« Voici à quoi va ressembler un second mandat de Trump : plus d’interdictions, plus de souffrances et moins de liberté », a lancé Kamala Harris. « Comme il l’a fait en Arizona, il veut ramener l’Amérique aux années 1800 », a ajouté la vice-présidente des États-Unis.
À quelques mois de la présidentielle, l’avortement s’impose comme un enjeu majeur de la campagne, notamment dans cet État-clé, où Joe Biden a battu Donald Trump avec seulement 10 000 voix d’avance en 2020. Mardi, la Cour suprême de l’Arizona a jugé applicable une loi de 1864, qui interdit l’avortement dès la conception, sauf dans le cas où la mère court un danger mortel. Le viol et l’inceste ne sont ainsi pas considérés comme des exceptions valables.
Ce texte remontant à la guerre de Sécession, un temps où les femmes n’avaient pas le droit de vote, fait polémique et embarrasse jusque dans les rangs républicains. Néanmoins, son application réelle reste très incertaine, notamment car la procureure générale a juré de ne poursuivre aucun médecin ou femme impliqué dans une IVG.
Donald Trump est l’architecte de cette crise des soins de santé
Mais la menace d’un durcissement majeur existe. Kamala Harris a dépeint cette décision comme « l’une des plus grandes répliques » du séisme survenu en juin 2022, lorsque la Cour suprême a annulé la protection constitutionnelle du droit à l’avortement. Ce renversement, décidé par des magistrats conservateurs pour certains nommés par Donald Trump, n’était « que le premier acte d’une stratégie plus vaste visant à supprimer les droits et libertés des femmes (…), État par État. Donald Trump est l’architecte de cette crise des soins de santé. Et ce n’est pas un fait qu’il cache. En fait, il s’en vante », a-t-elle dénoncé.
Boulet électoral pour les républicains
L’Arizona fait partie de la poignée d’États-clés qui décideront de l’élection présidentielle. Les démocrates y font de l’avortement un argument massue en faveur d’une réélection de Joe Biden, jusqu’ici distancé par Donald Trump dans les sondages. Une vaste campagne publicitaire d’au moins 1 M$ va présenter le président démocrate en ardent défenseur de l’IVG.
Depuis deux ans, une vingtaine d’États américains ont déjà interdit ou sévèrement restreint l’accès à l’avortement. Mais cette victoire idéologique s’est transformée en boulet électoral pour les républicains. En effet, les sondages montrent que la majorité des Américains soutiennent l’avortement, ce qui fragilise le parti conservateur dans les urnes. Même les électeurs du Kansas, État pourtant ancré à droite, ont récemment soutenu le droit à l’IVG dans un référendum.
Quand Trump joue la retenue…
Conscient du risque politique, Donald Trump joue désormais la retenue, en rappelant que chaque État est libre de légiférer sur le sujet. « La Cour suprême de l’Arizona est allée trop loin dans sa décision sur l’avortement », a-t-il répété ce vendredi.
Sur son réseau Truth Social, il a aussi présenté les démocrates comme des « extrémistes », en répétant un mensonge selon lequel la gauche soutient « l’exécution des bébés ; dans certains cas, après la naissance ».
« Assez de cette manipulation ! »
À Tucson, Kamala Harris l’a renvoyé à son alliance avec les électeurs évangéliques, partisans d’une interdiction totale de l’avortement, et au flou qu’il a longtemps entretenu sur la question. « Au Congrès, les amis de Donald Trump tentent de faire passer une interdiction nationale », a-t-elle rappelé. « Et maintenant, il veut nous faire croire qu’il ne signera pas d’interdiction nationale ? Assez de cette manipulation ! ».
RSA avec letelegramme
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