Depuis le début de l’année, l’insécurité dans les pays voisins, les aléas climatiques et l’urgence sanitaire du COVID-19 ont poussé des dizaines de milliers de personnes dans une situation critique au Tchad. Le PAM des Nations-Unies et les États-Unis se sont accordés pour mettre en place un stock de contingence de 50 tonnes de biscuits à haute valeur énergétique.
Une première cargaison de cinq tonnes de biscuits à haute valeur énergétique, provenant de l’entrepôt de fournitures humanitaires des Nations Unies à Dubaï, a été réceptionné vendredi au magasin du Programme alimentaire mondial (PAM) à Chagoua. La cargaison est arrivée à l’aéroport de N’Djaména le 12 juillet dernier.
Selon le PAM, « le Gouvernement tchadien a considérablement facilité cette connexion aérienne. »
Avec une recrudescence de la violence dans la région et dans un contexte toujours marqué par la pandémie globale, ce stock permettra de répondre plus rapidement aux crises soudaines.
Les biscuits à haute valeur énergétique sont fortifiés en micronutriments et contribuent notamment à préserver l’état nutritionnel dans les premiers jours d’une urgence, avant qu’un panier alimentaire complet puisse être fourni. Les 50 tonnes couvriront les besoins de 170 000 personnes.
En vue de soutenir le développement du pays et d’optimiser l’utilisation des ressources disponibles, le PAM et le Gouvernement américain cherchent aussi à privilégier les investissements locaux : d’où l’achat de 20 800 tonnes de sorgho auprès des commerçants et petits producteurs tchadiens, pour un montant de près de 10,2 milliards de Francs CFA (20 millions de dollars) dans le premier trimestre de 2020. Cet aliment sera distribué pendant la saison de soudure aux Tchadiens les plus démunis et pour répondre aux urgences humanitaires dans le pays.
« Le PAM s’est engagé à acheminer des vivres et du matériel humanitaire en première ligne, même dans le temps du COVID-19 », a déclaré Sally Haydock, Représentante du PAM au Tchad.
« L’appui des États-Unis est décisif pour subvenir aux besoins de centaines de milliers de personnes affectées par des crises multiples au Tchad », a-t-elle ajouté.
“Les États-Unis sont un partenaire du PAM en appui au peuple du Tchad. Le COVID-19 transcende les frontières et a eu un impact sur l’ensemble de la communauté globale. Ensemble, nous devons protéger les plus vulnérables. Ensemble, nous pouvons lutter contre ce virus, a exprimé Jessica Davis Ba, Chargée d’affaires de l’Ambassade des États-Unis au Tchad.
Le chef de file de l’opposition tchadienne M. Saleh Kebzabo parle de déception
La réception de la cargaison suscite des réactions, notamment de Saleh Kebzabo, le leader du parti UNDR. « Les Etats-Unis offrent une cargaison de biscuits pour nourrir les Tchadiens. Quelle triste image qui traduit le comble de la pauvreté et de la misère du peuple tchadien! Pire, bientôt on retrouvera ces produits au marché au lieu d’être distribués aux nécessiteux », a réagi vendredi le député.
Les Etats-Unis offrent une cargaison de biscuits pour nourrir les Tchadiens. Une image qui traduit le comble de la pauvreté. Un pays de 38 millions d’hectares de terres arables, des millions de bras valides et une pluviométrie abondante, mais réduit à la mendicité internationale. pic.twitter.com/mK45nqOJ3R
— Saleh Kebzabo (@saleh_kebzabo) July 24, 2020
« Un pays de 38 millions d’hectares de terres arables, des millions de bras valides et une pluviométrie abondante, mais dont les habitants sont réduits à la mendicité internationale pour survivre », a-t-il dénoncé.
« Voilà les conséquences quand les tracteurs destinés aux paysans sont revendus par les commerçants au Soudan, quand les financements publics sont détournés et les agriculteurs traités comme des citoyens de seconde classe », a ajouté le député.
« Non, nous ne sommes pas pauvres pour attendre la charité internationale. C’est ce gouvernement qui nous appauvrit et nous humilie aux yeux des gouvernements du monde », a conclu Saleh Kebzabo.
Une incapacité à assurer l’autosuffisance alimentaire
Pour sa part, le président du parti Union Sacrée pour la République, François Djékombé, s’est interrogé sur l’incapacité du gouvernement à assurer l’autosuffisance alimentaire : « Faut-il reprocher quelque chose aux Américains ou railler leurs biscuits ou bien faut-il s’en prendre à notre propre gouvernement qui, en 60 ans d’indépendance dont la moitié assurée par le pouvoir actuel, n’arrive pas à nous assurer une autosuffisance alimentaire ? »
Il a ajouté que « tous les grands projets, PNSA avec des fermes inaugurées à gauche et droite sont tombés à l’eau. Si on doit exiger que les partenaires ne nous donnent pas de vivres, mais investissent chez nous pour que nous produisions nous-mêmes, ces corrompus vont encore détourner toute l’aide matérielle ou financière. Alors, c’est quoi la solution, me diriez-vous ? La réponse, balayer ce régime corrompu. »
RSA
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