Mahamat Idriss Deby a fait le ménage à la tête des corps de Défense et de Sécurité. Mercredi soir 16 octobre, le pouvoir tchadien a remanié de fond en comble le haut commandement de l’armée, de la police, de la gendarmerie sans aucune explication. Des changements d’une ampleur inégalée jusqu’ici à la tête de ces corps, de l’avis de plusieurs chercheurs, alors que le pays est traversé par des tensions politiques et sécuritaires de plusieurs sortes.
La décision a surpris par son ampleur. Tous les plus hauts responsables de l’armée, de la police, de la gendarmerie nationale et de la garde nomade, à quelques exceptions près, ont été limogés en même temps jeudi par le président Mahamat Idriss Déby, à son retour d’une mission aux Émirats arabes unis.
Le n° 2 de l’état-major général des armées du Tchad, celui de l’armée de terre et ses deux adjoints, le directeur général de la police lui aussi avec ses deux adjoints, celui de la gendarmerie, ou encore les numéros 2 et 3 de la Garde nationale.
Une vingtaine de généraux à la tête des corps de Défense et de Sécurité ont été pour certains limogés et d’autres simplement remplacés par le président Idriss Déby Itno, quelques heures à peine après son retour des Émirats arabes unis.
Comme d’habitude, aucune justification officielle sur un sujet qui a toujours été considéré comme « tabou » au Tchad, mais un politologue tchadien estime qu’il s’agit du « plus grand chamboulement à la tête de ces corps depuis l’arrivée de Mahamat Idriss Déby, il y a un peu plus de trois ans ». L’opposant Max Kemkoye s’est dit « surpris et préoccupé » par l’ampleur de ces changements, qui tombent au moment où le Tchad fait face à une situation sécuritaire qui se détériore. Un sentiment partagé par de nombreux Tchadiens, notent des spécialistes du pays.
« C’est la première fois qu’autant de hauts responsables sont limogés en même temps », insiste-t-il, en parlant d’une volonté du président tchadien de reprendre en main ce secteur, alors que le climat politique et sécuritaire ne cesse de se détériorer, dit-il.
Le politologue pointe notamment l’assassinat d’un général et de son fils à Ndjamena, il y a quelques jours, suivi par des mesures renforcées de sécurité et des « fouilles systématiques » pour retrouver des armes, puis par le limogeage du ministre de la Sécurité publique samedi dernier alors que des tensions persistent sur la question soudanaise.
« De simples spéculations » a réagi un ministre tchadien, qui assure que « pour le moment, personne ne peut dire avec exactitude les raisons de ce grand chambardement. À ce stade, « seuls deux corps échappent au grand ménage », souligne l’un de ces spécialistes du Tchad, en parlant de la direction générale des Services de sécurité des institutions de l’État (DGSSIE), et la nouvelle Force d’intervention rapide (FIR) Des corps d’élite dédiés à la protection du chef de l’État et qui sont placés sous ses ordres directs.
RSA avec RFI
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