Alors que les tensions géopolitiques atteignent de nouveaux sommets et que certains gouvernements dépensent des milliards en armes nucléaires dans une fausse tentative de paix et de sécurité, les pays doivent respecter la norme de près de 80 ans contre leur utilisation, a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, lundi 1 août à New York.
La 10e Conférence d’examen des parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), initialement prévue en janvier dernier mais reportée en raison de la pandémie de Covid-19, a débuté lundi 1 août pour prendre fin le vendredi 26, au siège des Nations unies à New York.
Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est au cœur des efforts mondiaux visant à prévenir la prolifération des armes nucléaires, à promouvoir la coopération aux fins de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, à faire progresser l’objectif du désarmement nucléaire et du désarmement général et complet.
- Antonio Guterres alarmiste à la 10e conférence d’examen du TNP à New York
- Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déclaré à l’ouverture que le monde se trouve à un moment charnière pour la paix et la sécurité. Il a évoqué la gravité de la situation, et a rappelé que l’humanité est en train d’oublier les leçons tirées de la destruction de Hiroshima et Nagasaki. Le chef de l’ONU a appelé tous les pays à faire des concessions afin d’arriver à un accord qui aille dans le sens du désarmement nucléaire.
Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, autre traité onusien qui interdit le développement et la possession d’armes nucléaires, est entré en vigueur l’année dernière. Initiative des pays qui ne disposent pas du nucléaire, il n’a été signé ni par les puissances nucléaires ni par les pays qui bénéficient du parapluie nucléaire américain, comme le Japon.
L’AIEA et le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires
Le NPT a été ouvert à la signature en 1968 et est entré en vigueur le 5 mars 1970. Le 11 mai 1995, le Traité a été prorogé indéfiniment. C’est le traité qui compte le plus d’États parties – 191 – dans les domaines de la non-prolifération nucléaire, des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire et du désarmement nucléaire.
Chaque fois, les participants s’efforcent de se mettre d’accord sur une déclaration finale relative à l’état de l’application des dispositions du Traité, qui contient aussi des recommandations sur les mesures à prendre pour le consolider. Les parties sont parvenues à un consensus sur une déclaration finale aux conférences d’examen de 1975, 1985, 2000 et 2010, mais n’ont pu s’entendre en 1980, 1990, 1995, 2005 et 2015.
Les divergences portaient notamment sur la question de savoir si les Etats dotés d’armes nucléaires avaient correctement satisfait aux engagements énoncés à l’article VI (désarmement nucléaire) et à ceux qu’ils avaient pris à propos des essais nucléaires, du perfectionnement qualitatif des armes nucléaires et des assurances en matière de sécurité qu’ils devaient donner aux autres Etats. Fin juin dernier, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre le risque de déclenchement d’un «conflit nucléaire», appelant à l’élimination de 13 000 armes nucléaires dans le monde.
Guterres, qui s’exprimait dans un message vidéo adressé à la première réunion des Etats parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) tenue du 21 au 23 juin dernier à Vienne, avait estimé que «les armes nucléaires nous rappellent fatalement, l’incapacité des Etats à résoudre les différends par le dialogue et la coopération», appelant à l’occasion «à se débarrasser de ces armes destructrices une fois pour toutes».
En début janvier dernier, le chef de l’ONU avait salué une déclaration conjointe publiée par cinq Etats dotés de l’arme nucléaire dans laquelle ils s’étaient engagés à prévenir la guerre nucléaire et éviter la course aux armements. Pour la première fois, les dirigeants de la Chine, des Etats-Unis, de la France, du Royaume-Uni et de la Russie, -également membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (communément appelé P5), -avaient publié en prélude à la 10e Conférence d’examen du TNP, une déclaration conjointe sur le fait d’éviter une course aux armements et de ne pas se prendre pour cible, ni aucun autre Etat.
Par le TNP, les États parties non dotés d’armes nucléaires se sont engagés à ne pas fabriquer ou acquérir par tout autre moyen des armes nucléaires ou tout autre dispositif nucléaire explosif, tandis que les États parties dotés d’armes nucléaires se sont engagés à ne pas aider, encourager ou amener, en aucune manière, un État partie non doté d’armes nucléaires à fabriquer ou acquérir par tout autre moyen des armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs nucléaires. On entend par États dotés d’armes nucléaires parties au Traité les États qui ont fabriqué et fait exploser une arme nucléaire ou tout autre dispositif explosif nucléaire avant le 1er janvier 1967. Cinq États dotés d’armes nucléaires sont parties au Traité.
L’AIEA n’est pas partie au TNP mais elle assume des responsabilités essentielles de vérification découlant du Traité. L’article III du TNP impose à chaque État non doté d’armes nucléaires de conclure un accord de garanties généralisées (AGG) pour permettre à celle-ci de vérifier qu’il respecte l’obligation prévue dans le traité afin d’empêcher que l’énergie nucléaire ne soit détournée des utilisations pacifiques vers des armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs nucléaires.
L’AIEA joue donc un rôle particulier en matière de vérification, au titre de corps d’inspection international des garanties : elle vérifie l’exécution des obligations assumées aux termes du TNP par les États parties non dotés d’armes nucléaires. À la fin de 2020, 176 États parties non dotés d’armes nucléaires avaient mis en vigueur les AGG prévus par le Traité et 10 devaient encore le faire.
Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires est un traité international historique, dont l’objectif est d’empêcher la propagation des armes nucléaires et de la technologie des armements, de promouvoir la coopération aux fins de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et de favoriser la réalisation de l’objectif du désarmement nucléaire et du désarmement général et complet. Il est entré en vigueur en 1970. Depuis lors, il constitue la pierre angulaire du régime mondial de non-prolifération nucléaire.
Il compte 191 Etats parties, c’est-à-dire plus que tout autre accord de désarmement multilatéral. Les Etats parties se réunissent tous les cinq ans pour examiner le respect du document.
Les pays africains en développement et le TNP
Les pays africains ne peuvent apporter leur contribution au processus du désarmement (nucléaire) international tant que celui-ci n’a pas été engagé. C’est un secteur particulièrement névralgique qui exige de la patience, du temps et de la persévérance. La multitude d’accords signés depuis le Traité sur l’Antarctique en 1959 témoigne des progrès considérables qui ont été accomplis au cours des 21 dernières années. Bien que les espoirs aient été parfois déçus, les négociations qui ont mené à la préparation des accords SALT II sont la preuve que la volonté d’atteindre l’objectif existe. Il est donc important d’agir dans ce sens.
Dès 1960, l’Afrique s’est efforcée de créer une zone exempte d’armes nucléaires qui pourrait permettre au continent de se consacrer librement à son développement industriel et économique ; mais même dans ce domaine, les progrès n’ont été réalisés qu’à pas lents et mesurés. Le premier projet de résolution parrainé par les Etats africains en ce qui concerne la création d’une zone exempte d’armes nucléaires sur le continent africain a été soumis à l’Assemblée générale lors de sa 15ème session.
Ce projet de résolution invitait tous les Etats à considérer le continent africain comme une zone exempte d’armes nucléaires et à le respecter en tant que tel; il les priait également de mettre un terme à tout essai d’armes nucléaires ou de missiles balistiques en Afrique et de supprimer et de s’abstenir de créer les installations destinées à l’essai, au stockage ou au transport de telles armes.
Les Etats africains ont repris l’étude de cette question en 1963 à la Conférence au sommet des Etats africains indépendants, où ils ont adopté une résolution sur le désarmement général prévoyant une action concertée pour faire de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires. L’Assemblée des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation de l’Unité africaine a de nouveau examiné la question au cours de la Conférence au sommet de 1964.
A cette occasion, les responsables africains ont adopté la « Déclaration sur la dénucléarisation de l’Afrique », dans laquelle ils exprimaient solennellement leur intention de s’engager, par un accord international à conclure sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies, à ne pas fabriquer ni prendre sous contrôle des armes nucléaires et demandaient instamment à toutes les nations pacifiques d’accepter le même engagement et à toutes les puissances nucléaires de respecter la Déclaration et de s’y conformer.
Regard Suir l’Afrique Par Tinno BANG MBANG
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