrique avec Africa24Monde
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