Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) du Président Paul Biya, qui règne sans partage sur le Cameroun depuis plus de 40 ans, devrait remporter largement des élections sénatoriales qui ont eu lieu dimanche 12 mars au suffrage indirect.
Dans les dix régions administratives de ce pays d’Afrique centrale peuplé de quelque 28 millions d’habitants, 10 partis présentent des candidats à 11.134 grands électeurs: conseillers régionaux, conseillers municipaux et chefs traditionnels.
Mais le RDPC est le seul à avoir présenté des listes dans la totalité des dix régions et il contrôle 316 communes sur les 360 que compte le Cameroun.
La chambre haute du Parlement est depuis toujours archi-dominée par le pouvoir. 70 sénateurs sont élus tous les cinq ans et 30 désignés par le président de la République. Dans le Sénat sortant, le RDPC et ses petits alliés occupent 93 sièges sur 100, les sept restant revenant au Social Democratic Front (SDF), l’un des deux principaux partis d’opposition.
A l’Assemblée nationale, le parti de M. Biya et ses alliés disposent aussi d’une écrasante majorité de 164 députés sur 180, élus directement en février 2020.
« Le RDPC part largement favori dimanche, car ses membres sont les plus nombreux dans le collège électoral », assure à l’AFP Louison Essomba, professeur de sciences politiques à l’université de Douala, qui lui prédit une « majorité obèse ».
La « succession » de Paul Biya, 90 ans, est sur toutes les lèvres.
Biya dirige le Cameroun depuis 1982, et en cas de décès ou d’incapacité du président, le RDPC devra désigner un dauphin qui aura toutes les chances de remporter la présidentielle, mais personne, même parmi les plus proches de M. Biya, n’ose s’avancer publiquement. Le président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, 88 ans. Deuxième personnage de l’Etat officiellement, assure constitutionnellement l’intérim en cas de vacances à la tête de l’Etat, mais pour organiser une élection dans un délai de 120 jours à laquelle il ne peut se présenter.
En 2013 puis 2018, Marcel Niat Njifenji n’avait pas été candidat, mais nommé par le président Paul Biya, dont il doit, selon l’article 6 de la Constitution du Cameroun, assurer l’intérim « en cas de décès, de démission ou d’empêchement définitif ».
De ce renouvellement intégral du Sénat en deux temps
Le vote de ce jour, puis les nominations par le chef de l’État attendues dans le mois qui vient – découlera la désignation du président de l’institution. Depuis la création du Sénat, il y a dix ans, il s’agit de Marcel Niat Njifenji, 88 ans, originaire de l’Ouest.
Du côté de l’opposition, seul le Social Democratic Front (SDF) a des sénateurs. Ils sont au nombre de 7. Le SDF de Ni John Fru Ndi ne présente des candidats que dans la région à majorité anglophone du Nord-Ouest, endeuillée par un conflit depuis 2017.
Le Parti pour la réconciliation nationale du Cameroun (PCRN) de Cabral Libii (proclamé troisième à la présidentielle de 2018) espère faire son entrée au Sénat en présentant des candidats dans la région du Littoral. Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto (proclamé deuxième à la présidentielle de 2018) est hors-jeu, n’ayant aucun élu, après avoir boycotté les élections municipales et législatives de 2020.
Selon le code électoral, le Conseil constitutionnel doit intervenir en proclamant les résultats au plus tard, en ce qui concerne les sénatoriales, 15 jours après la date de clôture du scrutin, autrement dit pour la présente consultation, le conseil constitutionnel doit proclamer les résultats le lundi 27 mars 2023 au plus tard.
Cependant, avant proclamation, la même instance doit connaître du contentieux électoral.
Regard Sur l’Afrique
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