La garde à vue du patron de Telegram, Pavel Durov, a été prolongée ce dimanche 25 août dans la soirée, au lendemain de son interpellation dans un aéroport parisien, un mandat de recherche ayant été émis contre lui par des enquêteurs français visant diverses infractions de sa messagerie cryptée.
Accompagné de son garde du corps et de son assistante qui le suivent en permanence, le milliardaire franco-russe de 39 ans a été interpellé samedi soir dans l’aérogare du Bourget, au nord de Paris, a déclaré une source proche du dossier à l’AFP. Le fondateur de Telegram arrivait de Bakou et devait passer au moins la soirée à Paris où il avait prévu de dîner, a ajouté une source proche de l’enquête.
Selon une autre source proche du dossier, le juge d’instruction parisien chargé de cette information judiciaire, qui vise notamment des faits commis en bande organisée, a prolongé sa garde à vue dimanche soir. Elle pourrait durer 96 heures maximum. A l’issue de celle-ci, Pavel Durov pourrait être remis en liberté ou présenté à ce magistrat en vue d’une éventuelle mise en examen ou inculpation.
Ce que l’on sait de l’arrestation
- L’entrepreneur franco-russe a été arrêté samedi soir, le 24 août, alors qu’il descendait d’un avion privé à l’aéroport parisien Le Bourget, arrivé d’Azerbaïdjan. Par la suite, il été placé en garde à vue.
- Selon la presse locale, M.Dourov figurait sur la liste des personnes recherchées dans le pays.
- La justice française estime qu’un certain nombre de raisons, notamment le refus de Telegram de coopérer avec les autorités du pays, font de lui un complice d’un certains nombre de crimes. Les médias affirment que l’homme d’affaires pourrait être accusé de terrorisme, de trafic de drogue, de fraude et de blanchiment d’argent.
- Il risque jusqu’à 20 ans de prison dans ce pays, écrit le journaliste français Cyrille Amoursky. Selon lui, le fondateur de Telegram comparaîtra devant le tribunal dimanche soir. « Seule la France avait émis un avis de recherche à son encontre », a-t-il écrit sur X.
- Le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué que l’ambassade de Russie en France avait pris les mesures nécessaires pour clarifier la situation.
Le patron de Telegram savait qu’il était recherché en France
L’office chargé de la lutte contre les violences faites aux mineurs (Ofmin) avait émis un mandat de recherche contre Pavel Durov pour des infractions allant de l’escroquerie au trafic de stupéfiants, au cyberharcèlement, à la criminalité organisée en passant par l’apologie du terrorisme et la fraude, a expliqué une des sources proches du dossier.
Depuis, à une date qui n’a pas été précisée, une information judiciaire a été ouverte par le pôle cyber (J3) de la Junalco (juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée), selon une autre source proche du dossier. Les investigations ont été confiées à l’Unité nationale cyber (UNC) de la gendarmerie nationale et à l’office national antifraude (l’Onaf) dépendant des douanes, où se déroule la garde à vue, selon deux sources proches du dossier.
La justice reproche à Pavel Durov de ne pas agir contre les utilisations délictuelles de sa messagerie par ses abonnés, notamment par une absence de modération et de collaboration avec les enquêteurs. « Ça suffit l’impunité de Telegram », s’est félicité un des enquêteurs, étonné que le milliardaire, sachant qu’il était recherché en France, ait décidé quand même de venir à Paris. « Peut-être par sentiment d’impunité », a évoqué une des sources proches du dossier.
En Russie, où Telegram est un des réseaux sociaux les plus utilisés avec des chaînes pouvant avoir plusieurs centaines de milliers d’abonnés, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova a affirmé que « l’ambassade de Russie à Paris s’est immédiatement mise au travail, comme il est d’usage » en cas de détention de citoyens russes à l’étranger.
Pavel Durov a raconté en avril, dans un rare entretien vidéo au journaliste américain Tucker Carlson, avoir eu l’idée de lancer une messagerie cryptée après avoir subi des pressions des autorités russes à l’époque de VK, un réseau social qu’il a créé dans son pays d’origine avant de le vendre et quitter la Russie en 2014.
Il a dit avoir ensuite essayé de s’installer à Berlin, Londres, Singapour et San Francisco avant d’opter pour Dubaï, dont il a loué l’environnement des affaires et la « neutralité ». « Je pense que nous faisons du bon travail avec Telegram, avec 900 millions d’utilisateurs qui dépasseront probablement le milliard d’utilisateurs mensuels actifs d’ici un an », a-t-il affirmé.
Regard Sur l’Afrique Par Tinno BANG MBANG, Correspondant à Barcelone
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