Un allié occidental clé dans la lutte contre le djihadisme dans la région, a déclaré que la décision de mettre fin à l’accord révisé de coopération en matière de défense en 2019 lui permettrait de redéfinir ses partenariats stratégiques.
Le Tchad met fin aux accords de coopération de sécurité et de défense avec la France, a annoncé, ce jeudi, le ministre des Affaires étrangères tchadien, quelques heures après la visite de son homologue français Jean-Noël Barrot.
« Le Gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française », a déclaré Abderaman Koulamallah, le ministre des Affaires étrangères tchadien, ce jeudi, dans un communiqué publié sur la page Facebook officielle du ministère.
Son homologue français, arrivé jeudi soir en Éthiopie, n’était pas immédiatement joignable pour réagir à cette information.
« Un tournant historique »
« Ce n’est pas une rupture avec la France comme le Niger ou ailleurs », a néanmoins assuré à l’AFP le ministre tchadien joint par téléphone.
« Cette décision, prise après une analyse approfondie, marque un tournant historique. En effet, après 66 ans de la proclamation de la république du Tchad, il est temps pour le Tchad d’affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales », a-t-il expliqué dans le communiqué.
Lors d’un point presse à N’Djamena, après un entretien entre le président Mahamat Idriss Déby Itno et le chef de la diplomatie française, Koulamallah avait conclu en priant la France de « considérer désormais que le Tchad a grandi, a mûri » et que « le Tchad est un État souverain et très jaloux de sa souveraineté » sans évoquer la rupture de ces accords de coopération.
Dans le passé, la nation africaine a coopéré étroitement avec les forces militaires des pays occidentaux, bien qu’elle se soit rapprochée de la Russie ces dernières années
Le Tchad veut «évoluer»
Koulamallah a précisé que son pays veut évoluer, mais que la France reste un partenaire essentiel. «Le gouvernement tient à souligner que cette décision ne remet en aucun cas en question les relations historiques et les liens d’amitié entre les deux nations», ajoute le communiqué. Le pays veut redéfinir ses partenariats stratégiques, en fonction de ses priorités.
Le gouvernement tchadien a décidé de mettre fin à son accord de coopération en matière de défense avec la France, ce qui pourrait entraîner le retrait des troupes françaises du pays, comme cela s’est produit dans d’autres anciennes colonies françaises en Afrique, telles que le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Dans le passé, la nation africaine a coopéré étroitement avec les forces militaires des pays occidentaux, bien qu’elle se soit rapprochée de la Russie ces dernières années. Il en va de même pour d’autres États du Sahel qui ont également rompu leur coopération militaire avec la France à la suite de coups d’État militaires.
Cette annonce intervient peu après la visite du ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à la frontière entre le Tchad et le Soudan. À cet égard, rapporte Reuters, rien n’indique que Paris ait été prévenu à l’avance de cette décision, bien qu’un envoyé du président Emmanuel Macron ait remis cette semaine un rapport contenant des propositions sur la manière dont la France pourrait réduire sa présence militaire au Tchad, au Gabon et en Côte d’Ivoire, où elle a déployé des milliers d’hommes depuis des dizaines d’années.
Actuellement, la France a environ 1 000 soldats et avions de guerre stationnés au Tchad. Au début de l’année, le Tchad a également ordonné à un petit contingent d’opérations spéciales américaines de quitter le pays. En septembre dernier, les États-Unis ont déclaré qu’ils étaient en train de négocier leur retour.
Outre le Tchad, le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a récemment déclaré dans une interview à la télévision publique française qu’il était inapproprié que les troupes françaises maintiennent une présence dans son pays (350 soldats français sont stationnés ). Il n’a pas précisé si les troupes françaises seraient invitées à se retirer, mais a déclaré que Paris serait le premier à en être informé.
Regard Sur l’Afrique Par Tinno BANG MBANG
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