C’est la deuxième rencontre entre les deux hommes, la première à l’Élysée. Mahamat Idriss Déby est à Paris et il a été reçu ce lundi 5 juillet 2021 au matin par le président français Emmanuel Macron. Un entretien pour préparer le prochain sommet du G5 Sahel qui s’est fait en toute discrétion.
Une visite à huis clos où la presse n’a pas été autorisée à accéder ce lundi matin à la cour de l’Élysée. Rien n’a filtré sur cet entretien, le palais présidentiel annonce juste la diffusion prochaine d’un communiqué conjoint.
Pourquoi une telle discrétion ? On sait que la relation entre Paris et Ndjamena a fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines. En cause notamment, cette petite phrase prononcée par Emmanuel Macron le 23 avril dernier aux obsèques d’Idriss Déby : « La France ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui, ni demain, remettre en cause la stabilité et l’intégrité du Tchad. » Une petite phrase perçue comme un soutien voire une sorte d’adoubement au fils d’Idriss Déby.
Face aux critiques et aux manifestations anti-françaises, Emmanuel Macron sera contraint quatre jours plus tard de faire cette mise au point : « Je suis pour une transition pacifique, démocratique, inclusive, je ne suis pas pour un plan de succession. » Le président français a toujours plaidé pour que la transition n’excède pas les 18 mois.
La politique intérieure tchadienne, avec les préparatifs du dialogue national inclusif et à terme les prochaines élections, il en a certainement été question ce matin entre les deux hommes, mais l’objet de cette rencontre, c’était surtout la préparation du prochain sommet G5 Sahel. Un sommet qui pourrait, selon nos informations, se tenir très rapidement, peut-être même dès ce vendredi 9 juillet à en croire des sources tchadienne et française.
L’occasion sans doute pour Paris de préciser les contours de son engagement futur dans la région un mois après l’annonce de la fin progressive de l’opération Barkhane. Ce qui est d’ores et déjà acté, c’est la venue ce jour-là, le 9 juillet donc, de Mohamed Bazoum à l’Élysée. Le président nigérien sera reçu par son homologue français, une information confirmée ce midi par la présidence nigérienne.
Le Tchad divisé sur la visite
Cette visite de travail de Mahamat Idriss Deby, à Paris divise. Le mouvement Wakit Tama qui regroupe la société civile, l’opposition politique ainsi que les syndicats « n’est pas surpris » par la visite, même s’il dit « regretter » de voir la France se comporter en « véritable parrain » de la junte militaire au pouvoir à Ndjamena. « C’est juste une concrétisation de tous les appuis de ce pouvoir parce que le principal soutien de la junte militaire, c’est d’abord la France qui a donné beaucoup de légitimité à ce coup d’État, ce qui a ensuite entraîné les autres pays de l’Union africaine à reconnaître le coup d’État et la junte. Cela ne nous étonne donc pas qu’elle couronne le tout avec cette visite en France », souligne Mahamat Nour Ibedou, l’un des porte-parole de Wakit Tama.
Pour le MPS, le parti du président défunt Idriss Deby Itno, « on n’a rien à répondre à ceux qui passent leur temps à noircir le Tchad », a réagi son porte-parole, Jean-Bernard Padaré, qui se félicite de cette rencontre. « Pour nous, MPS, la rencontre entre les deux présidents est somme toute normale, au regard de l’excellence de relations qu’il y a entre le Tchad et la France. Faut-il rappeler que le Tchad préside le G5 Sahel et qu’à ce titre, nous n’y voyons aucun inconvénient ? Bien au contraire, cela doit aider la transition à s’asseoir et mieux préparer le passage de témoins ». Et Jean-Bernard Padaré de conclure que la question de la légitimité du régime ne se pose même pas, alors que le mouvement Wakit Tama continue de dénoncer ce qu’il qualifie de « dévolution dynastique » du pouvoir dans le pays.
RSA avec RFI
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