« Trois mois après les élections générales contestées du 25 février, Bola Ahmed Tinubu a officiellement succédé hier à Muhammadu Buhari à la présidence du Nigeria, pointe Le Monde Afrique. Après une période électorale éprouvante, marquée par une grave pénurie de liquidités et de carburant dans le pays, beaucoup comptent sur cette passation de pouvoir pour donner un nouvel élan au Nigeria. Le pays le plus peuplé d’Afrique s’enfonce en effet dans une crise économique sans fin et fait face à une insécurité généralisée qui entrave sévèrement sa croissance. »
Buhari : un bilan désastreux…
Et la presse nigériane n’est pas tendre envers le président sortant. À l’instar du Sun : « la plupart des Nigérians sont heureux que, enfin, Muhammadu Buhari et certains gouverneurs d’État aient quitté le pouvoir. Bon débarras !, s’exclame le quotidien lagotien. Pas de larmes pour leur départ. Le souhait de beaucoup est qu’aucun de ces dirigeants ne réapparaisse jamais dans notre processus de gouvernance (…). Ces hommes ne manqueront pas. Hier, en effet, a marqué le début d’une nouvelle transition dans notre démocratie naissante, estime The Sun. (…) Et il faudra du temps pour oublier les huit années de sauterelles, de promesses non tenues, d’insécurité, les douleurs et la misère sans précédent que des dirigeants incompétents et méchants ont infligé au Nigeria. »
Le quotidien Vanguard hausse encore le ton : « Buhari n’a pas répondu aux attentes concernant son programme en trois points, sécurité, économie et lutte contre la corruption. (…) L’un des pires héritages de son gouvernement a été l’extrême népotisme et le mépris pour le principe constitutionnel du caractère fédéral de la nation qui exige équilibre et équité. Sous Buhari, l’armée a massacré des personnes pour des raisons religieuses, ethniques et politiques. Les médias ont été intimidés et muselés. Le système judiciaire a été harcelé, tandis que l’Assemblée nationale était dans l’ombre du pouvoir. »
Toutefois, reconnait Vanguard, « Buhari a œuvré pour le développement des infrastructures, en achevant les projets ferroviaires et routiers commencés sous le régime d’Obasanjo, en particulier le deuxième pont du Niger et l’autoroute Lagos-Ibadan. Et de nombreux aéroports ont été modernisés. »
Tinubu : des tâches herculéennes…
Le nouveau président nigérian a donc du pain sur la planche… Ce que relève notamment The Guardian : « Bola Ahmed Tinubu doit maintenant s’attaquer à la myriade de problèmes auxquels les Nigérians sont confrontés quotidiennement : insécurité, chômage, pauvreté, manque de soins médicaux, mauvaises routes, infrastructures médiocres… (…) Il ne fait aucun doute que nous avons besoin d’une renaissance économique dans ce pays, compte tenu de la situation actuelle. Pour la première fois, nous sommes pratiquement en faillite – empruntant plus que nous ne générons de revenus – et notre devise est au plus bas. (…) Le président élu doit être à la hauteur et relever le défi. »
« Bola Ahmed Tinubu pourra-t-il dépêtrer le Nigeria de la gadoue multiple ? », s’interroge en écho le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou. « Que peut faire Tinubu du Nigeria, durant les quatre années à venir ? Les recettes qu’il avait appliquées à Lagos, laquelle lui doit sa modernisation et sa sécurité, ces recettes sont-elles transposables à tout le Nigeria ? Son serment hier repose sur 2 piliers, pointe Aujourd’hui : tolérance zéro pour toute « forme de criminalité » et croissance économique. » Tinubu a aussi promis l’autonomie des États fédérés en matière de sécurité et d’impôts et la fin des taux de changes multiples. Et surtout, il y a le chômage, relève le quotidien burkinabè. « Si lors de son mandat, « the new président » ne prête pas une oreille attentive à ce problème endémique, il sera passé à côté. Prioritairement, il devra déboucher l’horizon des jeunes diplômés, qui sont nombreux à rejoindre le Royaume-Uni ou les États-Unis. Médecins, ingénieurs… migrent vers ces pays pour trouver du travail. Le « japa » (l’exil) est devenu la solution. Comment Tinubu compte-t-il arrêter cette hémorragie ? »
Et Aujourd’hui de s’interroger encore : « le « faiseur de roi » devenu roi, pourra-t-il habiter la fonction, ou bien sera-t-il un homme d’estrade ? »
RSA avec RFI Par :Frédéric Couteau
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