Le sommet de Paris se clôt sur des avancées timides. Le sommet pour un nouveau pacte financier mondial organisé sur deux jours à Paris s’est achevé ce vendredi.
Il s’agit d’un sommet inclusif et multi-acteurs. Les chefs d’État de pays du Nord comme du Sud ont été invités à participer au sommet, des dirigeants des banques multilatérales de développement, des organisations internationales, le secteur privé, les ONG internationales.
Quels sont les objectifs du sommet ?
Dans la perspective des nombreuses échéances internationales qui scanderont la fin de l’année 2023 et les années qui suivront, le sommet pour un nouveau pacte financier mondial permettra de définir les principes des réformes à venir et de fixer une trajectoire vers un partenariat financier plus équilibré entre le Sud et le Nord. Il ouvrira également la voie à de nouveaux accords pour lutter contre le surendettement et permettre à davantage de pays d’accéder aux financements dont ils ont besoin pour investir dans le développement durable, mieux préserver la nature, faire chuter les émissions et protéger les populations contre la crise écologique, là où c’est le plus nécessaire.
Afin de reconstruire la confiance dans le système international, nous avons besoin d’un nouveau consensus qui permettra de déterminer des règles du jeu équitables, de partager le fardeau engendré par la crise écologique et de bâtir la prospérité et la sécurité pour tous les pays. Le Nouveau pacte financier mondial permettra de définir les principes et les mesures nécessaires pour réformer le système financier et lutter contre les hauts niveaux d’endettement qui empêchent les gouvernements de mettre en œuvre une action ambitieuse pour réduire les fractures climatiques, économiques et technologiques qui risquent de fragmenter notre monde.
Les réponses apportées par la communauté internationale sont aujourd’hui fragmentées, partielles et insuffisantes. Nous appelons donc, aujourd’hui, à une révision profonde de notre logiciel. Nous devons construire, ensemble, un système financier international plus réactif, plus juste, et plus solidaire permettant de lutter contre les inégalités, de financer la transition climatique, et de nous rapprocher de l’atteinte des objectifs du développement durable.
MIA MOTTLEY, Première ministre de la Barbade
Nous frapperons fort, car nous allons tout d’abord établir un nouveau consensus. La lutte contre la pauvreté, la décarbonation de notre économie, afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et la protection de la biodiversité sont étroitement liées. Nous devons donc nous accorder conjointement sur la meilleure façon de faire face à ces défis dans les pays pauvres et les pays émergents du monde en développement, sur le montant des investissements, sur la réforme de l’ensemble des infrastructures comme la Banque mondiale, le FMI, les fonds publics et privés, et sur la manière dont il nous faut engager un nouveau processus.
EMMANUEL MACRON, Président de la République française
Le Sommet de Paris s’est achevé ce vendredi à midi avec une restitution par Emmanuel Macron des différents engagements pris par les 40 chefs d’État et de gouvernement présents.
Quelques annonces ont été faites au palais Brongniart, ancien siège de la Bourse de Paris.
Plusieurs pays (Barbade, Espagne, États-Unis, France, Royaume-Uni), avec la Banque mondiale, ont ainsi soutenu un système de suspension automatique du remboursement de la dette en cas de catastrophe naturelle.
Dans son discours de clôture du sommet, au milieu du cénacle de 40 leaders politiques réunis au palais Brongniart à Paris, le président Macron a souhaité livrer une «conclusion opérationnelle », pour ne pas en rester « aux bonnes paroles ». La crainte d’un sommet creux pesait dans l’esprit de ses pairs comme dans celui des observateurs (chercheurs, ONG…), également conviés.
« L’efficacité ne vaut que par le suivi, par la capacité de rendre compte à nos opinions publiques », a déclaré l’hôte du sommet. Dans ce but, il a annoncé la mise en place, à la demande du Ghana, d’un « mécanisme de suivi des engagements » comprenant des rapports tous les six mois et, en point de mire… un nouveau sommet à Paris dans deux ans pour en évaluer les résultats. C’est l’une des certitudes acquises au terme de ce jour et demi d’échanges, dont le premier intérêt restera l’espace de dialogue « libre » et « critique » qu’il a été, selon le président français, et à en juger certaines saillies comme celle du président Lula en fin de matinée ce vendredi.
« On ne va pas assez vite », mais « on ne fait pas rien », s’est défendu Emmanuel Macron, prévenant les critiques. Il s’est également défini en « scribe » des volontés émergées des tables rondes jeudi.
« Nous sommes d’accord sur nos objectifs », s’est-il réjoui : ne pas choisir entre lutte contre la pauvreté et la protection de la planète, un choc de financement public, une mobilisation du privé ou encore le respect de la souveraineté des États pour la voie du développement. Le chef de l’État s’est félicité d’un « consensus complet » sur tout cela, notamment pour « réformer en profondeur » le système financier mondial, afin de le rendre « plus efficace, plus équitable ». « Pas sûr que ce soit si consensuel», tempère le directeur de l’Institut du développement durables et des relations internationales (Iddri), Sébastien Treyer.
« Des voix de pays africains très coordonnées »
Dernier à prendre la parole avant le discours de clôture du président français, le président sud-africain Cyril Ramaphosa s’est dit déçu du fait qu’« un certain nombre d’engagements » n’aient « pas été concrétisés », notamment sur les 100 milliards pour le climat, qui incarnent plus que jamais la véritable attente – montant pourtant symbolique face aux besoins réels – des pays les plus exposés au changement du climat. « Il faut maintenant que des actions concrètes soient prises », ne peut-il que plaider.
Nouveau pacte financier mondial :
Les chercheurs rappellent que le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, non-décisionnaire, visait avant tout à donner « une impulsion politique », une vision d’ensemble des réformes à mener.
L’objectif du sommet est de rénover en urgence l’architecture financière internationale, née des accords de Bretton Woods en 1944 avec la création du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM).
L’accès à leurs financements est jugé difficile par les pays en développement, alors que leurs besoins sont immenses pour affronter canicules, sécheresses et inondations, mais aussi pour sortir de la pauvreté tout en s’affranchissant des énergies fossiles et en préservant la nature.
Par Regard Sur l’Afrique
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