Après le Mali, la Guinée. Des militaires ont renversé le président Condé et promis une transition politique. Un putsch avec son lot d’incertitudes.
Le flou continue de régner en Guinée, après le coup d’État de dimanche contre le président Alpha Condé (83 ans).
Tout est allé très vite, ce dimanche 5 septembre. Aux alentours de 8h, des tirs nourris et à l’arme lourde ont éclaté aux abords de Sékhoutouréya, le palais présidentiel où se trouvait alors le chef de l’État, et ils se sont poursuivis tout au long de la matinée. Selon nos informations, les putschistes, emmenés par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, le commandant du Groupement des forces spéciales (GPS), étaient stationnés à Forécariah, à une centaine de km de Conakry.
Emmené par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, le Groupement des forces spéciales (GFS, créé en 2018) a appliqué à la lettre les mots du défunt président ghanéen Jerry Rawlings, arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1981 : Si le peuple est écrasé par ses élites, il revient à l’armée de rendre au peuple sa liberté.
Nous ne venons pas pour blaguer avec le pouvoir, nous ne venons pas jouer, nous allons apprendre de toutes les erreurs qu’on a fait, a déclaré Doumbouya à France 24. Il y a eu beaucoup de morts pour rien, beaucoup de blessés, beaucoup de larmes, déplorait l’officier, dans une claire allusion à l’ex-chef de la junte de 2008-2009, le capitaine Dadis Camara. Son pouvoir éphémère avait été marqué par le massacre perpétré par des militaires lors d’un rassemblement de l’opposition au stade de Conakry le 28 septembre 2009 (au moins 157 morts)
Hier, les putschistes ont cherché à rassurer les citoyens en libérant les prisonniers politiques, en promettant l’installation d’un gouvernement d’union nationale » et une transition « inclusive et apaisée. Aux investisseurs (le pays est un important producteur de bauxite et de minerai de fer), ils ont promis de respecter les contrats économiques et miniers.
Homme fort
Le pedigree de celui que l’on hésite encore à qualifier d’homme fort de la Guinée, a de quoi surprendre. Cinq ans de Légion étrangère (2004-2009) au sein du 2e REI (régiment étranger d’infanterie) puis un retour en Guinée où il devient instructeur en 2011. De stages en formations (Sénégal en 2013, Gabon en 2014…), on le retrouve avec le grade de commandant, nommé à la tête du GFS en 2018, après un an à Paris (2017), comme auditeur à l’École de guerre.
Selon un officier français qui l’a côtoyé, il a un physique hors norme qui tranche avec celui des officiers supérieurs guinéens et un charisme certain. Il est par ailleurs auréolé de son passé de légionnaire et de son bilan à la tête des Forces spéciales qui avaient cartonné des rebelles descendus à Conakry lors de l’élection en tendant une embuscade bien propre à l’entrée de la ville ». Et le militaire français de préciser : Je crois qu’il part avec un a priori positif ; c’est que me disent mes contacts sur place où la liesse populaire n’est pas feinte.
RSA avec AFP
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