Des juges de la CPS ont émis ce mandat dans le cadre d’une « instruction » sur de possibles « crimes contre l’humanité » commis par la Garde présidentielle de François Bozizé, entre février 2009 et mars 2013, dans « une prison civile » et un « centre d’instruction militaire » à Bossembélé, dans le centre du pays. François Bozizé, 77 ans, qui s’était emparé du pouvoir en 2003 par un coup d’État avant d’être renversé 10 ans plus tard par des rebelles, et qui est aujourd’hui à la tête de la principale rébellion centrafricaine, est exilé en Guinée-Bissau depuis mars 2023.
Les défenseurs des droits humains saluent le mandat d’arrêt contre François Bozizé mais attendent plus. En Centrafrique, la Cour pénale spéciale a officialisé mardi l’émission d’un mandat d’arrêt international contre l’ex-président Bozizé. Pour les défenseurs des droits humains, cette décision de la CPS est un pas en avant dans la lutte contre l’impunité, mais la Cour, dont le mandat couvre les faits commis depuis 2003, doit s’assurer de poursuivre tous les responsables de violations des droits humains dans le pays.
« Entrer c’est facile, sortir c’est difficile. » C’est ainsi que les gardes de la prison de Bossembele accueillaient leurs détenus dans le « Guantanamo centrafricain », où les sévices pouvaient aller jusqu’à la mort. Selon la CPS, l’ancien président Bozizé est suspecté de responsabilité personnelle et hiérarchique pour des crimes commis dans cette prison, où le centre de détention avait été transformé en prison politique et lieu de torture.
Pour Samira Daoud, directrice d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, poursuivre François Bozizé est une avancée dans la lutte contre l’impunité. « L’annonce est pour nous une étape très encourageante dans ce travail pour la justice en faveur des victimes. Et c’est beaucoup plus encourageant, car c’est un mandat d’arrêt délivré à l’encontre de suspects de haut niveau », se réjouit-elle. Et tout comme la CPS, elle appelle « les autorités de la Guinée-Bissau à mettre en œuvre ce mandat en arrêtant et en remettant l’ancien président Bozizé ».
Toutefois, ce mandat d’arrêt est un pas très important, mais pas encore suffisant, car selon elle, au moins 25 mandats d’arrêt de la CPS sont actuellement non exécutés.
Ainsi, Joseph Bindoumi, le président de la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme, appelle la Cour pénale spéciale à poursuivre tous les dossiers, sans exclusive. « Il y a des autorités qui sont sur place aujourd’hui, qui ont un mandat contre eux, mais qui s’interdisent de les faire sortir. Ça fait polémique. Est-ce que vraiment, on veut punir des coupables, ou bien on veut sélectionner des gens dont l’arrestation ou la recherche fait sensation ? », s’interroge-t-il.
En novembre 2021, l’ex-rebelle et ministre de l’Élevage Hassan Bouba avait été libéré des geôles de la CPS quelques jours seulement après son arrestation.
Par RSA
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