Tshisekedi n’a pas vendu la RDC aux Américains, mais il l’a indéniablement mise au service de leurs intérêts globaux, dans une logique de dépendance et de fragilité assumée.
Ce rapprochement s’est cristallisé autour de trois axes majeurs : les ressources minières, la sécurité régionale, et la transition énergétique mondiale.
Premier levier : le sous-sol congolais. La RDC possède plus de 70 % des réserves mondiales de cobalt, un minerai stratégique pour les batteries électriques. Washington, en pleine guerre technologique avec Pékin, a vu dans la RDC un maillon essentiel de son autonomie énergétique. Tshisekedi a ouvert grand la porte.
Des accords ont été signés pour intégrer Kinshasa dans la chaîne de valeur des batteries américano-africaines, présentés comme un progrès. En réalité, ces partenariats offrent aux multinationales américaines un accès sécurisé aux matières premières, pendant que la RDC reste coincée dans un rôle de simple fournisseur brut, sans contrôle réel sur les étapes de transformation.
Deuxième axe : la sécurité. En acceptant la présence renforcée de militaires et de conseillers américains, le pouvoir congolais a confié à Washington une influence directe sur la politique de défense nationale. Les raisons officielles ? Lutter contre le terrorisme et les groupes armés dans l’Est du pays. Mais derrière ce discours, il s’agit surtout pour les États-Unis de verrouiller une zone d’intérêt stratégique, riche en ressources et convoitée par d’autres puissances comme la Chine ou la Russie. Tshisekedi joue ici une carte dangereuse : en alignant sa politique sécuritaire sur celle des États-Unis, il affaiblit l’autonomie du pays et expose la RDC à des conflits d’intérêts qui ne sont pas les siens.
Troisième axe : la diplomatie. Tshisekedi a multiplié les gestes de loyauté envers Washington, que ce soit à l’ONU ou lors de sommets internationaux. Ce positionnement lui a certes valu un soutien politique à l’extérieur, mais au prix d’un effacement progressif de la voix congolaise indépendante sur les grandes questions africaines et internationales. Le pays se retrouve ainsi dans une posture de vassal moderne, écouté non pas pour la force de sa vision, mais pour sa capacité à servir de relais d’influence.
Ce réalignement stratégique soulève une question fondamentale : où est l’intérêt du peuple congolais dans tout cela ? À quoi bon des milliards de dollars d’investissements s’ils ne changent rien à la vie quotidienne ? La souveraineté ne se mesure pas dans les discours, mais dans la capacité à imposer ses priorités et à protéger ses ressources.
En se plaçant sous l’aile des États-Unis, Tshisekedi a certes gagné une certaine stature internationale. Mais à quel prix ? La RDC a besoin de partenaires, pas de maîtres. Et tant que ses dirigeants continueront à négocier en position de faiblesse, le pays restera un géant assis sur de l’or… mais pieds et poings liés.
RSA Par Fabrice Salembier • Chroniqueur I Enseignant I Journaliste I Formateur
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