Pour atteindre ses objectifs, le Président camerounais Paul Biya, mise sur la diplomatie économique qui est l’un des principaux instruments de l’action extérieure de ses multiples voyages à l’étranger.
La Diplomatie économique représente la fonction de politique étrangère qui fait la liaison entre les démarches de politique étrangère et l’aisance économique des citoyens d’un pays et a comme objectif l’utilisation de tous les instruments de politique étrangère en vue de la promotion des intérêts économiques.
La Diplomatie camerounaise s’active depuis le mois de juillet pour promouvoir la candidature de l’économiste Albert Zeufack au poste de président de la Banque africaine de développement, en lieu et place de celle de l’ancien gouverneur de la BEAC, soutenu par N’Djamena.
Si Albert Zeufack officialise sa candidature, il sera le deuxième à le faire en Afrique Centrale. La candidature de Abbas Mahamat Tolli, ancien gouverneur de la BEAC ayant déjà été portée par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac). Cependant, cette candidature pourrait néanmoins ne pas prospérer. Selon certaines indiscrétions, le « candidat tchadien n’aurait pas bonne presse auprès des Etats membres de l’Union africaine ». Ces derniers lui reprocheraient des erreurs de gestion lors de son passage à la BEAC notamment « le tribalisme, le népotisme et le non-respect des procédures ayant conduit au scandale des recrutements à la BEAC, en 2022 ». Le fait qu’un tchadien soit président de la Commission de l’Union Africaine depuis 2017 « pourrait également disqualifier la candidature de ce pays, et faire perdre à la zone CEMAC une opportunité rêvée de décrocher ce prestigieux poste ». C’est pourquoi le Cameroun veut se positionner comme alternative au Tchad en proposant la candidature d’Albert Zeufack, « dans le but de préserver les intérêts de la CEMAC ».
- Ce sont les États-Unis qui ont conçu la diplomatie économique la plus efficace et qui donnent le ton dans cette nouvelle compétition. La domination de Washington sur les affaires du monde est l’expression d’une stratégie mûrement réfléchie et scrupuleusement mise en œuvre. Pour s’imposer sur les marchés internationaux, les États-Unis ont mis en place une « Diplomatie pour une compétitivité globale », associant aide au développement, assistance technique et interventions directes pour influer sur le dénouement des négociations de grands contrats internationaux. Ils ont également réorienté les personnels du département d’État sur les questions économiques et commerciales et ont lancé une « stratégie nationale d’exportation » : 18 marchés émergents ont été sélectionnés : ils devraient représenter, dans la prochaine décennie, des marchés égaux ou supérieurs à ceux de l’Europe.
- Surtout, depuis le début des années 1990, l’administration américaine s’est attachée à renforcer la cohésion et le poids de sa diplomatie commerciale. Un comité interministériel de promotion des exportations (Trade Promotion Coordinating Comittee) est créé en 1992. Puis, à partir de 1993, a été mis en œuvre le concept d’Advocacy Policy, qui organise la planification stratégique, la collecte d’informations, la sélection des projets stratégiques, le financement et l’évaluation finale des actions économiques internationales. Ainsi a été créé un organisme capable de mobiliser dans un effort commun l’ensemble des intervenants du commerce extérieur.
Dr Albert G. Zeufack, 30 ans dans le développement économique international
C’est au regard de son profil que le gouvernement a décidé de soutenir sa candidature à la présidence de la BAD. Albert Zeufack occupe en effet actuellement le poste de Directeur pays de la Banque mondiale pour la République démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et Sao Tomé et Principe. En tant que directeur pays de cette institution, il gère « un portefeuille de 14 milliards de dollars et supervise 250 employés dans les 6 bureaux africains.
Titulaire d’un doctorat en sciences économiques du CERDI-Université de Clermont-Ferrand (France) où il a enseigné avant de rejoindre la Banque mondiale, Albert G. Zeufack est également titulaire d’un DEA en analyse et politiques économiques de l’Université de Yaoundé (Cameroun) et a suivi des enseignements professionnels à Harvard et Stanford. Il est membre du réseau de l’ONU pour le développement durable, membre du Comité technique consultatif pour la Charte des ressources naturelles (Oxford), membre du Conseil consultatif de l’Institut pour la gouvernance des ressources naturelles (NRGI) et membre du Conseil d’administration du Consortium pour la recherche économique en Afrique (AERC).
Faire de la diplomatie économique une priorité. Plan d’action pour Etoudi
Pour Atteindre ses objectifs d’émergences 2035, Paul Biya veut contrôler la BAD (Banque africaine de développement) en proposant la candidature du Dr Albert G. Zeufack pour remplacer le nigérian Dr Akinwumi Adesina. La BAD, dont le siège est à Abidjan, a été fondée en 1964 et a comme filiales, le Fonds africain de développement et Nigeria Trust Fund ·
Dr Zeufack a rejoint la Banque mondiale en 1997 et a commencé sa carrière comme chercheur au sein de la Division macroéconomie et croissance du Département de la recherche. Il a ensuite occupé différents postes au sein des Régions Afrique, Asie de l’Est et le Pacifique, et Europe et Asie Centrale. Entre 2008 et 2012, il s’est mis en disponibilité, pour travailler dans le fonds souverain malaisien, Khazanah Nasional Berhad, en tant qu’économiste en chef et directeur de la recherche et de la stratégie.
Le Cameroun veut soutenir la candidature d’Albert Zeufack pour plusieurs raisons. Cela lui permettrait de: mobiliser davantage des prêts concessionnels via le guichet BAD, afin de financer les projets de la stratégie nationale de développement (SND30), renforcer les possibilités de financement en faveur du secteur privé, pour mieux accompagner le processus d’industrialisation national, disposer d’une position d’influence stratégique au niveau mondial, retrouver « un poste digne du statut du Cameroun, comme colosse économique de la Cemac dans les instances régionales », disposer d’un réseau d’influence mondial élargi , suite à sa candidature à rejoindre les BRICS et à l’élection de l’ancien Prémier ministre, Philémon Yang, à la présidence de la 79ème Assemblée Générale des Nations Unies(ONU).
Selon notre source, c’est le ministre des Relations Extérieures, Lejeune Mbella Mbella qui a écrit au Ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République(SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh au mois de juillet 2024 pour solliciter le « Très Haut Accord du président de la République Paul Biya, afin qu’il autorise le gouvernement à soutenir la candidature du Dr. Albert Zeufack. Ce dossier est suivi de près par Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Economie, de la planification et de l’Aménagement du territoire. Également par Louis Paul Motaze, ministre des Finances. Pour que la candidature camerounaise prospère, plusieurs actions doivent être menées. Le Cameroun doit « obtenir le soutien des pays de l’Afrique Centrale, négocier avec le Tchad qui est lui aussi intéressé par le poste et avec qui le Cameroun sort d’un imbroglio diplomatico-économique suite à l’affaire Savannah Energy, se faire adouber par l’Union Africaine dont les membres représentent 61% des voix, et qui a présenté Philémon Yang à la présidence de la 79ème Assemblée Générale des Nations Unies ». Aussi, il faut « donner des assurances aux partenaires non africains de la BAD notamment les Etats-Unis, la France et l’Allemagne pour la sauvegarde de leur intérêt ».
Par Regard Sur l’Afrique
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