La journée mondiale de l’environnement s’est célébrée ce weekend. C’est dans un contexte international marqué le reto grâce grâceur des USA dans l’accord de Paris. Un retour qui remet au goût du jour les engagements de près de 195 pays de réduire les émissions de gaz à effet de serre de moins de 2°.
Lorsqu’on sait que l’engagement de l’Afrique pour cette réduction avait été porté par le Cameroun, notamment par son Président Paul Biya, il est de bon ton pour Afrique Plus consacré aux questions de lutte pour la sauvegarde de l’environnement de revenir sur la politique camerounaise sur l’environnement. Les implications dans le cadre de l’Accord de Paris. Un militant écologiste nous en parle dans cet entretien exclusif. Lisez plutôt.
Cette cérémonie a vue la Quelles sont les causes de la dégradation de l’environnement ressenties sur la planète entière par les changements climatiques ?
Les changements climatiques sont consubstantiels au réchauffement de la planète du au rejet dans l’atmosphère des gaz à effet de serre (GES) émis par les activités anthropiques (Hommes à 80 pour cent) telles que : l’industrie, le transport, l’agriculture, la production d’énergie, les BTP, les déchets, la déforestation.
Quelles sont les conséquences au plan mondial et Africain en particulier ?
Les conséquences sont nombreuses sur le plan mondial, les changements climatiques sont à l’origine des phénomènes métrologiques extrêmes tels : vents violents, tsunami, tempêtes, cyclones observes sur les côtes américaines et les Antilles, les fortes précipitations suivies des inondations de grande ampleur, éboulement (affaissement) de sol et boues torrentielles par moment avec mort homme, longues périodes de saison sèche, la faible production agropastorale, les migrations internes (d’ici 2050 on comptera en Afrique 80 millions de migrants, 50 millions en Europe), la résurgence des anciennes épidémies, la perte de la biodiversité avec exposition à zoonoses, « Le réchauffement climatique accélère la fonte du Pergesol (sols gelés en permanence absolument imperméable des régions Arctiques) qui pourrait libérer une bonne quantité de virus encore inconnus » dixit François Gememe du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). En Afrique, l’image illustrative des effets liés aux changements climatiques est l’asséchement graduel du Lac Tchad. En 1970, Lac Tchad couvrait une superficie d’environ 25 000 KM2 aujourd’hui il est réduit à un cinquième de sa taille par la sècheresse. Son rôle économique est très important, car il doit fournir de l’eau à plus de 40 millions de personnes des quarte pays limitrophes : Tchad, Cameroun, Niger, Nigeria.
Au Cameroun, toutes les zones agro écologiques (5) sont touchées par les changements climatiques. Deux zones sont plus affectées : la zone soudano-sahélienne marquée par la rude sècheresse, l’accès difficile à l’eau potable, et quand arrivent les fortes précipitations elles engendrent des crues monstres dont on peut imaginer les désastres. L’érosion côtière, les récurrentes inondations après de fortes précipitations trouvent leur explication à travers les aléas climatiques bien marqués dans la zone côtière et forestière monomodale..
Quels sont les efforts faits depuis le sommet de la terre de Rio pour sauver l’environnement ?
Le Cameroun en matière de politique environnementale, est sur une trajectoire luxuriante. Le sommet sur la terre en 1992 à Rio a été sanctionné par trois conventions majeures ratifiées par le Cameroun. il s’agit de : la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la Convention sur la biodiversité et la Convention sur la désertification. Le Cameroun s’est doté d’une grosse batterie d’instruments juridiques et de plusieurs conventions internationales ; et pour ce qui du cadre institutionnel, il existe un Ministère en charge de l’environnement, des services déconcentrés, un comité interministériel de facilitation pour l’exécution du programme sectoriel forets/environnement et récemment un décret fixant les modalités d’exercice de certaines compétences transférées aux communes en matière d’environnement, bref les cadres juridique et institutionnel mis en place permettent de suivre et contrôler toutes les formes d’atteinte sur l’environnement et la santé publique car santé et environnement vont de pair.
De toutes les COP qui se sont succédées, la COP 21 à Paris semble avoir été celle qui a réussie dans le sens de la nécessité de sauver la planète d’une explosion par le réchauffement climatique. En quoi la COP 21 reste elle historique ?
La COP 21 a produit l’Accord de Paris qui est un accord mondial sur le réchauffement climatique suite aux négociations qui se sont déroulées en 2015 au Bourget à Paris. Bien d’experts de haut niveau présentent cet accord comme un instrument juridique contraignant jusque-là inexistant pour ce qui est de la lutte contre le stress climatique. Au-delà de l’accord de Paris, la COP 21 a tenu son paris, les experts de haut niveau sont tombés d’accord que l’homme à travers ses activités est à l’origine des émissions des gaz à effet de serre, l’exigence de l’accompagnement des pays pauvres, pays en développement cependant vulnérables aux aléas climatiques à construire leur résilience et le financement de la transition écologique par la communauté internationale.
Le président Camerounais, Paul Biya a su saisir l’occasion de cette COP pour inscrire le Cameroun et l’Afrique au cœur de la bataille mondiale de la lutte contre les changements climatiques. Sur quoi a reposé l’offre du Cameroun ?
Le Président Paul BIYA bien informé des impacts des phénomènes métrologiques extrêmes sur la santé publique et environnementale, après la validation en Août 2014 du Plan national de mécanisme d’adaptation aux changements climatiques, pris l’engagement en décembre 2015 à la veille de la conférence des parties (COP21). Au terme de ce processus de révision, le Cameroun par correspondance N°A344/SG/PR du 29/03/17 redéfinit ses engagements comme suit : réduire 32% des GES d’ici 2035 en référence à 2010 ; 11% inconditionnelle et 21% conditionnée à l’appui de la Communauté internationale sous forme de financement, de renforcement de capacités et de transfert de technologie.
Au fond, en quoi se décline la politique du Cameroun en matière de sauvegarde de l’environnement ?
Deux approches complémentaires sont nécessaires pour lutter contre les Changements climatiques : la réduction avec impact sur le climat, l’adaptation qui participe au renforcement de la résilience aux aléas climatiques. Cette démarche nécessite des ressources humaines, matérielles et financières. L’engagement du Chef d’Etat soulève des débats dans le cercle des experts de haut niveau qui trouvent assez audacieux le choix du leader d’un pays en voie de développement là où les grandes puissances s’arcboutent à l’approche adaptation.
L’enjeu qui justifie la posture face au combat universel contre les changements climatiques du Chef d’Etat se trouve dans le mécanisme de péréquation qui renseigne que plus un pays réduit ses GES mieux il peut capter des opportunités financières au niveau des institutions financières internationales ;fort de ce qui précède, soucieux de demeurer celui-là qui souhaiterait que ses compatriotes gardent de lui comme l’homme qui leur aura apporté la démocratie et le bien-être ne pouvait rester insensible à l’appel de la Communauté internationale qui interpelle de tous ses vœux à la responsabilité partagée de la lutte contre le stress climatique qui menace la paix mondial. C’est ainsi qu’en décembre 2015 à la veille de la COP21 à Paris, dans un discours empreint de solennité, Paul BIYA prend l’engagement que son pays va réduire ses GES de 32% d’ici 2035 en référence à 2010. Evidemment cette nouvelle vision programmatique du Chef de l’Etat qui vise à éteindre les sources des GES et créer les puits, accéléra notre transition écologique avec pour corollaire la création des milliers d’emplois directs et indirects dans le secteur de l’agriculture climato intelligente, le développement et la promotion des énergies renouvelables par exemple.
Une structure nationale est prévue pour voir le jour depuis 2015 afin d’accompagner cette vision et cette politique. Peut-on faire l’économie de celle-ci?
La vision du Chef de l’Etat se décline sous forme d’un nouveau paradigme comportemental économique (En France on parle de plus en plus de la décroissance une stratégie de lutter contre le gaspillage, la promotion du consommer utile), d’une nouvelle perception à impulser aux politiques publiques qui doivent intégrer automatiquement dans leur mise en place afin d’atteindre en 2030 les objectifs du développement durable (ODD). La vision du Chef de l’Etat c’est de rendre effective la transition écologique au Cameroun. Elle affectera les secteurs sources des GES : l’agriculture, les déchets, la production des énergies, le transport, les industries, la foresterie, les BTP.
27,000 mille Milliards sont mis à la disposition du Cameroun pour faire respecter l’engagement de réduire de 21% les émissions d’ici à 2030. Comment doit être mobilisé cet argent et qu’elles sont les implications dans la Stratégie nationale de Développement (SnD)?
Le Cameroun a déposé ses instruments de ratification de l’Accord de Paris le 29 juillet 2016 au secrétariat de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) ; Le Cameroun y a soumis sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN) avec les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet cités plus haut. Les pays ayant soumis leur CDN auprès de l’ONU, sont appelés à sa mise à jour tous les 5 ans à compter de 2020. Ces exigences obligent le Cameroun a entamé le processus de révision de sa CDN. Des actions à mener pour l’adaptation et la résilience aux changements climatiques se revisiter en 2021-2025, 2026-2030, 2031-2035 etc… le CDN est la politique nationale et internationale de lutte contre les changements climatiques, elle est logée au Ministère en charge de l’environnement à Yaoundé.
Sept ans après la sortie du Président de la République, la contribution citoyenne, entreprises publiques et privées, société civile, politiques, leaders et population pour la réussite de l’engagement du Chef de l’Etat est presque nulle. C’est la raison pour laquelle l’ONG World Action Phyto Protection (WAPP) et le Centre de Privée de Formation Professionnelle aux Métiers de l’Environnement (CPFPME) ont décidé compte tenu des enjeux importants de porter la voix du Président de la République partout où besoin sera. Nous avons entamé un programme de sensibilisation qui va couvrir les cinq régions agro écologiques pour annoncer la bonne nouvelle présidentielle, nous avons commencé à Douala où nous avions organisé le 7 mai 2021 un débat fort couru portant sur le thème : Changements climatiques : Péril écologique ou opportunité de développement ? Nous continuerons ensuite avec des communications ciblées tels que les hommes d’affaires, les collectivités territoriales décentralisées, les chefferies…
La République du Cameroun a besoin de 27132 milliards FCFA pour la mise en œuvre de sa CDN d’ici 2035. Cette ressource financière comme préciser plus haut se décline en trois axes : (i) le transfert de technologies, (ii) les renforcements des capacités, (iii) le financement de la réalisation des projets bas carbone. Comment mobiliser ces ressources financières, IDA le groupe de la Banque Mondiale est prêt à mobiliser 1000 milliards de dollars US pour lutter contre les Changements climatiques. Et cette opportunité financière à capter auprès des guichets comme le Fonds Vert Climat est réservé aux pays insulaires, pauvres en voie de développement. Faut-il rappeler qu’en décembre 1997 lors de COP3 à Kyoto un accord international visant la réduction des émissions de GES a été acté par 184 pays.
Selon le principe de compensation carbone, il a été mis sur pieds un mécanisme de financement de projets de réduction des émissions de GES dans le cadre du Protocole de Kyoto. Le mécanisme en principe était attribué au Mécanisme de développement propre (MDP) qui a profité largement aux pays asiatiques comme l’Inde et la Chine. Malheureusement, le continent africain a pointé en dernière position avec moins de 4% de réalisation des projets MDP. Au Cameroun la société Hysacam a été un bénéficiaire d’un projet MDP. Outre les procédures complexes à l’accès des financements MDP, le déficit de communication sur les MDP au Cameroun en particulier et en Afrique en général a été l’une des causes de cette faible performance. Cette fois ci, nous devrons être proactifs, d ou notre obstination à relayer la vision écologique du Chef de l’Etat.
Une vision qui est en parfaite cohérence avec la Stratégie Nationale du Développement (SND 2030) qui stipule en page 10 :pour faire face aux conséquences perceptibles des Changements climatiques, notamment les inondations et les glissements de terrains dont certains villes et campagnes sont victimes, le gouvernement doit s’assurer de la prise en compte des préoccupations liées aux changements climatiques dans les stratégies et politiques sectorielles, aussi bien dans la formulation que dans la mise en œuvre : (i) renforcer les capacités des institutions chargées de la veille climatique, (ii) opérationnaliser les dispositifs de veille et de riposte aux effets des changements climatiques, (iii) élaborer et mettre en œuvre une stratégie de gestion des déchets tout en promouvant la responsabilité sociale des entreprises (RSE), auparavant, dans le cadre de la SND30, les autorités envisagent de (i) renforcer les actions relatives à la gestion durable des ressources naturelles (sol, flore, faune) et prendre des mesures adéquates d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques.
Qu’elle est votre appréciation sur le retour des USA sur l’Accord de Paris?
Le retour de Washington dans l’Accord de Paris avec l’arrivée de Joe BIDEN suscite de l’espoir ; il a respecté un engagement électoral, c’est bien. Faut-il rappeler que les USA (15% des émissions globales) et la Chine (25%) sont les deux gros émetteurs de GES dans atmosphère. Le Président américain veut reprendre le leadership mondial de la lutte contre le stress climatique occupé par Emmanuel Macron après le départ de Donald TRUMP de l’Accorde de Paris.
Les enjeux géostratégiques sur le climat sont très importants. On retiendra du Sommet de Washington qui s’est déroulé le 23 Août 2021, les engagements des USA de reduire 50% ses GES d’ici 2030 alors que Barack OBAMA était à 26, 28% d’ici 2035 en référence à leur niveau de 2005, l’Europe 55% d’ici 2030 comparé au niveau de 1990. La Chine n’a pris aucun engagement en mettant en avant plutôt la neutralité carbone. RDV a été pris à la COP 26 à Glasgow du 1er au 12 Novembre pour une meilleure visibilité relative à ces engagements.
Les changements climatiques impactent tous les secteurs d’activités. Eviter l’emballement du climat est le grand défi planétaire du siècle. Si la croissance de la température atmosphérique ne se stabilise pas à 2°C, d’ici 2050, les phénomènes extrêmes tels que les longues périodes des saisons sèches entraineront, sur le plan économique, la perte des terres arabes et accès difficile à l’eau potable, pourraient entrainer les déplacements 80 millions de migrants à l’intérieur du continent africain et 50 millions en Europe, sans ignorer que la pauvreté accentuera l’immigration clandestine ; il ne faut pas exclure la chute des régimes à cause de la crise économique due à la baisse des activités agropastorales.
Les décideurs du monde entier ont compris l’enjeu, ils subissent la pression des ONG qui militent pour la protection des intérêts de l’environnement et de la santé publique, ainsi les altermondialistes qui exigent aux institutions bancaires de réduire de 3000 milliards de dollars US le financement des industries extractives d’hydrocarbures et investir dans les projets verts. Sur le plan social, le stress climatique pourrait entrainer les crises humanitaires et sécuritaires ne faut pas exclure la chute des régimes à cause de la crise économique due à la baisse des activités agropastorales. Sur le plan géostratégique, la course à l’économie verte cache la course aux puissants intérêts que recèle l’industrie du vert.
La fabrication des panneaux solaires et les batteries est au centre de la guerre économique entre les USA et la Chine Pour ce qui de la santé, La résurgence des maladies rares est une des conséquences des aléas climatiques, la pandémie du COVID19 qui s’est répandue dans 187 pays, représente une crise sanitaire mondiale ; mais elle est aussi l’occasion d’engager une réflexion structurelle globale sur un autre péril la crise écologique. Le réchauffement climatique accélère la fonte du Pergesol qui pourrait libérer une quantité de virus encore inconnus, en plus d’augmenter les GES. La dégradation et la destruction des habitats naturels réduisent la biodiversité, les maladies infectieuses émergents à 60% selon l’Organisation Mondiale de la Santé(OMS) sont zoonoses c’est à dire des maladies qui peuvent se transmettre de l’animal à l’homme et vice versa.
Un mot sur les actions du Ministre Camerounais chargé des questions environnementales ?
La CDN est logée au sein du MINEPDED. Il faut féliciter l’actuel Ministre en charge de l’environnement qui fait du bon travail. Si la mise en œuvre de la CDN dure depuis 6 ans, nous croyons que c’est due à la vrai lourdeur administrative tant il est que bien de sectoriels y sont impliqués. Le président de la commission nationale de la CDN est le Premier ministre chef du gouvernement.
Entretien mené par Claude Bernard Nyot
Regard Sur l’Afrique avec Afriqueplus
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