Idriss Déby, né le 18 juin 1952 à Berdoba (au sud-est de Fada) et président de la République depuis le 4 décembre 1990. Le 2 décembre 1990, avec l’appui de la France, il chasse du pouvoir Hissène Habré et le remplace le 4 décembre avec le titre de président du Conseil d’État.
Il est ensuite désigné président de la République du Tchad le 28 février 1991 après l’adoption de la Charte nationale. Il remporte les élections présidentielles de 1996, 2001, 2006, 2011 et 2016. La même année, le 30 janvier 2016 il est élu président de l’Union africaine pour un mandat d’un an. Il est actuellement l’un des plus anciens dirigeants en place dans le monde avec plus de 30 années de longévité aux pouvoir.
Musulman, fils d’un berger de l’ethnie zaghawa, il est plus précisément Kouriara (habitants de la région de Bilia), un sous-groupe des Bideyat, lui-même sous-groupe de la grande ethnie des Zaghawas que l’on trouve des deux côtés de la frontière tchado-soudanaise. Elle est proche de l’ethnie toubou.
Après avoir passé son baccalauréat, il entre à l’école d’officiers de N’Djaména puis obtient en 1979 une licence de pilote professionnel en France (spécialité transport des troupes) à l’Institut aéronautique Amaury de la Grange.
Sous le régime d’Hissène Habré
De retour au Tchad, il collabore avec Hissène Habré, entré en rébellion en mars 1980 contre Goukouni Oueddei après l’éclatement du Gouvernement d’Union nationale de transition (GUNT) formé cinq mois plus tôt. Habré nomme alors Déby comme commandant en chef des Forces armées du nord (FAN).
Le 7 juin 1982, Habré rentre dans la capitale N’Djaména avec Déby à ses côtés, poussant le président Goukouni Oueddei à s’exiler en Algérie. Promu comme colonel, il se rend en France en 1986 où il suit les cours de l’École de guerre inter-armées. De retour au Tchad, il est nommé conseiller d’Habré pour la défense et la sécurité.
À la fin des années 1980, les relations entre Idriss Déby et Habré se détériorent. Un de ses cousins, Hassan Djamous, le remplace au poste de commandant en chef tandis qu’un autre de ses cousins, Ibrahim Mahamat Itno, devient ministre de l’Intérieur.
Accusés de complot, les trois hommes (Idriss Déby et ses deux cousins) prennent la fuite le 1er avril 1989 (cette action est communément appelée l’action du premier avril). Tandis que le colonel Hassan Djamous est blessé et capturé par les hommes de Hissène Habré, et son cousin Ibrahim Mahamat Itno tué, Idriss Déby réussit à regagner la Libye, puis le Soudan où il crée en mars 1990 le mouvement rebelle du Mouvement patriotique du Salut (MPS).
Le 1er décembre 1990, avec l’aide des services de renseignement français, ses forces s’emparent de N’Djaména et chassent Habré, qui se réfugie au Sénégal. Déby est alors porté à la présidence du Conseil d’État dès le 4 décembre, puis désigné président de la République par son mouvement, alors transformé en parti politique. De son côté, Habré sera ensuite poursuivi par un tribunal international pour crime contre l’humanité pour les exactions commises durant son règne au Tchad.
Président de la République par intérim
Lors de son investiture, il promet la tenue d’une conférence nationale ayant pour tâche principale l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Il fait adopter dès février 1991 une Charte nationale qui pose les principes directeurs de l’État tchadien et les bases d’une réforme institutionnelle. Il est parallèlement promu général de corps d’armée en 1995. La charte servira de loi fondamentale jusqu’à la promulgation de la Constitution le 14 avril 1996.
1996-2001
Il est élu président de la République pour un premier mandat en 1996 lors du premier scrutin pluraliste au suffrage universel depuis l’indépendance (du pays) en 1960 et ouvre alors son gouvernement à une partie de l’opposition.
En octobre 2000, Idriss Déby lance officiellement les travaux de construction de l’oléoduc Tchad-Cameroun à Komé (Tchad) et Kribi (Cameroun).
2001-2006
Le 20 mai 2001, Idriss Déby est réélu président de la République dès le premier tour avec 63,17 % des voix.
En 2003, il annonce la fin de la construction de l’oléoduc Tchad-Cameroun et le début de la production de pétrole pour le pays. Le Tchad adhère en 2005 à l’Association des producteurs de pétrole africains (APPA).
Le 26 mai 2004, les députés adoptent une modification constitutionnelle qui lève la limitation des mandats présidentiels auparavant fixée à deux. Si cette disposition particulière a focalisé l’attention des médias, la réforme constitutionnelle a fait évoluer les institutions du pays, au premier chef desquelles la suppression du Sénat, qui n’a jamais véritablement joué son rôle institutionnel.
En mai 2005, les rebelles sont sur le point de renverser le régime mais les forces françaises présentes sur place permettent le retour précipité d’Idriss Déby qui se trouvait en visite en Guinée équatoriale pour un sommet de la CEMAC. La proposition de réforme constitutionnelle de 2004 est adoptée par référendum le 6 juin 2005, 77,8 % des votants s’étant prononcés pour. La participation s’est élevée à 71,61 %. Le 13 avril 2006, les rebelles du FUC (Front Uni pour le Changement) entrent dans N’Djaména et manquent de peu de renverser le régime soutenu par les Français qui tireront sur les éléments du FUC (tir de semonce).
2006-2011
Il est réélu pour un troisième mandat le 3 mai 2006 avec 64,67 % des suffrages exprimés.26un mois après l’attaque manquée menée par le Front uni pour le changement (FUC) du capitaine Mahamat Nour sur N’Djaména le 13 avril. Le 3 février 2008, lors de l’assaut des rebelles dirigé par Mahamat Nouri et les frères Tom et Timane Erdimi, l’un de ses principaux opposants, Ibni Oumar Mahamat Saleh, est enlevé à son domicile par les militaires tchadiens. Le gouvernement français appelle à une « clarification ».
En février 2012, deux des fils de l’opposant disparu déposent plainte en France, et en 2013, un juge d’instruction français a décidé d’enquêter sur sa disparition. C’est contre l’avis du parquet de Paris que ce juge d’instruction avait décidé de le mener. Le ministère public avait donc fait appel de cette décision. Mais, finalement, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a donné raison au juge et considéré que les critères juridiques étaient réunis pour autoriser son enquête sur cette disparition. Début 2013, peu d’informations significatives sont disponibles sur le sort d’Ibni Saleh depuis les jours qui ont suivi son enlèvement, malgré les efforts d’hommes politiques ou d’organisations venues au soutien de l’opposant et de ses proches.
En février 2008, les rebelles tchadiens du Commandement militaire unifié (CMU) qui est composé du RFC de Timan Erdimi, de l’UFDD de Mahamat Nouri et du CNT de Hassan Al Djineidi lancent une seconde offensive pour prendre N’Djaména. Début février 2008, il a donc de nouveau à faire avec des attaques rebelles sur la capitale N’Djaména qui entraînent le rapatriement des expatriés français vers le Gabon et la France. Il subit un revers à la bataille de Massaguet le 1er février et doit repousser l’assaut sur la capitale du 2 au 4 février. Trois fois plus nombreux à s’élancer du Soudan, une fois en ville, les rebelles cernent le palais présidentiel le 2 février. Encerclé dans son palais, le président tchadien appelle plusieurs fois dans la journée le président français. Celui-ci lui propose l’exil en territoire français. Grâce au soutien militaire total de la France, incluant aide logistique (livraison de munitions depuis la Libye), renseignement militaire et combat de troupes françaises contre les rebelles, Idriss Déby parvient à se maintenir au pouvoir et les rebelles se replient.
Le 7 février 2008, il échappe à une tentative de renversement dans la capitale, il reçoit le soutien de la France qui accuse le Soudan. Il demande à l’Union européenne de dépêcher au plus tôt la force de paix EUFOR, dont le contingent principal est français.
2011-2016
Son parti remporte 133 sièges sur 188 aux élections législatives du 13 février 2011.
Le 25 avril 2011, il est réélu pour un quatrième mandat dès le premier tour de l’élection présidentielle par 88,7 % des voix, face à Albert Pahimi Padacké (6 %) et Madou Nadji (5,3 %).
Il s’oppose à l’intervention militaire occidentale durant la guerre civile libyenne de 2011, position que de nombreux médias décrivent alors comme un soutien au général Mouammar Kadhafi, certains assurent d’ailleurs qu’il aurait envoyé des éléments de la garde tchadienne dans le pays. Il déclare de son côté vouloir que le dictateur libyen quitte le pouvoir, mais en douceur et non à la suite d’une intervention armée qui laissera des traces selon lui.
Au mois de mai 2012, Idriss Déby lance une vaste opération anti corruption dans le pays, baptisée opération Cobra. L’État perd alors un montant estimé à 300 milliards de francs CFA (soit 460 millions d’euros) par an à cause de détournements d’argent public. Le but est de sécuriser les circuits de recettes et de dépenses et de contrôler les procédures de préparation, de passation et d’exécution des marchés publics. Après un an et 23 missions de contrôles effectuées à N’Djaména et 22 en province, environ 25 milliards de francs CFA ont été recouvrés.
En janvier 2013, le Tchad envoie des troupes au nord du Mali pour participer à l’opération Serval. Idriss Déby décrit alors ce qui se passe dans le nord du Mali comme la conséquence de la dislocation de la Libye et de la dissémination de son arsenal. Cette action au Mali, ou encore en Centrafrique et au Nigeria contre Boko Haram valent à Idriss Déby de recevoir un soutien fort de la France et des États-Unis.
Durant ce mandat, Idriss Déby lance une diversification économique d’envergure, l’économie du pays étant jusqu’alors principalement basée sur l’industrie du pétrole. Alors que le Tchad compte en 2001 parmi les pays les moins avancés (PMA) du continent africain, il occupe en 2015 la troisième place de l’Africa Performance Index (API), outil de notation et de classement des institutions du secteur public en Afrique.
Idriss Déby débloque cette même année 4,57 millions d’euros pour venir en aide à la région du lac Tchad, en proie à la désertification et fertile au développement de groupes terroristes tels que Boko Haram. Le Tchad étant une cible stratégique pour le groupe terroriste Boko Haram, Idriss Déby tourne une partie de sa politique de ce mandat vers la lutte contre le terrorisme.
Devant faire face à la menace grandissante de Boko Haram, un groupe terroriste rallié à Daesh dans le nord du Nigeria, Idriss Déby augmente la participation du Tchad à la Multinational Joint Task Force (MNJTF), une force armée composée du Niger, du Nigeria, du Bénin et du Cameroun. En août 2015, Idriss Déby déclare à ce sujet dans un entretien que la MNJTF a décapité Boko Haram.
Le 1er décembre 2015, à l’occasion du sommet Défi climatique et solutions africaines en marge de la Conférence de Paris sur le climat (COP 21), Idriss Déby alerte la communauté internationale sur le besoin de financement pour l’avenir du lac Tchad, dont la surface a été divisée par huit depuis 1973 : La question du lac Tchad est ancienne. À toutes les rencontres sur le climat depuis 20 ans, ce dossier a été évoqué […] depuis Copenhague, Rio et aujourd’hui Paris. Je ne suis pas sûr que jusqu’à aujourd’hui, nous ayons trouvé des oreilles, tout au moins des actions concrètes.
Début 2016, l’affaire Zouhoura (une jeune fille violée par des fils de dignitaires du régime) soulève des manifestations. Dans le contexte politique qui a vu se développer les contestations en Afrique subsaharienne, Idriss Déby fait interdire les manifestations et appréhender les auteurs du crime.
En février 2016, Idriss Déby annonce sa candidature à l’élection présidentielle d’avril 2016.
Il fait alors figurer dans son programme l’instauration d’une limite des mandats dans la Constitution, déclarant qu’en 2005, la réforme de la Constitution était menée dans un contexte où « la nation était en danger » tandis qu’en 2016, le Tchad « ne peut pas se concentrer sur un système qu’un changement de pouvoir mettrait en difficulté ». En avril, sans opposition solide, il est réélu dès le premier tour avec 59,9 % des voix. Lors de son discours d’investiture, Idriss Déby développe les nouvelles priorités de ce mandat, parmi lesquelles la diversification de l’économie tchadienne, jusqu’ici trop centrée sur le pétrole. Il déclare notamment que le salut ne viendra jamais des ressources pétrolières avant d’annoncer compter sur l’agriculture et l’élevage et miser sur l’exploitation minière. Il s’engage également à élargir la couverture en eau potable à 83 % et renouvelle sa promesse de construire 3 000 km de routes bitumées ainsi qu’un grand réseau ferroviaire pour relier le Tchad au Soudan, au Cameroun et au Nigeria
Le 12 octobre 2016, Idriss Déby effectue une visite diplomatique en Allemagne et rencontre le lendemain la chancelière allemande Angela Merkel. Cette visite fait suite à une invitation de la chancelière formulée lors du dernier sommet du G20 en Chine. C’est la première visite officielle d’un président tchadien en Allemagne.
En 2016, il annonce l’aménagement d’environ 250 000 hectares de terres sur le territoire national, le renforcement des microcrédits pour les producteurs ruraux ainsi que la construction de nouvelles infrastructures de transport et d’énergie. Il signe également l’Agenda 2030 de l’ONU et la déclaration de Malabo pour la croissance et la transformation de l’agriculture en Afrique.
Le 2 février 2017, alors que les élections législatives tchadiennes devaient avoir lieu en 2016, il annonce qu’elles n’auront pas lieu avant 2019 faute de moyens.
En septembre 2017, un rapport d’Amnesty International dénonce une vague de répression au Tchad, sous le mandat d’Idriss Déby. Certes, l’organisation reconnaît que cela n’est pas du même niveau que sous son prédécesseur Hissène Habré (une répression implacable qui fit des dizaines de milliers de morts dans les années 1980) mais elle note que le président Déby, qui effectue son cinquième mandat, n’a pas tenu ses engagements initiaux en matière de respect des droits de l’homme. Elle note qu’Idriss Déby « réduit au silence les voix de ceux qui s’élèvent contre le gouvernement et ses politiques », au moyen d’un harcèlement juridique, administratif et policier continu contre ses opposants. Depuis 2016, 65 manifestations ont été interdites par les autorités et on refuse toute existence légale à plusieurs plateformes d’opposition.
Le 4 mai 2018, il promulgue la Constitution tchadienne de 2018, adoptée le 30 avril 2018 par le Parlement. Le jour même, il annonce une amnistie pour les rebelles, et appelle les exilés politiques à rentrer au Tchad. Pour Djimet Arabi, ministre de la Justice, quand on parle de l’amnistie, c’est une loi qui efface toutes les infractions qui ont été commises, et ça le fait d’une façon rétroactive. Même ceux qui ont détourné de l’argent, ceux qui ont tué, ceux qui ont pillé. Une fois qu’il y a cette loi d’amnistie, elle efface toutes les infractions et ils peuvent tranquillement rentrer chez eux.
Le 7 mai 2018, il forme un nouveau gouvernement de 22 membres, dont 9 femmes.
Le président Déby et ses proches se sont considérablement enrichis : les Panama Papers indiquent que le « clan » au pouvoir a détourné 10,76 milliards de dollars pour les placer dans des paradis fiscaux. Au contraire, les très faibles investissements dans les services publics (écoles, centres de santé, etc) maintiennent l’immense majorité de la population dans une grande pauvreté. Le Tchad est classé 186e sur 189 à l’indice de développement humain des Nations unies. En 2018, l’État tchadien est au bord de la faillite et Déby réagit en réduisant le salaire des fonctionnaires d’un tiers.
Politique étrangère
Rôle en Centrafrique
Idriss Déby considère le nord de la Centrafrique comme stratégique du fait de ses ressources pétrolières. En 2003, il a contribué à la prise de pouvoir de François Bozizé.
En 2012, il se rend en Centrafrique avec l’ancien président burundais Pierre Buyoya, médiateur en Centrafrique pour le compte de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Sa visite fera l’objet d’une polémique car il aurait soutenu le mouvement rebelle de la Seleka. De son côté, Idriss Déby affirme y être allé pour encourager François Bozizé et insister pour qu’il libère le détenu Jean-Jacques Demafouth, chef d’un mouvement politico-militaire.
Président de l’Union africaine
Le 30 janvier 2016, Idriss Déby Itno est élu président de l’Union africaine lors de la cérémonie d’ouverture du 26e sommet, succédant au Zimbabwéen Robert Mugabe. Il est choisi par les présidents de la région Afrique centrale. Son mandat est d’un an. Lors de son discours d’acceptation, il a notamment évoqué la mise en place « d’une force africaine qui permettrait d’intervenir dans la prévention des crises ». Il critique également l’immobilisme de l’organisation : « Nous nous réunissons souvent, nous parlons toujours trop, nous écrivons beaucoup, mais nous n’agissons pas assez, et, parfois, pas du tout. Nous n’anticipons pas assez, nous attendons tout de l’extérieur ».
Début octobre 2016, Idriss Déby se rend en République Démocratique du Congo, le but étant de parvenir au dialogue pour la tenue d’élections présidentielles dans le pays. Il appelle alors les composantes de l’opposition à se joindre au dialogue. Dans un communiqué, il annonce finalement qu’une date a été trouvée pour la tenue des élections présidentielles et législatives.
La relation avec le Cameroun est toujours bonne
Fin octobre 2016, Idriss Déby Itno se rend au Cameroun pour exprimer sa compassion pour les victimes de la catastrophe ferroviaire du train d’Eseka. Il a déclaré à cette occasion : « les relations entre le Cameroun et le Tchad sont très particulières. Nous avons des liens solides et un destin commun. Quand j’ai appris la triste nouvelle, j’ai d’abord fait un message au peuple camerounais. Puis, j’ai estimé que faire un message n’est pas suffisant et je suis venu ».
Début novembre 2016, en marge de la COP 22, Idriss Déby se rend à Marrakech à la demande du roi du Maroc Mohamed VI afin de discuter avec lui de la réintégration du Maroc dans l’Union africaine. Pour rappel, le Maroc a quitté l’Union africaine en novembre 1984 après que celle-ci a décidé d’intégrer la République arabe sahraouie démocratique comme 51e membre. Fervent partisan d’un continent uni, Idriss Déby milite pour « une Afrique sans conflit à l’horizon 2020 ». La question reste cependant toujours en cours de traitement fin 2016. Pour un proche de l’organisation panafricaine, « ce n’est pas le retour du Maroc qui pose problème – car il peut facilement réunir la majorité simple nécessaire pour valider son retour – mais la bataille qu’il entend mener au sein de l’UA dans le but d’expulser la RASD qui dérange énormément de pays acquis à la cause sahraouie ».
Lutte contre Boko Haram
Une de ses premières priorités est l’accélération du combat contre Boko Haram. Le 4 mars 2016, l’Union africaine valide ainsi l’ajout de 10 000 troupes à la Force multinationale mixte (FMM) créée le 23 mai 2016 à N’Djaména. En août, l’Union européenne promet de verser 50 millions d’euros supplémentaires pour aider la FMM à combattre Boko Haram dans le Sahel.
Financement
En 2015, Idriss Déby appelait les pays africains à se débarrasser du Franc CFA
Le Président tchadien, avait fait parler de lui en faisant une proposition pour le moins inatendue. Il demandait aux pays africains de quitter la zone Franc CFA pour créer leur propre monnaie unique. Lors de la célébration du 55ème anniversaire de l’indépendance du Tchad . S’exprimant sur le FCFA, le Président n’avait pas mâcher ses mots. « Il y a aujourd’hui le FCFA qui est garanti par le trésor français. Mais cette monnaie, elle est africaine. C’est notre monnaie à nous. Il faut maintenant que réellement dans les faits cette monnaie soit la nôtre pour que nous puissions, le moment venu, faire de cette monnaie une monnaie convertible et une monnaie qui permet à tous ces pays qui utilisent encore le FCFA de se développer. Je crois que c’est une décision courageuse que nos amis français doivent prendre ». Avait lancé ce jour le numéro tchadien.
« Les clauses économiques entre la France et l’Afrique sont dépassées »
Idriss Déby continue sur un ton austère, fustigeant des clauses économiques entre l’Afrique francophone et la France. Des clauses qu’il juge dépassées. « L’Afrique, la sous-région, les pays africains francophones aussi, ce que j’appelle la coopération monétaire avec la France, il y a des clauses qui sont dépassées. Ces clauses-là, il faudra les revoir dans l’intérêt de l’Afrique et dans l’intérêt aussi de la France. Ces clauses tirent l’économie de l’Afrique vers le bas, ces clauses ne permettront pas de se développer avec cette monnaie-là ».
Convaincu par ses idées, Idriss Déby appelle les Africains à prendre leur courage à deux mains. « On n’a pas besoin de chercher de midi à 14heures. Nous allons continuer à cœur l’amitié avec la France. Mais il faudra avoir le courage de dire que le moment est venu de couper un cordon qui empêche l’Afrique de décoller ».
En août 2016, Idriss Déby fait adopter à la « quasi-unanimité » selon Donald Kaberuka un nouveau mode de financement pour l’Union africaine qui met un terme aux financements extérieurs et permet à l’Union d’assurer son indépendance grâce au prélèvement d’une taxe sur les importations. Idriss Déby définit cette mesure comme un tournant « historique » : « nous prenons des décisions audacieuses pour l’avenir de notre continent. En attendant l’opérationnalisation de ce nouveau mécanisme de financement de l’UA, il faut mettre fin à notre dépendance frustrante et compromettante de notre budget ».
Selon le Président tchadien « ce n’est pas une question cadeau. Aucun chef d’Etat, aucun ministre, aucun Africain ne doit faire de cette question une question cadeau. On se pose pas la question, c’est notre monnaie ». Et à Idriss Déby de s’interroger : « Pourquoi cette monnaie n’est pas convertible ? Pourquoi tous les échanges passent par la banque centrale de la France ? Qu’est-ce que nous gagnons en mettant nos ressources dans des comptes d’opérations ? Quel est le taux d’intérêt que nous gagnons ? Le Président tchadien ne s’arrête pas là. Il adopte un ton satirique, frisant même le ridicule. « Le Franc CFA c’est aujourd’hui du papier. En deux ans, ça devient du chiffon. On ne peut même pas l’utiliser ».
Soulignons que cette même question avait coûté très cher à Mouammar Kadhafi, ex président de la Libye, dans son obsession de doter de l’Afrique d’une monnaie unique.
Par Tinno BANG MBANG
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