L’ancien gouverneur de la Banque centrale, Lamido Sanusi, déchu de sa couronne d’émir de Kano. C’est la fin de 5 années de frictions avec l’autorité publique. « Le Conseil exécutif de l’Etat de Kano a approuvé à l’unanimité le détrônement de l’émir de Kano, Muhammadu Sanusi II, lors d’une séance spéciale tenue aujourd’hui », a tweeté Salihu Yakasai, le directeur des Médias et de la Communication de l’Etat de Kano, ce lundi.
Une destitution qui a toujours pendu au nez de ce puissant monarque traditionnel, très présent dans le débat public et critique virulent du gouvernement Buhari.
En 2017 déjà, trois ans après son accession au trône, la commission anticorruption du parlement de Kano l’avait mis en cause dans une affaire de détournement. L’enquête portait alors sur 17 millions d’euros dépensés en voitures de luxe, billets d’avion, frais personnels, etc. par le Conseil de l’émirat financé par des fonds publics. « Un complot », selon le leader musulman, trop progressiste pour un Etat de Kano régi par la Charia.
S’il avait alors échappé à la suspension recommandée par le Parlement de Kano, Muhammadu Sanusi II n’a pu cette fois éviter le couperet. Décidément trop insubordonné. L’émir aurait perdu son trône, à cause de « son irrespect des instructions légitimes du bureau du gouverneur et des autorités légitimes », selon les autorités de l’Etat de Kano, avec à leur tête le gouverneur Umar Abdullahi Ganduje.
Cet habitué des règlements de comptes politiques n’en est pas à sa première « décapitation ». En 2014, Lamido Sanusi avait déjà été éjecté de son poste de gouverneur de la Banque centrale du Nigeria par le gouvernement de Goodluck Jonathan. Le pouvoir ne lui avait pas pardonné sa dénonciation d’un scandale de corruption portant sur 20 milliards $ de recettes pétrolières.
Par RSA avec Ecofin – Stéphane Alidjinou
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