L’ONG LADDH, qui n’avait pas été informée de la procédure lancée contre elle, a appris sa dissolution sur les réseaux sociaux. Les juges justifient leur décision par certaines de ses prises de position, mais aussi par la coexistence de plusieurs associations revendiquant le même nom.
La justice algérienne reproche notamment à l’association de « travailler sur la question des droits de l’homme avec d’autres instances et organisations internationalement reconnues ».
La Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) a annoncé dimanche avoir été dissoute à son insu par les autorités algériennes lors d’un procès tenu en son absence, des faits « révoltants » et un « acharnement continu ».
Dans un communiqué publié en français sur son site, la LADDH estime qu’à l’instar d’autres organisations, elle « paye » son « engagement pour la démocratie, les libertés et les droits humains ».
« Comme [pour] d’autres organisations, la question de la conformité avec la loi sur les associations a toujours fait objet de blocage et d’instrumentalisation de la part des pouvoirs publics. »
Un « acharnement continu […] qui prend, avec cette dernière décision, une proportion d’une extrême gravité », a regretté l’ONG, disant avoir été déclarée « coupable de s’occuper des droits humains ».
Dissolution de la La LADDH; de l'arbitraire. Un jugement portant dissolution de la LADDH daté du 28 sept 2022 est entrain de circuler sur les réseaux sociaux alors que la LADDH n'a même pas été informée. La LADDH y reviendra.https://t.co/3VteuDsWaYhttps://t.co/bFwEzV3yKF pic.twitter.com/Qzj9XQc0Qu
— said SALHI (@saidsalhi527) January 20, 2023
« Révoltant »
Vendredi, la LADDH avait annoncé avoir appris sa dissolution via un document anonyme publié sur les réseaux sociaux, par une décision de justice rendue le 29 septembre, et qu’elle allait vérifier cette information. Information qu’elle a confirmé ce dimanche.
Cette dissolution faisait suite à une requête du ministère de l’Intérieur auprès du tribunal administratif d’Alger le 4 mai. Le tribunal a statué le 29 juin en faveur de cette requête. L’ONG n’a été à aucun moment informée de cette procédure en cours. La LADDH qualifie d’« intrigante » et « illégale » la manière dont elle a été informée de cette nouvelle.
La justice algérienne lui reproche de « travailler sur la question des droits de l’homme avec d’autres instances et organisations internationalement reconnues […] de militer pour les droits des migrants, pour les droits des travailleurs », ce qui est « révoltant », assure la LADDH.
Fondée en 1985 par un groupe d’opposants, de militants des droits de l’homme et d’avocats, dont Ali Yahia Abdenour qui en deviendra une des plus importantes figures, la LADDH n’a été reconnue officiellement qu’après l’ouverture démocratique de 1989.
L’ONG s’est distinguée lors des années 1990 et des violences terroristes par la défense des droits de l’homme et sa lutte contre les exactions aussi bien celles commises par les autorités que par les groupes islamistes armés.
Depuis les années 2000, des dissensions sont apparues entre les différents leaders de l’organisation, aboutissant à l’éclatement de l’ONG en cinq entités différentes. Cette instabilité organique et légale « a permis aux autorités de faire peser sur la LADDH l’épée de Damoclès de la non-conformité aux lois », atteste une source de la ligue.
La LADDH a annoncé hier qu’elle « étudiera ce jugement et fera valoir ses droits en usant de tous les moyens légaux et légitimes disponibles ».
RSA avec Par MEE et agences
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