Le ministre chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo, a effectué une discrète mais remarquée visite à Moscou ces derniers jours pour signer un nouvel accord de coopération militaire entre les deux pays. Un déplacement symbolique
Le 12 avril 2022, Yaoundé et Moscou ont signé un accord de défense pour une durée de cinq ans.
Le Cameroun et la Russie ont signé, ce 12 avril, un nouvel accord de coopération militaire. Le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo, avait quitté Yaoundé la veille pour Moscou, où il s’est entretenu avec son homologue russe, Sergueï Choïgou. C’est ce dernier, membre du premier cercle de Vladimir Poutine, qui a paraphé le document de treize pages pour la Russie.
Le contenu de cet accord n’a pas été dévoilé par la présidence camerounaise
Les deux pays, représentés par le ministre camerounais de la Défense Joseph Beti Assomo et son homologue russe Sergueï Choïgou, auraient ainsi convenu, dans les grandes lignes, d’échanger des opinions et informations dans le secteur de la défense et de la sécurité internationale, mais aussi de développer des relations dans les domaines de la formation conjointe et également de la lutte contre le terrorisme. Moscou se serait par ailleurs engagée à fournir un soutien logistique à l’armée camerounaise, en proie aux exactions de Boko Haram.
Cet accord de 13 pages survient en pleine crise internationale avec en toile de fond la guerre en Ukraine déclenchée le 24 février par la Russie. L’accord prévoit des échanges d’informations en matière de politique de défense et de sécurité internationale, ainsi qu’un développement de la formation et de l’entraînement des troupes, notamment pour le maintien de la paix. Des partenariats militaires dans le génie, la médecine, la topographie, l’hydrographie, le sauvetage en mer, la lutte contre la piraterie maritime et le terrorisme complètent le dispositif.
La visite du ministre camerounais délégué à la Défense, Joseph Beti Assomo, à Moscou en pleine guerre en Ukraine, n’est du goût des Occidentaux.
L’homme de confiance du président Paul Biya, réputé proche de la Russie, a signé un nouvel accord de coopération militaire avec son homologue russe, Sergueï Choïgou. Les deux pays ont ensuite laissé fuiter le document de treize pages, sans en divulguer les annexes. Le Kremlin prévoit d’inviter des observateurs camerounais à ses exercices militaires, compte exploiter les bases de son partenaire pour l’escale de navires et d’aéronefs, envoyer des soldats pour des opérations conjointes, développer la formation et les consultations entre experts.
Une vision stratégique permanente de chacun des deux pays.
L’accord de 1972, renouvelé en 1975 sous la présidence d’Amadou Ahidjo, était signé avec l’URSS, pendant le changement de la conjoncture sécuritaire au Cameroun ( l’émiettement de l’UPC, et la neutralisation des derniers leaders nationalistes, qui recevaient indirectement le soutien soviétique). Et ce rapprochement sécuritaire avec URSS, se heurtait aux accords Secrets de défense avec la France. Du côté soviétique, les années 1970 marquaient l’offensive soviétique en Afrique tant dans les pays à orientation socio-communistes que ceux rangés à la droite de la scène mondiale( capitalisme) tel le Cameroun.
En 2015, l’accord militaire russo-camerounais intervient en contexte de flottement sécuritaire, lutte contre boko haram. Une crise, qui mobilisée l’assistance technique et militaire étrangère pluriforme, tant des pays euro-capitalistes, asiatiques… En cette période, les rapports entre la Russie et les occidentaux, n’étaient pas au beau fixe.
Et en 2022, un renouvellement, qui oblige à faire le lien avec la crise en Ukraine et l’acharnement des puissances occidentales notamment les USA. L’instinct stratégique qui guide cette coopération, est aussi commandée par des contextes précis. Et cette coopération militaire réactivée, va dans le sens de la politique africaine de la Russie depuis novembre 2000. Pour le Cameroun, cette coopération s’inspire des fondements de sa politique étrangère, avec l’idée de la coopération sans exclusive, si les gains sont réciproques. Pour ma part, le Cameroun, brandit la réalité de sa souveraineté, surtout dans des domaines sensibles et géostratégiques comme la sécurité.
Par Alphonse Engels
Par Tinno BANG MBANG
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