Elle a dévoilé son homosexualité il y a 10 jours et risque cinq ans de prison et une amende, c’est peine reservée aux couples de même sexe au Cameroun. L’article 347-1 du code pénal camerounais prévoit jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 200 000 francs CFA (305 euros) d’amende en cas de rapport sexuel entre deux personnes de même sexe.
Brenda Biya (BB) dit avoir subi des réactions hostiles, mais espère que son geste va faire évoluer la loi dans son pays natal.
C’est donc tout un symbole quand un coming out vient de la propre fille du chef de l’État, l’inamovible Paul Biya, 91 ans, au pouvoir depuis plus de quatre décennies. « Je suis folle de toi et je veux que tout le monde le sache« , c’est le message qu’avait posté Brenda Biya sur les réseaux sociaux. Egalement connue sous son pseudo King Nasty, la rappeuse BB de 27 ans a publié sur les réseaux sociaux une photo d’elle embrassant sa compagne, Layyons Valença de 25 ans. Le cliché aurait pu passer inaperçu s’il n’était pas question de la fille du chef d’un Etat où l’homosexualité est un crime.
La présidence camerounaise ne s’est pas exprimée. Le sujet est encore largement tabou au sein de la classe politique, comme de la société camerounaise. Brenda Biya vit en Suisse, « il s’agit de la vie privée d’une personne majeure résidant hors du pays et cela n’engage en rien le Cameroun ni le chef de l’État« .
La fille de Paul et Chantal Biya veut politiser son geste. Elle dit espérer que cette prise de position libérera d’autres personnes au Cameroun. Et même qu’elle permettra de faire changer la loi. « Au moins supprimer la peine de prison » encourue par les couples homosexuels, dit-elle, tout en reconnaissant que la lutte sera difficile.
La photo a été publiée dimanche 30 juin sur Instagram, dernier jour du mois des fiertés pour la communauté LGBTQ+. Brenda Biya, 26 ans, fille du président camerounais, Paul Biya, y apparaît embrassant sa compagne, la mannequin brésilienne Layyons Valença. Ce n’est pas la première fois que les deux femmes affichent leur proximité sur les réseaux sociaux. Mais cette fois-ci, King Nasty, de son pseudonyme de rappeuse, qui compte plus de 300 0000 abonnés, a mis fin aux rumeurs.
Dix jours après ce coup d’éclat, elle se confie mardi 9 juillet dans le journal Le Parisien. Elle, qui vit en Suisse depuis l’adolescence, raconte que sa famille a appris son homosexualité par cette publication sur les réseaux sociaux. « Mes parents m’ont appelé et demandé de la supprimer« , dit-elle. « Mais j’avais déjà sauté le pas. Depuis, c’est silence radio« .
À ceux qui l’accusent d’avoir publiquement fait son coming out pour booster sa carrière de rappeuse, elle répond qu’elle l’a fait en pensant à ceux qui, comme elle, « souffrent à cause de ce qu’ils sont ».
Brenda Biya explique ensuite avoir reçu, depuis son geste, « beaucoup de soutien de la part d’organisations camerounaises et occidentales », mais également de nombreuses réactions homophobes, négatives, « très violentes que je suis encore en train de digérer ».
Brenda Biya a relancé le débat sur la dépénalisation de l’homosexualité, dans un pays où elle est criminalisée.
Lorsqu’elle a fait son coming out, son frère l’a appelée le premier, explique-t-elle au Parisien. « Il était en colère parce que je l’avais annoncé sur les réseaux avant de lui en parler. Je le comprends, mais dans ma famille, il y a beaucoup de choses dont on ne parle pas. »
Puis ses parents lui ont demandé de supprimer sa publication, « mais pour moi, c’était comme faire un pas en arrière parce que ça n’était pas qu’un post, cela signifiait s’accepter soi-même. Depuis, c’est silence radio. » Pour autant, la photo en question n’apparaît désormais plus sur son compte Instagram.
Une plainte déposée par le DDHP
Une plainte a été enregistrée hier mardi, par l’association « Debout contre la dépénalisation de l’homosexualité dans notre pays » (DDHP), connue pour son opposition ferme à l’homosexualité. Cette plainte qui vise Brenda Biya, fille du président camerounais, a été déposée auprès du procureur du Tribunal de première instance de Yaoundé.La plainte a été déposée par Patrice Christ NGUIDJOL, président du DDHP. Dans sa plainte, M. NGUIDJOL accuse Mme Biya de « promouvoir et pratiquer l’homosexualité » à travers ses publications sur les réseaux sociaux.
Des publications jugées « provocantes »
M. NGUIDJOL cite notamment une publication dans laquelle Mme Biya apparaît enlaçant une autre femme, ainsi qu’une série de photos d’elle portant des vêtements arc-en-ciel, symbole du mouvement LGBT+. Il estime que ces publications sont « provocantes » et « visent à normaliser l’homosexualité » dans un pays où elle est illégale.
Dans sa plainte, M. NGUIDJOL demande au tribunal de condamner Mme Biya à la peine maximale prévue par la loi. Il demande également au tribunal de lui interdire de publier des contenus « promouvant l’homosexualité » sur les réseaux sociaux.
Brenda Biya n’a pas encore réagi à la plainte.
Par Regard Sur l’Afrique
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