Le président en exercice de l’Union africaine (UA) et chef de l’État sénégalais, Macky Sall, a déclaré vendredi être sorti « rassuré » de sa rencontre à Sotchi avec son homologue russe Vladimir Poutine, avec qui il a évoqué les craintes de crise alimentaire du fait de l’offensive russe en Ukraine.
« Nous sortons d’ici très rassurés et très heureux de nos échanges », a déclaré Macky Sall aux journalistes à l’issue de sa rencontre à Sotchi avec Vladimir Poutine, ajoutant avoir trouvé le président russe « engagé et conscient que la crise et les sanctions créent de sérieux problèmes aux économies faibles, comme les économies africaines ».
Trois heures d’« échange complet sur la situation »
Les échanges entre Vladimir Poutine et Macky Sall, qui était accompagné du président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, ont duré trois heures, a précisé le dirigeant sénégalais.
L’opération spéciale russe en Ukraine – deux pays qui assurent à eux deux 30% des exportations mondiales de blé – a conduit à une flambée des cours des céréales et des huiles, dont les prix ont dépassé ceux des Printemps arabes de 2011 et des émeutes de la faim de 2008.
Est-ce à dire que sa mission est accomplie ? Les échanges avec Vladimir Poutine ont duré trois heures, a précisé le dirigeant sénégalais, évoquant « un échange complet sur la situation ». « Je lui ai indiqué que nous étions venus d’abord pour lui demander une désescalade et de travailler pour la paix », a précisé Macky Sall.
« Je suis venu vous voir, pour demander de prendre conscience que nos pays, même s’ils sont éloignés du théâtre, sont des victimes de cette crise, au plan économique », a-t-il déclaré au début de leur rencontre.
L’Afrique n’est pas épargnée par la guerre en Ukraine, bien au contraire elle en souffre. Tel est le message délivré par président du Sénégal à son hôte russe.
Au final, Macky Sall asure avoir trouvé le président russe « engagé et conscient que la crise et les sanctions créent de sérieux problèmes aux économies faibles, comme les économies africaines ».
Après la Russie, l’Ukraine attendra. Le président du Sénégal avait annoncé une visite dans les deux pays. Mais la rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelenski est prévue à une date non déterminée.
Samedi 4 juin, le président Macky Sall est attendu à Accra au Ghana pour le sommet de la Cédéao. Une séquence diplomatique chargée elle aussi, puisque l’organisation ouest-africaine va étudier les cas des transitions au Burkina Faso, en Guinée et surtout au Mali, frappés par des sanctions des Etats de la région.
Nul doute que les conclusions de la visite en Russie du président sénégalais en tant que président de l’UA seront scrutées de près à Accra comme dans de nombreux pays africains face aux risques de crises alimentaires et sociales génératrices d’instabilité politique.
Le message d’alerte de Macky Sall aux dirigeants européens
Pour rappel, Macky Sall s’était exprimé en visioconférence au sommet du Conseil de l’Europe mercredi 1er juin à Bruxelles juste avant de se rendre Russie pour alerter ses homologues européens : « La situation est préoccupante et le pire est peut-être devant nous ».
A cette occasion, il s’était aussi alarmé des conséquences des sanctions européennes et occidentales sur le commerce de céréales, notamment à la suite de l’exclusion de la principale banque russe, Sberbank, du système financier international Swift, une messagerie sécurisée cruciale pour les transferts de fonds.
« Quand le système Swift est perturbé, cela veut dire que même si les produits (à acheter) existent, le paiement devient compliqué, voire impossible », s’inquiètait Macky Sall.
Le président sénégalais avait également averti que la flambée des prix des engrais –principalement produits en Russie, en Ukraine et au Bélarus– pourrait provoquer un effondrement « de 20% à 50% » des rendements céréaliers en Afrique cette année.
Par Regard Sur l’Afrique
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