Les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger il y a près d’un mois ont annoncé le 24 août qu’ils autoriseraient les forces armées de leurs voisins du Burkina Faso et du Mali à intervenir sur leur sol «en cas d’agression». Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso et du Mali, Olivia Rouamba et Abdoulaye Diop, étaient en visite à Niamey le 24 août où ils ont été reçus par le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani.
Ils ont «salué» la signature d’ordonnances «autorisant les forces de défense et de sécurité du Burkina Faso et du Mali à intervenir en territoire nigérien en cas d’agression», selon un communiqué lu par Oumarou Ibrahim Sidi, le secrétaire général adjoint du ministère des Affaires étrangères du Niger, à l’issue de la visite.
«En cas d’agression», Niamey autorisera l’intervention des armées du Burkina et du Mali
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé la création d’une alliance défensive. Baptisée «Alliance des Etats du Sahel», celle-ci prévoit que les trois pays africains se portent mutuellement secours en cas d’attaque contre l’un d’entre eux.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont signé le 16 septembre une charte établissant une alliance défensive, ont annoncé à Bamako, capitale du Mali, les délégations ministérielles des trois pays. Cette «Charte du Liptako-Gourma» créé «l’Alliance des Etats du Sahel» (AES), a écrit sur X (ancien Twitter) le chef de la junte du Mali, Assimi Goita. Son but est «d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle», a-t-il souligné.
J’ai signé ce jour avec les Chefs d’Etat du Burkina Faso et du Niger la Charte du Liptako-Gourma instituant l’Alliance des États du Sahel (AES) ayant pour objectif d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle au bénéfice de nos populations. pic.twitter.com/IjT43NHrKs
— Colonel Assimi GOITA (@GoitaAssimi) September 16, 2023
La charte prévoit (art. 6) que «toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité du territoire d’une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres parties et engagera un devoir d’assistance et de secours de toutes les parties, de manière individuelle ou collective, y compris l’emploi de la force armée pour rétablir et assurer la sécurité au sein de l’espace couvert par l’Alliance».
Depuis le coup d’Etat du 26 juillet au Niger, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) maintient une position constante: les autorités militaires doivent «restaurer l’ordre constitutionnel immédiatement» en libérant le président déchu Mohamed Bazoum et en le réinstallant dans ses fonctions.
Lutte contre la menace djihadiste
L’organisation ouest-africaine a plusieurs fois brandi la menace d’une intervention armée et a imposé de lourdes sanctions économiques au Niger. Or, le Burkina et le Mali voisins estiment qu’une opération militaire contre leur pays serait une «agression illégale et insensée» et ont promis une «riposte immédiate» à toute agression.
«Cette alliance sera une conjugaison des efforts militaires, économiques entre les trois pays», a déclaré aux journalistes le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop. «Notre priorité c’est la lutte contre le terrorisme dans les trois pays», a-t-il ajouté.
La région du Liptako-Gourma – frontalière du Mali, du Burkina Faso et du Niger – a été ravagée par le djihadisme au cours des dernières années. Le Mali et le Burkina voisins, dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d’Etat en 2020 et 2022, avaient rapidement affiché leur solidarité envers les généraux de Niamey après le coup d’Etat du 26 juillet.
Ces derniers restent inflexibles et retiennent prisonnier le président déchu Mohamed Bazoum depuis le 26 juillet, qu’ils comptent poursuivre pour «haute trahison». Au Niger, une dizaine d’attaques djihadistes ont fait plus d’une centaine de morts, dont une moitié de civils, depuis le 26 juillet.
Regard Sur l’Afrique avec RT en français
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