Le travail de mémoire et de réconciliation entre la République démocratique du Congo et la Belgique se poursuit avec la visite officielle du roi Philippe de Belgique dans le pays.
Le monarque belge a atterri à Kinshasa pour la première fois mardi 7 juin, dans le pays que son ancêtre a jadis gouverné.
Ce voyage historique de six jours intervient deux ans après que le roi Philippe a écrit au président congolais Felix Tshisekedi pour lui exprimer ses « profonds regrets » pour les « blessures du passé. »
Félix Tshisekedi et son épouse ont accueilli le roi Philippe et la reine Mathilde sur un tapis rouge déroulé sur le tarmac de l’aéroport international de la capitale.
Tshisekedi veut construire un nouveau lien
« Construire quelque chose de nouveau » entre la RDC et la Belgique. C’est ce que souhaite Félix Tshisekedi. Le président congolais s’est exprimé lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre belge, Alexander de Croo, qui est en visite dans le pays, avec le roi Philippe de Belgique.
« Je crois que pour la République démocratique du Congo et je l’ai toujours dit, la porte d’entrée en Europe, je parle là de l’Europe diplomatique et politique, l’Europe des affaires, c’est la Belgique. Si la Belgique gronde ou si la Belgique est fiévreuse par rapport à la République démocratique du Congo, toute l’Europe la suivra », a déclaré le président congolais.
« La coopération militaire a repris avec la Belgique et donc la formation de troupes d’élites se fait déjà en ce moment. Mais évidemment, c’est à la Belgique de voir ce qu’elle peut apporter de plus parce que notre ambition est de monter en puissance au niveau de nos forces de défense et de sécurité pour être suffisamment dissuasif », a-til poursuivi.
Être suffisamment dissuasif…Des mots qui résonnent en cette période de regain de tension entre la RDC et son voisin le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir des rebelles.
« Vous savez, chaque pays a le droit de défendre l’intégrité de son territoire. D’ailleurs, c’est un sujet que l’on connaît très bien en Europe aujourd’hui, parce que quand on parle de la situation en Ukraine, tout le monde dira l’Ukraine a le droit de faire respecter l’intégrité de son territoire. Je ne vois pas comment ce serait différent ici en RDC. Vous avez le droit d’exiger de vos voisins que votre territoire soit respecté… », a déclaré le Premier ministre belge, Alexander de Croo.
Le roi Philippe, ainsi qu’une partie du gouvernement belge effectuent depuis mardi une visite en RDC, à l’invitation de Félix Tshisekedi. Ce déplacement marque le réchauffement d’une relation diplomatique qui était difficile entre Bruxelles et Kinshasa pendant la fin de la présidence de Joseph Kabila.
La colonisation du Congo par la Belgique a été l’une des plus dures imposées par les puissances européennes, qui ont régné sur la majeure partie de l’Afrique à la fin du XIXe et au XXe siècle.
Le roi Léopold II, le frère de l’arrière-arrière-grand-père de Philippe, a supervisé la conquête de ce qui est aujourd’hui la RDC, gouvernant le territoire comme sa propriété personnelle entre 1885 et 1908 avant qu’il ne devienne une colonie belge.
Les historiens affirment que des millions de personnes ont été tuées, mutilées ou sont mortes de maladie parce qu’elles étaient forcées de récolter du caoutchouc sous le règne de roi Léopold II, le frère de l’arrière-arrière-grand-père de Philippe.
Vendredi à l’université de Lubumbashi, le monarque a salué les difficiles sacrifices consentis par les étudiants et leurs familles afin de poursuivre leurs études.
Mettant en valeur le potentiel agricole de la RDC, le roi Philippe a qualifié la forêt tropicale congolaise de « ressource écologique » essentielle à la lutte contre le changement climatique.
Il a exhorté les étudiants congolais à utiliser leurs compétences pour exploiter les richesses minérales du pays dans l’intérêt du peuple : « Chers étudiants: ce futur il vous appartient. Le Congo dispose de nombreuses richesses dans son sous-sol. Il vous revient de tirer de ces richesses naturelles le plus de valeur ajoutée, dans votre propre pays, au profit des Congolais, grâce aux aptitudes que vous aurez acquises. » a-t-il déclaré.
Par Regard Sur l’Afrique
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