La Fécafoot a décidé de résilier son contrat à la Marque « Le coq sportif ». Ainsi au terme de la CAN féminine de football qui se tient activement au Maroc, cet équipementier ne devrait plus être le partenaire du football camerounais. Une telle situation, au-delà du contentieux qu’elle peut engendrer, en cas de rupture abusive de contrat, ouvre des perspectives pour les hommes d’affaires camerounais.
1- l’annonce de cette rupture de contrat permet depuis quelques jours de voir sur les réseaux sociaux des propositions de maillots et équipements pour habiller des sportifs. L’imagination des camerounais s’avère débordante dans les tenues proposées pour nos équipes nationales. Une seule remarque s’impose en réalité, il s’agit de dessins proposés par des personnes qui savent tenir le crayon. Dans le monde industriel, on les appelle des designers (dessinateurs). Il s’agit d’un travail qui allie imagination, stylisme et subtilité dans la maîtrise des couleurs et des motifs.
Le travail d’un désigner va plus loin dans la capacité à saisir les matériaux. En effet, tous les motifs ne sont pas facilement reproductibles avec tous les tissus (industrie de l’habillement) ou les voitures (industrie automobile). Le désigner est donc un concepteur en amont.
2- Dans le cas de la Fecafoot, il s’agit de trouver un équipementier c’est-à-dire un industriel des équipements sportifs capables de fournir en tout temps et en tout lieu des maillots, des shirts, des bas, des socks, des ballons, des sandales, des survêtements, des sous-vêtements, des tenues pour supporters et peut-être des godasses, s’il y a lieu. En effet, certains joueurs disposent souvent de contrats particuliers pour les chaussures de sport quel que soit le match qu’ils disputent et par conséquent ne peuvent chausser celles de l’équipementier officiel.
3- le sport étant devenu une véritable industrie, l’on comprend les batailles qui se jouent autour des équipements sportifs. Auparavant, les équipementiers proposaient comme toute entreprise leurs produits et avec le temps, ils ont compris qu’il fallait avoir de véritables contrats marketing. En effet, des dirigeants sportifs se rendaient généralement en boutique et choisissaient un équipement en fonction de leurs desiderata. Et encore que pour certaines équipes (nationales ou simples clubs), cela n’a pas véritablement changé.
Le marché des équipements sportifs se chiffrait à 388 milliards de dollars en 2015. En 2021, comme activité productrice, le sport crée des marchés dont la taille avoisine 1 % du P.I.B. Dans tous les pays développés. Le marché des articles de sport est fortement internationalisé et l’industrie est très hétérogène ; on y trouve aussi bien des PME que des firmes multinationales comme Nike, Reebok, Adidas Puma ou Mikasa. Le Canon Sportif de Yaoundé au Cameroun vient de signer un contrat avec l’équipement italien Macron.
Il s’agit d’un marché en progression d’au moins 5% par an. Il existe des équipementiers sportifs connus et qui ont pignon sur rue et, d’autres le sont moins et n’existent que dans certains pays ou régions. En Amérique latine ou en Espagne par exemple, ce phénomène est constant. Aux États-Unis, alors que Nike domine le marché, c’est l’équipementier allemand Adidas qui a le contrat avec la MLS (Major League Soccer).
4- la recherche du nouvel équipementier de la Fecafoot peut donc être une opportunité pour nos hommes d’affaires qui aiment à s’appeler capitaines d’industries. En effet, les motifs proposés sur les réseaux sociaux depuis quelques jours démontrent que les designers sont déjà là. Le football camerounais s’est déjà imposé sur tous les stades du monde depuis Samuel Mbappè Leppé dans les années 1960 jusqu’à Njout Njoya Ajara en 2022. Et les équipements sportifs vont au-delà du football et des sportifs de haut niveau.
Le Cameroun, l’Afrique Centrale et tout proche de nous, le Nigeria représentent déjà un marché pour un équipementier.
Dans la perspective de la coupe du monde de football Qatar 2022 qui aura lieu en novembre prochain, dans l’engouement que suscite l’image de Samuel Eto’o Fils à la tête de la Fécafoot avec un championnat qui se professionnalise peu à peu, les hommes d’affaires/industriels camerounais doivent saisir cette opportunité pour faire partie intégrante de l’industrie du sport.
Les infrastructures sportives ne font plus défaut, le talent des camerounais qui va d’ailleurs au-delà du football n’est plus à démontrer ou à questionner.
Le développement d’une activité est un tout, il appartient aux hommes d’affaires de prendre le risque-management qui s’impose pour créer une marque camerounaise en matière d’équipement sportif.
Regard Sur l’Afrique Par Alphonse Bernard Amougou Mbarga
Discussion à propos du post