La Russie utilise le sommet des pays émergents pour démontrer l’échec de la politique occidentale qui cherche à l’isoler sur le plan diplomatique. Symboles d’un nouvel ordre mondial.
Les cinq membres fondateurs (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), rejoints notamment par l’Iran et l’Égypte l’année passée, vont échanger avec des pays candidats et invités pendant trois jours. Une véritable vitrine pour le Kremlin.
La Russie accueille jusqu’à jeudi le sommet des Brics, un forum informel regroupant les plus grandes économies émergentes de la planète. Vladimir Poutine en profite pour essayer de montrer qu’il n’est pas aussi isolé que ce que les pressions des pays occidentaux peuvent laisser penser. Le président russe multiplie les rencontres en tête-à-tête avec la vingtaine de chefs d’État invités à Kazan, la capitale du Tatarstan russe qui a accueilli plusieurs matches de la Coupe du monde de football en 2018.
C’est un autre type de match qui oppose le maître du Kremlin aux dirigeants occidentaux à l’occasion de ce sommet.
Vladimir Poutine s’affiche entouré et nargue l’Occident au Sommet des BRICS, à Kazan en Russie où il sera question d’une alternative au dollar et d’un nouvel élargissement.
L’un des premiers dirigeants à s’exprimer devant Vladimir Poutine ce matin était Narendra Modi. Le Premier ministre indien a salué « le partenariat stratégique spécial » entre la Russie et l’Inde, qu’il souhaite renforcer avec sa visite. Membre fondateur des BRICS en 2009 et première population mondiale, l’Inde se rêve comme puissance incontournable des pays du sud. Tout en cultivant ses partenariats économiques et militaires avec le bloc occidental.
Malgré des divergences, les BRICS gardent leur premier objectif en tête : s’imposer en tant qu’alternative aux pays occidentaux. Une domination qui passe par l’accueil de nouveaux membres. C’est la première réunion depuis l’élargissement du groupe en 2023, avec l’arrivée de l’Égypte, de l’Iran, des Émirats arabes unis et de l’Éthiopie.
Plus globalement, Russie et Chine se veulent plus offensives envers l’Occident que le Brésil et l’Inde. Loin de former un bloc cohérent, ses membres oscillent entre coopération et compétition. L’élargissement de 2023 a d’ailleurs embêté le Brésil, qui craint de voir son influence se diluer dans le nombre. À l’inverse, la Russie y voit un moyen de limiter son isolement quand la Chine, puissance dominante du groupe, espère en faire un instrument au service de ses ambitions.
Sans réussir, pour le moment, à s’imposer comme un contre-pouvoir global, ce club a toutefois créé une banque de développement, a intensifié ses relations entre membres et offre une symbolique alternative aux pays du Sud, mécontents de l’ordre mondial actuel, trop dominé par les Occidentaux. Surtout les Brics + sont attractifs. Ils représentent presque la moitié de l’humanité, environ un tiers du PIB mondial et 50% des hydrocarbures de la planète.
Plusieurs pays veulent intégrer les Brics +
Lors de cette réunion au grand complet, sans aller jusqu’à une monnaie commune, il sera question d’alternative au dollar, de moyen de paiement international différent du système SWIFT, de la situation au Moyen-Orient, mais pas de la guerre en Ukraine.
Les discussions porteront également sur un nouvel élargissement, souhaité par la Chine et la Russie. Cette fois, c’est une trentaine de pays qui tapent à la porte. En effet, s’il y a moins de réserves disponibles, intégrer les Brics + est l’occasion d’accéder à de l’argent à de meilleures conditions que celles du FMI ou de la Banque mondiale.
Reste que les Brésiliens, notamment, sont peu enthousiastes. Et puis chaque pays a ses poulains, qui ne font pas forcément l’unanimité. Pour éviter les tensions, le bloc étudie la création d’un statut de pays partenaire et l’adoption de nouveaux critères d’affiliation. Si de bonnes relations diplomatiques avec tous les membres seront exigées, aucune garantie démocratique ne sera nécessaire. La Biélorussie, le Venezuela, et même les talibans afghans sont intéressés. Les candidats les plus sérieux restent cependant la Malaisie, l’Azerbaïdjan, la Thaïlande et surtout la Turquie, qui sera là pour réaffirmer son désir de rejoindre le club.
Le Cameroun fait partie des nouveaux pays qui ont exprimé leur intérêt à rejoindre l’alliance BRICS+ dont son adhésion sera validé lors de ce sommet Kazan.
Regard Sur l’Afrique Par Tinno BANG MBANG
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