L’ancien président centrafricain François Bozizé a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de décembre 2020, au terme du congrès de son parti politique, samedi soir.
François Bozizé est né en 1946 à Mouila, au Gabon. Arrivé au pouvoir par un coup d’État le 15 mars 2003, il a dirigé la Centrafrique de 2005 à 2013, quand il a été renversé par un autre coup d’Etat.
Malgré sa responsabilité dans le chaos centrafricain, le président chassé du pouvoir en 2013 a été choisi par son parti pour se présenter en décembre 2020. Toujours sous sanctions des Nations Uni, François Bozizé reste accusé par la justice centrafricaine de crimes contre l’humanité et appel au génocide.
Sans surprise, l’ancien président François Bozizé a été investi par son propre parti, le Kwa Na kwa (KNK), candidat à la prochaine élection présidentielle, attendue en décembre 2020. « J’accepte solennellement la mission que vous me confiez », a-t-il déclaré à l’issue de sa désignation, samedi 25 juillet.
« Mesdames et messieurs, distingués invités, ouvriers et ouvriers, le congrès viennent de me désigner candidat du Kwa na Kwa à la prochaine élection présidentielle de 2020-2021 », a déclaré Bozizé lors d’un discours prononcé devant ses partisans et retransmis en direct sur les réseaux sociaux.
« J’accepte solennellement la mission que vous me confiez de porter de nouveau nos couleurs, d’être candidat du peuple à l’élection présidentielle de 2020-2021 afin de relever tous ces défis qui nous attendent pour le redécollage de la République centrafricaine. Avec vous, nous bâtissons un nouvel État digne et respecté pour un développement harmonieux », a-t-il indiqué aux militants de son parti.
Après six années d’exil à l’étranger, François Bozizé est revenu le 16 décembre 2019, juste un an avant le scrutin présidentiel.
« Depuis mon exil, je n’ai jamais oublié notre chère patrie », a déclaré Bozizé samedi, peignant « un tableau aussi sombre que traumatisant » de la Centrafrique d’aujourd’hui sous le régime de Tourdera.
Sa candidature déclarée samedi, crée déjà la polémique au vu de la situation. Une décision prise en dépit de son rôle majeur dans la guerre civile et l’éclatement du pays depuis le mois de décembre 2012, et qui raconte le niveau d’impunité installé dans la classe politique centrafricaine depuis des décennies.
En effet, c’est bien sous sa présidence que la Centrafrique s’est embrasée, en 2012. François Bozizé a pris la responsabilité de tenir des discours politiques fortement teintés de racisme, n’hésitant pas à stigmatiser les musulmans, lorsqu’il a dû faire face à la coalition des groupes du nord, eux-mêmes responsables d’exactions et de crimes importants.
Bozizé est sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités centrafricaines en 2013 accusant Bozizé de « crimes contre l’humanité » et d’« incitation à la haine et au génocide ».
Sous le coup d’un mandat international
En 2013, les autorités centrafricaines ont également émis un mandat d’arrêt international contre lui, l’accusant de « crimes contre l’humanité » et « d’incitation à la haine et au génocide ». Il devrait, en principe, être traduit devant la Cour pénale spéciale (CPS), créée à Bangui en 2015. Pendant les années 2000, en particulier lors de l’échec de son coup d’État de 2002, puis lors de la réussite de son coup d’État de 2003, les forces de François Bozizé ont commis une multitude d’exactions, de massacres et d’exécutions.
Des crimes qui ont continué, tout le long des années 2000. Rentré au pays en décembre 2019, François Bozizé n’a toujours pas été traduit devant la CPS.
Une demande de pardon sans faute morale
Lors de sa première conférence de presse, le 27 janvier 2020, le président déchu avait reconnu avoir fait des erreurs : « Encore une fois, pour toutes les erreurs commises de ma part, et pour les torts commis aux uns et aux autres et qui auraient pu résulter de mon action à la tête du pays, je demande solennellement pardon en ce jour. »
François Bozizé n’est pas le seul ancien président responsable du chaos à séjourner librement à Bangui. C’est aussi le cas de Michel Djotodia, l’homme qui l’a renversé en mars 2013.
RSA
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