Le président français a confié à l’ancien secrétaire d’État à la Coopération de Nicolas Sarkozy le soin d’« expliquer » aux pays partenaires accueillant des bases françaises – Sénégal, Côte d’Ivoire, Gabon et Tchad – « les raisons et les modalités de ces adaptations » prochaines du dispositif diplomatico-militaire français, « tout en étant à l’écoute de leurs besoins » en matière de formation, de coopération et d’équipement, écrit-il dans une lettre que les médias français ont relayé.
L’ex-ministre français, qui avait dénoncé la « Françafrique »
L’ex-ministre avait dû abandonner la Coopération en mars 2008 pour avoir critiqué la « Françafrique », ce système de corruption, de cooptation politique et de chasses gardées commerciales entre Paris et ses anciennes colonies. Ancien sénateur, Jean-Marie Bockel a perdu son fils Pierre, officier dans l’armée française, dans la collision de deux hélicoptères au Mali, en décembre 2019.
Une nomination qui signe un pas de plus vers le retrait des troupes françaises du continent africain.
Après une série de coups d’État au Mali (2020, 2021), au Burkina Faso (2022), puis au Niger (2023), les militaires parvenues au pouvoir dans ces pays ont poussé dehors l’armée française, marquant la fin d’une ère, après une décennie de lutte anti-terroriste dans une région sans succès.
À la suite de ces déconvenues au Sahel, la France a entrepris de réorganiser sa présence en Afrique et compte réduire nettement ses effectifs militaires dans tous les pays où elle opère encore – sauf à Djibouti – au profit d’une présence plus discrète. Les contours de cette réorganisation ont été définis lors d’un conseil de défense, en décembre 2023, selon des sources concordantes.
En novembre 2017, dans l’amphithéâtre de l’université Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou, Emmanuel Macron ouvre son discours sur une citation de l’ancien président burkinabéThomas Sankara. Et déclare : « Il n’y a plus de politique africaine de la France ». Six ans plus tard, le chef de l’Etat franchit une nouvelle étape en nommant Jean-Marie Bockel « envoyé personnel » du président de la République française en Afrique.
Et pour cause, celui qui a été la fois ministre de François Mitterrand, et de Nicolas Sarkozy, est connu pour ses prises de position contre la Françafrique, ce système de connivence entre la France et ses anciennes colonies. L’ancien secrétaire d’Etat à la Coopération avait notamment été débarqué de son poste en 2008 après avoir demandé au président Sarkozy de signer « l’acte de décès de la Françafrique ».
Seize ans plus tard, le voilà de retour aux affaires.
Jean-Marie Bockel, celui que l’on surnomme le « pourfendeur de la Françafrique » est désormais en charge des discussions avec les pays partenaires africains. Et le gros du dossier concerne la présence militaire française sur leur sol. Une présence qui n’a cessé de s’émacier, jusqu’au départ, fin 2023, des derniers soldats opérant au Niger.
Par Tinno BANG MBANG
Discussion à propos du post