Intervenant dans le cadre du sommet africain du Financial Times en octobre dernier, sur le thème : « What Makes Africa Work ? – A Leader’s View » (« Qu’est-ce qui fait fonctionner l’Afrique ? – Le point de vue d’un leader », le magnat nigérian a soutenu que les interventions des gouvernements doivent se limiter à « créer un environnement favorable au secteur privé ».
C’est une déclaration qui pourrait bien choquer.
L’homme d’affaires le plus puissant d’Afrique l’a dit. Contrairement aux idées reçues selon lesquelles, il revient aux gouvernements de créer de l’emploi, Aliko Dangote semble ramer à contre-courant. Pour la première fortune africaine, ce ne sont pas les États qui doivent créer des emplois, mais les « entrepreneurs ».
En revanche, l’homme dont la fortune est estimée à 16,7 milliards de dollars soit 14,8 milliards d’euros, fixe deux priorités pour les pouvoirs publics: un approvisionnement en électricité stable et des politiques économiques prévisibles.
A 63 ans, l’ascension d’Aliko Dangote paraît irrésistible. Quasi-inconnu hors du Nigeria il y a dix ans, l’homme le plus riche d’Afrique jouit désormais d’un statut digne d’un chef d’État. Aliko Dangote, né le 10 avril 1957 à Kano, Nord du Nigeria et d’origine Haoussa. Ses Parents : Mohammed Dangote et Hajia Mariya Sanusi Dantata.
Il dispose d’un passeport estampillé « Union africaine » et son aura dépasse les frontières du continent.
Les 4 leçons d’Aliko Dangote sur ce qui fait fonctionner l’Afrique
1 – Il faut intégrer toute la chaîne de valeur
« Nous n’allons pas continuer à tout importer plus longtemps », affirme Dangote. Pour le milliardaire nigérian, la clef de sa réussite est « l’intégration verticale en amont ». Derrière ce terme technique se cache une stratégie industrielle ambitieuse : alors que les raffineries sucrières du groupe Dangote importaient du Brésil du sucre, elles ont développé la culture de canne à sucre au Nigéria afin de s’approvisionner localement.
Cette recette est appliquée dans les autres branches du groupe (sucre, riz ciment, fertilisants) et pourrait constituer la base d’une stratégie de développement des économies africaines, leurs permettant d’atteindre l’autosuffisances dans de nombreux secteurs.
2 – Il faut donner la priorité à l’agriculture
Aliko Dangote s’intéresse désormais à l’agriculture, motivé par le fait que « 98% du lait consommé au Nigéria est importé ». Possédant des rizeries, son groupe a également investi dans la production de riz, avec pour objectif de nourrir non seulement le Nigéria, mais aussi le reste de l’Afrique de l’ouest. Il souligne notamment le risque de dépendre des importations, prévoyant une hausse du coût du fret dans les années à venir.
3 – Il faut voir les choses en grand et investir à long terme
Rappelant les risques financiers qu’il avait pris à ses débuts, Dangote appelle les entrepreneurs africains à voir les choses en grand et à investir à long terme. Il a notamment rappelé que d’ici à 2100, l’Afrique allait représenter 50% de la population mondiale, contre 30% actuellement, représentant une demande qui allait devoir être satisfaite.
Dans cette logique, le nouveau pari de Dangote est un investissement de 12 milliards de dollars pour la construction d’une raffinerie d’une capacité de production de 650 000 barils par jours à proximité de Lagos, qui pourra alimenter les marchés d’Afrique de l’Ouest et centrale lorsqu’elle sera opérationnelle.
4 – Ce n’est pas au gouvernement de créer des emplois
Dernière recommandation du magnat nigérian : ce ne sont pas les États qui doivent créer des emplois, mais les entrepreneurs. Les interventions des gouvernements doivent se limiter à créer un environnement favorable au secteur privé. Deux priorités pour les pouvoirs publics : un approvisionnement en électricité stable et des politiques économiques prévisibles.
L’homme qui a fait fortune sans toucher au pétrole
Le tycoon nigérian Aliko Dangote dispose d’une fortune personnelle estimée par la revue Forbes à 16,7 milliards de dollars (14,6 milliards d’euros). Son père était très riche, il exportait ses arachides dans tout le Sahel. Il est mort tôt en 1965 et c’est le grand-père d’Aliko, Sanusi Dantata, qui l’a pris sous son aile.
Son empire, le plus puissant du continent avec des usines dans dix-huit pays, il le doit à une stratégie très simple : obtenir du pouvoir politique que certaines importations soient freinées ou bloquées, puis démarrer une production locale en visant le monopole. Cela a fonctionné dans trois secteurs : le sucre, la farine et surtout le ciment. Cette expansion très agressive est habillée d’un discours de « bienfaiteur » de la nation, voire du continent : l’Afrique ne s’enrichira pas tant qu’elle continuera à exporter des matières premières et à importer des produits transformés, ne cesse de répéter Aliko Dangote, convaincu d’avoir un « destin », et affichant une ambition sans limite.
Le marché du ciment est son principal champ de bataille. L’« or gris », qui représente environ 85 % de son activité, lui a rapporté 2,1 milliards d’euros en 2015. Chiffre qui ‘est multiplié bien évidement tous les ans. Dangote contrôle plus de 60 % des ventes de ciment contre 30 % pour son rival français Lafarge (avant sa fusion avec Holcim).
RSA
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