Le premier ministre civil du Mali, Choguel Kokalla Maiga, a appelé samedi les chefs militaires du pays à discuter de la fin de la période dite de «transition», dans une rare critique de la junte au pouvoir. Le pays est dirigé par les militaires depuis les coups d’État successifs de 2020 et 2021.
En juin 2022, la junte s’est engagée à organiser des élections puis à remettre le pouvoir aux civils avant la fin de mars 2024, mais elle a ensuite reporté la tenue du scrutin pour une durée indéterminée.
«La Transition était censée prendre fin le 26 mars 2024. Mais elle a été reportée sine die, unilatéralement, sans débat au sein du gouvernement», a déclaré Choguel Kokalla Maiga aux partisans de son mouvement M5-RFP, dans un discours publié sur Facebook par les médias locaux.
Selon le Collectif pour la défense des militaires, le Premier ministre Choguel Maïga s’est rendu coupable de « trahison » et de « délation » en critiquant les généraux au pouvoir.
Le Collectif pour la défense des militaires (CDM), fervent soutien de la junte d’Assimi Goïta, réclame la démission sous soixante-douze (72) heures du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga après les critiques de celui-ci contre les généraux au pouvoir, selon Jeune Afrique. « Le CDM condamne avec la dernière rigueur les propos du Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga et exige sa démission pour haute trahison », explique le communiqué de cette organisation dont les exigences ont souvent été satisfaites par le passé.
« Mettre fin à cette cabale »
« Le Dr Choguel Kokalla Maïga a trahi sa mission et s’inscrit désormais dans une logique de délation des autorités de la transition », dit le collectif. Fait rare, la télévision d’État – qui est sous le strict contrôle de la junte – a fait état de communiqués de plusieurs organisations condamnant les propos du Premier ministre et demandant aux autorités de « prendre toutes les mesures idoines pour mettre fin à cette cabale ».
Maïga critique ouvertement la transition
Choguel Maïga a critiqué sa mise à l’écart dans la prise de certaines décisions par les militaires, qu’il accuse de ne pas vouloir rendre le pouvoir aux civils.
Cette déclaration est inattendue de la part d’un homme qui soutient les tenants du pouvoir au Mali à la faveur d’un coup d’Etat depuis plus de trois ans.
“La transition était censée prendre fin le 26 mars 2024, mais elle a été reportée sine die, unilatéralement, sans débat au sein du gouvernement” , s’est plaint Choguel Kokalla Maïga, devant ses partisans et sympathisants du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), à l’origine de la contestation contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta qui a conduit, en août 2020, à la prise de pouvoir par les militaires.
Mis à l’écart d’importantes décisions
Le Premier ministre de transition, en poste depuis le 7 juin 2021, a dénoncé aussi le fait d’être réduit, selon lui, à se contenter des rumeurs de la presse ou à une interprétation hasardeuse des faits et gestes du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga.
Fodie Tandjigora, maître de conférences et chef du département sociologie-anthropologie à l’université de Bamako, explique que ce discours dévoile le malaise qui existe entre le Premier ministre et les militaires au pouvoir à Bamako.
Par Regard Sur l’Afrique
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