Les Ivoiriens connaissent désormais le visage de leur nouvelle Assemblée nationale, issue des législatives du samedi 6 mars auxquelles la quasi-totalité des forces politiques avaient participé dans le calme.
Après deux jours à égrener les résultats, cette fois, le pays est fixé
Le parti au pouvoir en Côte d’Ivoire a obtenu la majorité absolue aux législatives du 6 mars avec 137 sièges sur 254 à l’Assemblée nationale, contre 91 aux partis d’opposition, selon les résultats publiés mardi par la Commission électorale indépendante (CEI).
Le RHDP, le parti au pouvoir, l’emporte donc, fort de ses bastions du nord et en résistant à ses adversaires dans le reste du pays. Les soutiens d’Alassane Ouattara conservent la majorité absolue. Mais le parti ne fait pas aussi bien que ce qu’espéraient ses dirigeants. Le RHDP plafonne à 137 élus, soit 54% des sièges.
Le parti au pouvoir avait mobilisé ses barons et ministres. Une trentaine dont 25 membres du gouvernement sont élus : Patrick Achi, Hamed Bakayoko, Adama Bictogo, Ally Coulibaly notamment. 7 ont été battus comme Raymonde Goudou Koffi, ou Siandou Fofana. Le RHDP garde Bouaké, et l’emporte dans 7 des 13 communes d’Abidjan. Mais perd de justesse la plus symbolique de ce scrutin, Yopougon, au profit de la liste PDCI-EDS, qui envoie notamment Georges-Armand Ouegnin, Michel Gbagbo et Dia Houphouët à l’Assemblée.
Ces élections, qui se sont déroulées sans violence contrairement à de récents scrutins, dont la présidentielle d’octobre 2020 – 87 morts et 500 blessés – réunissaient pour la première fois depuis dix ans l’ensemble des principaux acteurs politiques.
Il a marqué le retour du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, pièce maîtresse de la coalition Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) qui avait fait alliance avec le PDCI dans une majorité des 204 circonscriptions.
L’opposition l’emporte à Yopougon
L’oppostion, elle, garde Cocody et l’emporte au total dans 5 communes d’Abidjan, dont les trois communes les plus disputées : Yopougon, Port-Bouët et Marcory pour lesquelles les tractations ont duré toute la nuit. La première, la plus emblématique peut-être, est une reconquête pour les opposants EDS et PDCI, mais pas un triomphe : 450 voix d’avance et seulement 18% de participants. C’est un peu plus large dans les deux autres où le PDCI conserve ses fiefs.
En revanche, le PDCI perd la circonscription de Yamoussoukro commune, l’un de ses bastions historiques, au profit du RHDP. Mais il garde les deux autres circonscriptions du district de Yamoussoukro.
Au total, l’alliance des deux familles politiques pro-Bédié et pro-Gbagbo compte 81 députés, 32% du total. Sont élus Maurice Kakou Guikahue, Jean Louis Billon ou Jacques Ehouo pour le PDCI… Parmi les pro-Gbagbo de retour après 10 ans d’absence, sont élus Georges Armand Ouegnin, Michel Gbagbo ou Hubert Oulaye.
L’UDPCI, le FPI légal et leurs alliés totalisent 10 élus, soit 4% des sièges. Sont réélus chez eux Pascal Affi N’Guessan dans l’est et Albert Toikeusse Mabri dans l’ouest. Les indépendants quant à eux se partagent les 26 autres sièges. Et parmi tous ces députés, le nombre de femmes à l’Assemblée nationale reste faible : 32, soit 12,6%.
La représentativité des femmes à l’Assemblée
Sur 254 députés élus en Côté d’Ivoire, 32 sont des femmes. Au sein de l’hémicycle, elles représenteront 12,5% du total des élus. Bien loin des chiffres espérés après l’adoption en 2019, d’une loi ordonnant aux partis politiques de présenter au moins 30% de candidates pour les assemblées élues. La faible représentation des femmes au sein de l’Assemblée n’est pas une surprise : aucun des partis politiques n’a respecté la loi sur le quota.
Trente-deux femmes. 222 hommes. La législature 2021-2026 sera de nouveau marquée par un ratio hommes-femmes très déséquilibré. Certes, les femmes seront plus nombreuses qu’en 2016, mais l’avancée est minime : elles gagnent deux sièges seulement.
En 2019, une loi votée par l’Assemblée promettait de favoriser la représentativité politique des femmes, en instaurant un quota de 30 % de candidates pour les assemblées élues. Problème : le code électoral n’a pas pris en compte cette nouvelle loi, elle n’a donc pas été respecté par les partis politiques. Ils ont aligné, en moyenne, 14% de femmes candidates.
Parmi elles, des figures de la chambre basse : Yasmina Ouégnin à Cocody est élue pour la 3e fois, de retour sous les couleurs du PDCI, 2e réélection aussi pour Kandia Camara à Abobo, qui pourrait toutefois être représentée par son suppléant à l’assemblée si elle conserve son poste de ministre de l’Education.
Des nouvelles venues aussi, Marie-Noëlle Dogui est élue députée RHDP de la circonscription de Gueyo dans la Nawa, à tout juste 49 ans. Première mandature également pour Eulalie Zahia et Chantal Yameogo, qui font partie de la liste EDS/PDCI de Yopougon sur laquelle 3 femmes étaient titulaires pour 6 sièges.
Par Regard Sur l’Afrique
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