La Centrafrique, deuxième pays le moins développé du monde selon l’ONU, a annoncé mercredi avoir adopté le bitcoin comme monnaie officielle au côté du franc CFA et légalisé l’usage des cryptomonnaies, assurant être le premier pays à le faire en Afrique.
L’Assemblée nationale a voté « à l’unanimité » des députés présents la loi « régissant la cryptomonnaie en République centrafricaine » et le président Faustin Archange Touadéra l’a promulguée, assure dans un communiqué le ministre d’État et directeur de cabinet de la Présidence, Obed Namsio, ajoutant : la Centrafrique est « le premier pays d’Afrique à adopter le bitcoin comme monnaie de référence ».
Après le Salvador, la RCA est devenue, mercredi 27 avril, le deuxième pays au monde à adopter le bitcoin comme monnaie légale. La Centrafrique, deuxième pays le moins développé du monde, selon l’ONU.
« Cette démarche place la République centrafricaine sur la carte des plus courageux et visionnaires pays au monde », estime au contraire la présidence de la Centrafrique. D’après le texte de loi, ces nouvelles transactions liées aux cryptomonnaies pourront être effectuées « sans restriction (…) par les personnes physiques ou morales, publiques ou privées ». Dans le lot, sont notamment évoquées : « les activités de commerce en ligne », « toutes transactions électroniques » ou bien encore « les contributions fiscales ». La loi prévoit aussi que « les échanges en cryptomonnaies ne sont pas soumises à l’impôt ».
La Centrafrique n’a rien fait pour propulser ce mode de paiement dans son pays. Aucune publicité n’a été faite avant la promulgation de la loi et aucun portefeuille de cryptomonnaie, pouvant donner un accès direct et gratuit aux transactions à ses habitants sous forme d’application, n’a été créé.
Comment s’en sortir avec ce système alors que plus de la moitié de la population n’a pas accès à Internet. D’après une étude de DataReportal, ils étaient 11,4 % à posséder un accès à un quelconque réseau en janvier 2021. De quoi douter d’un futur succès du bitcoin.
L’influence de la Russie ?
Les puissances occidentales (Europe et États-Unis) craignent en effet que la Russie ait recours au Bitcoin pour atténuer le poids des sanctions imposées en réponse à son invasion de l’Ukraine.
La RCA souffre d’un conflit permanent depuis son indépendance en 1960. En 2013, des rebelles majoritairement musulmans ont pris le contrôle de ce pays majoritairement chrétien. Des milices d’autodéfense se sont formées pour riposter, entraînant des massacres généralisés selon des lignes sectaires.
Après l’arrivée au pouvoir du président Faustin-Archange Touadéra en 2016, le pays a commencé à réorienter son alliance stratégique de la France vers la Russie.
Pourquoi certains pays adoptent le bitcoin comme monnaie légale. Les pays en développement portent un fort intérêt aux cryptomonnaies.
En 2021, les cours avaient flambé de plus de 150% à un plus haut historique de 68.991 dollars, avant de s’effondrer de plus de 30%. En 2022, les variations restent très fortes: -17% en février, +8% en mars et +10% en avril. Actuellement, le bitcoin s’échange à plus de 39.000 dollars.
Pourquoi alors des pays souhaitent adopter cette monnaie ? D’après un rapport réalisé par KPMG, le bitcoin présente plusieurs avantages notamment pour les populations. Les transferts d’argent sont beaucoup plus rapides et coûtent moins cher que les transferts classiques opérés par Western Union. Dans certains pays, très peu de personnes possèdent un compte bancaire. « En revanche, même dans les zones les plus pauvres, les moins développées, l’accès aux smartphones (et à internet plus largement) est aujourd’hui largement répandu », souligne KPMG.
Autre raison qui pourrait pousser des États à faire du bitcoin une monnaie légale : l’énergie. Les pays qui en produisent ont souvent des surplus d’énergie impossibles à stocker. Ces surplus pourraient servir à exploiter des mines de cryptomonnaie et donc gagner de l’argent. Enfin, un État qui est la cible de sanctions internationales pourrait plus facilement réaliser des échanges à l’échelle internationale avec du bitcoin plutôt qu’une monnaie « classique ».
Certains leaders d’opinions voient dans l’adoption du bitcoin une tentative de saper le CFA, dans un contexte de lutte d’influence entre la Russie et la France sur ce pays riche en ressources.
Un grand nombre de pays sous-développés ou émergents ont choisi de lier leur destin à celui du Bitcoin ou autres cryptomonnaies. Une façon de lutter contre l’inflation, la dévaluation des monnaies nationales ou une dépendance excessive envers le dollar.
En octobre 2021, C#Corner a publié le classement des pays ayant le plus grand nombre de détenteurs de cryptomonnaies.
Le Top 5 était le suivant :
- Inde : 100 millions
- USA : 27 millions
- Russie : 17 millions
- Nigeria : 13 millions
- Brésil : 10 millions
C’est quoi une cryptomonnaie et la Blockchain?
La Cryptomonnaie est une devise numérique décentralisée qui utilise des algorithmes cryptographiques et un protocole nommé Blockchain pour assurer la fiabilité et la traçabilité des transactions. Les cryptomonnaies sont entièrement virtuelles, elles peuvent être stockées dans un portefeuille numérique protégé par un code secret appartenant à son propriétaire. Des plateformes d’échanges (Binance, Coinbase, Bitstamp, etc.) servent à acheter et revendre de la cryptomonnaie en ligne.
Les cryptomonnaies sont nées d’Internet et de la mondialisation. Elles ne dépendent pas d’une Banque centrale et ne constituent en rien des unités monétaires officielles comparables au dollar, à la livre sterling ou à l’euro. Elles ont une existence réelle puisqu’elles sont utilisées sur la « Toile ». Les plus connues sont Bitcoin, Ethereum, Ripple, EOS, Litecoin, etc.
La Blockchain est une technologie moderne de stockage et de transmission d’informations. Elle fonctionne sans organe central de contrôle, mais apporte transparence et sécurité grâce à la validation des transactions par les nœuds du réseau.
Par Tinno BA NG MBANG
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