Les quelque 12 millions de documents confidentiels sur les paradis fiscaux dévoilés par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dimanche 3 octobre, comptent plusieurs noms de dirigeants africains, dont certains encore en exercice.
Une cinquantaine de personnalités africaines, des mondes politique et des affaires, ont été épinglées dans une enquête qui révèle une nouvelle affaire mondiale d’évasion fiscale.
C’est une enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) qui a révélé au grand jour plus de 29 000 sociétés offshore et épinglé des personnalités de tous bords : artistes, hommes d’affaires ou politiques. Les 600 journalistes qui ont travaillé sur ce dossier se sont basés sur la fuite de près de 12 millions de documents confidentiels. Parmi les personnalités épinglées, une cinquantaine sont africaines.
Kenya. Uhuru Kenyatta et ses proches
L’entourage du président kényan Uhuru Kenyatta est visé par l’enquête, il dispose avec sa famille plusieurs sociétés offshore.
La mère, les frères et sœurs du président kényan disposent en effet de plus sociétés offhsore et fondations au Panama et sur les îles vierges britanniques. Il disposait déjà, avec sa famille, de plusieurs sociétés offshore. Certaines d’entre elles ont été fermées depuis, mais d’autres sont toujours actives. L’enquête journalistiques révèle des actifs qui s’élèveraient à 30 millions de dollars, placés entre le Royaume-Uni et Hong Kong.
Gabon
Le président gabonais Ali Bongo, chef de l’Etat, qui rêve aujourd’hui de rejoindre le Commonwealth, a déjà un pied dans les îles Vierges britanniques. Avec des associés, Bongo détient la société Gazeebo Investments Ltd. Il en est l’actionnaire principal, aux côtés de Jean-Pierre Oyiba, son ex-directeur de cabinet présidentiel, et de Claude Sezalory, l’ancien mari de Sylvia Bongo Ondimba. Le président gabonais détient également une autre société, Cresthill Worldwide Ltd. L’enquête n’a pas révélé les activités de ces sociétés, qui sont aujourd’hui toujours actives.
Côte d’Ivoire. Patrick Achi, premier ministre ivoirien
Le Premier ministre Patrick Achi est cité. En 1998, il est devenu le propriétaire de la société Allstar Consultancy Services Ltd., aux Bahamas. Achi était alors conseiller du ministre ivoirien de l’Energie. S’il a fait en sorte de ne plus voir son nom apparaître sur les documents de cette société, lors de sa nomination au poste de Premier ministre, l’entreprise existe depuis 2006.
J’ai eu l’honneur, en tant que journaliste ivoirien, de participer à l’enquête mondiale #pandora_papers . J’ai eu l’agréable surprise de faire des découvertes inédites sur la Côte d’Ivoire. Une enquête à lire bientôt. @civtransparence @ZoroEpiphaneB @Nath_Yamb @GnamienKonan9 pic.twitter.com/PdYaKGXKJq
— Noël Konan (@malmos2006) October 3, 2021
Cameroun. Marie Gisèle Minlo Momo, l’épouse du ministre des mines, de l’industrie et du développement technologique
L’épouse d’un ministre des mines est devenue actionnaire d’un groupe minier australien. Au Cameroun. L’entreprise australienne Legend Mining Ltd. vient d’acheter 90 % des actions de la société camerounaise Camina SA (Cameroon Mining Action SA). Cette dernière est détentrice des permis pour l’exploration du fer sur la concession de Ngovayang, dans la région Centre, l’un des deux grands projets d’exploitation de ce minerai en cours au Cameroun. Alors que les autorités vantent cet accord qui permettra de développer un secteur minier encore essentiellement artisanal, un autre contrat se noue à l’abri des regards et des cameras de télévision.
Selon les « Pandora Papers », une enquête basée sur une fuite de documents transmis au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), Marie Gisèle Minlo Momo, l’épouse de Babel Ndanga Ndinga, alors ministre des mines, de l’industrie et du développement technologique (2007-2011), acquiert des parts dans Legend Mining Ltd. Dans un documentdaté du 27 décembre 2009, Thérèse Edima, une actionnaire de Camina SA dont le profil et l’occupation demeurent flous, vend « irrévocablement » ses actions à Mme Momo. La femme du ministre devient ainsi actionnaire de Legend Mining Ltd. La transaction se déroule en présence de nombreux témoins, comme l’attestent les signatures au bas du document, dont celle de Brett White, cadre dirigeant de l’entreprise australienne.
Congo. Denis Sassou Nguesso, chef de l’État congolais
Le président congolais, selon les « Pandora Papers », détenait une société, nommée Inter African Investment Ltd., contrôlant des mines de diamant. Celle-ci a été enregistrée aux IVB en 1998, durant le second mandat de l’intéressé à la tête du Congo.
Inter African Investment détenait un compte auprès de la succursale londonienne de la banque Espirito Santo et était également à la tête d’une autre compagnie aux IVB, Ecoplan Finance Ltd. Julienne, l’une des filles de M. Sassou Nguesso, a siégé au conseil d’administration d’Ecoplan.
Cette dernière possédait la majorité des actions d’Escom Congo, une entreprise de construction et d’immobiliers disposant des droits sur les mines de diamant dans le pays. Selon le cabinet panaméen Algocal, Ecoplan n’est plus active depuis 2018.
Tchad. Zakaria Idriss Déby Itno, fils d’Idriss Déby Itno
Fils de feu Idriss Déby Itno, plus jeune demi-frère de l’actuel président, Mahamat Idriss Déby, Zakaria Idriss Déby Itno possédait des actions dans Odian Consulting Ltd., une société des Seychelles, créée en 2008.
Les deux autres actionnaires n’étaient autre que son cousin, Yosko Youssouf Boy, et David Abtour, un présumé trafiquant d’armes. Ce dernier a été marié à une sœur d’une ex-femme d’Idriss Déby. Le registre seychellois n’indique pas le statut de la société.
Outre les présidents kényan et gabonais, le Premier ministre ivoirien, et d’autres ministres africains, on retrouve près de cinquante personnalités africaines ayant des sociétés offshore dans des paradis fiscaux, en passant par la princesse marocaine Lalla Hasnaa, sœur du roi Mohammed VI. L’ex-ministre tunisien Mohzen Marzouk, l’ex-Premier ministre mozambicains Aires Ali et le ministre ougandais de la Sécurité, Jim Muhwezi, sont également cités.
Par Regard Sur l’Afrique
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