Anne Hidalgo a officialisé, dimanche 12 septembre 2021, sa candidature à l’élection présidentielle de 2022. Cette candidature pose la question de la gouvernance de Paris. Hidalgo devra défendre publiquement son bilan face aux nombreuses accusations brandies par ses adversaires. Si Anne Hidalgo s’est bien déclarée dimanche candidate à la présidentielle elle reste, selon la doxa officielle, «pleinement maire de Paris».
Entre Jacques Chirac et Anne Hidalgo, la ressemblance n’est pas frappante. Si le premier avait fait de l’hôtel de ville sa citadelle pour les périodes de vaches maigres – il y a pire – de son interminable carrière, il avait d’abord été député de Corrèze, où les vaches sont plus dodues. Un macroniste du premier cercle remarquait récemment: « Un maire de Paris n’a jamais été élu à l’Elysée. (Silence) Chirac, c’est la Corrèze! » Il y avait en effet été élu dix ans avant sa conquête de la capitale, à une époque où l’on pouvait carrément cumuler ce mandat avec celui de maire de la première ville de France sans choquer l’opinion et bien sûr sans enfreindre la loi. Une époque, aussi, où l’on pouvait marteler sur les estrades que « ce que Chirac avait fait pour Paris, il le ferait pour la France ».
Hidalgo : « Est-ce que je suis, moi, l’incarnation des élites? »
Anne Hidalgo doit déconstruire le raisonnement, elle a commencé de le faire en mettant en avant son parcours, de fait beaucoup moins parisien, par ses origines et sa formation, que celui de Jacques Chirac : « Paris apparaît comme le lieu des élites. C’est vrai qu’il y en a beaucoup, mais est-ce que moi je suis l’incarnation des élites ? Je suis née en Espagne, j’ai grandi à Lyon, je suis, comme on dit, montée à Paris pour mon boulot », soulignait-elle récemment. Et puis attention, elle n’est pas du Paris siège du pouvoir central, non, pas du tout, elle est « du peuple de Paris » – une espèce en voie de disparition ? Et dans l’expression « maire de Paris », elle insiste surtout sur le premier mot, pour remarquer que « pas beaucoup de candidats potentiels ou déclarés ont eu une expérience de gestion à cette échelle-là » et qu’elle a l’ambition de conduire « une équipe de France des maires ».
En 1981, Jacques Chirac avait lancé sa première candidature depuis l’Hôtel de ville de Paris, en 1988 depuis l’hôtel Matignon, et cela ne lui avait guère porté bonheur. Le 4 novembre 1994, alors qu’il s’apprête à passer la journée à Lille, il prend tout le monde de court en officialisant sa candidature dans une interview à La Voix du nord. Le rédacteur en chef du journal n’a été prévenu de l’annonce que la veille, à 21h30. Anne Hidalgo a choisi Rouen, dimanche, pour sortir du bois et du périph, avant d’être l’invitée de France 2 à 20 heures. Elle s’est privée de tout effet de surprise, son espace électoral paraît réduit. Un dernier espoir, pour la route : les scores de Jacques Chirac au premier tour des différentes élections présidentielles ont toujours été faibles, cela ne l’a pas empêché de gagner deux fois sur quatre.
Maire et candidate, une double casquette difficile à gérer
La rumeur est devenue un fait, dimanche 12 septembre 2021, avec l’officialisation de cette candidature. Critiquée dans l’opposition pour ses absences de Paris pour des déplacements hors de la capitale, Anne Hidalgo devra gérer sa campagne, son mandat et les questions posées par sa double casquette de maire de la capitale et de candidate.
Celles-ci seront très certainement évoquées lors du prochain Conseil de Paris, prévu du 12 au 15 octobre. Aucun texte de loi n’oblige un maire à démissionner de son mandat lors de sa campagne, et avoir un mandat n’est pas un critère d’inéligibilité à la présidence ni un frein à la campagne. Sous la Vè République, de nombreux maires ont fait campagne en gardant leurs mandats : Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand ou Jacques Chirac.
La loi prévoit seulement le remplacement de l’édile en cas de vacance temporaire ou en cas de décès. Anne Hidalgo en avait fait l’expérience en 2002, quand Bertrand Delanoë avait été poignardé lors de la première Nuit blanche. Alors première adjointe, elle avait pris l’intérim pendant le mois de convalescence du maire, d’octobre à novembre.
Emmanuel Grégoire, successeur naturel d’Anne Hidalgo
En cas de victoire à l’élection présidentielle, Anne Hidalgo devrait démissionner de son mandat. C’est ce qu’avait fait Jacques Chirac à son élection, quittant son mandat le 16 mai pour entrer à la présidence le 17. Jean Tiberi, son premier adjoint, lui avait succédé pour l’intérim avant d’être élu le 22 mai 1995 à la mairie de Paris. En 2022, Emmanuel Grégoire serait aussi désigné pour l’intérim, et pourrait être le successeur naturel de la maire.
Par RSA
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