Liu Hui s’est rendu dans la capitale ukrainienne pour jeter les bases de négociations visant à mettre fin à l’invasion russe. La Chine mène une politique d’apaisement. Le géant asiatique s’efforce de désamorcer les tensions au sein de la communauté internationale et de rétablir l’équilibre.
Au rétablissement diplomatique entre l’Arabie saoudite et l’Iran, parrainé par Pékin, s’ajoutent des initiatives telles que la médiation pour trouver une solution à la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Même si ce n’est pas facile, le camp de Xi Jinping pense pouvoir faciliter un accord qui ne sera toutefois pas basé sur les douze points proposés il y a quelques mois. Ce qu’ils espèrent, c’est pouvoir rapprocher les positions grâce à la tournée de leur émissaire Liu Hui, qui a débuté à Kiev.
L’Ukraine, consciente du poids de la Chine sur l’échiquier international, a vu dans cette visite un chapitre clé, même si la satisfaction est loin d’être totale. Le fait que Liu Hui ait été ambassadeur de Chine en Russie n’est pas du goût de Kiev, qui craint une médiation trop favorable aux intérêts du Kremlin. Bien que Pékin affirme rechercher une « solution politique », il estime qu’une telle solution pourrait ne pas respecter certaines des lignes rouges fixées par le gouvernement de Volodymir Zelensky.
Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a publié une déclaration dans laquelle il assure que son ministre Dmitro Kuleba « a souligné que l’Ukraine n’acceptait aucune proposition impliquant la perte de ses territoires ou le gel du conflit ». Ils ajoutent que M. Kuleba « a informé en détail l’envoyé spécial du gouvernement chinois des principes de rétablissement d’une paix durable et juste fondée sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine ». Mais pour l’instant, la Chine continue de garder ses distances, s’abstenant de condamner Moscou ou de parler de la guerre comme de l’invasion qu’elle est réellement.
Liu Hui prévoit de se rendre en Pologne, en France, en Allemagne et en Russie, où il clôturera une tournée qui prolongera le bon sentiment dont parlait l’Ukraine après l’appel téléphonique entre Xi Jinping et Zelenski. Le président ukrainien a assuré que cette conversation avait donné une « forte impulsion » à l’évolution des relations bilatérales entre Kiev et Pékin. En effet, ce jour-là, Zelenski a nommé un ambassadeur extraordinaire, un poste que personne n’avait occupé depuis plus de deux ans. Il a toutefois souligné que cela ne changeait pas le point de vue ukrainien sur la proposition chinoise, qui est également considérée avec scepticisme par l’OTAN et les États-Unis.
« L’Ukraine attache une grande valeur au rôle important que joue la Chine dans les affaires internationales en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré la Chine dans son communiqué de presse. Ils ont également réaffirmé leur volonté d’instaurer un cessez-le-feu qui amènerait « toutes les parties » à s’asseoir et à « créer les conditions » de « pourparlers de paix ». L’idée est que tous les avis recueillis au cours de leur tournée européenne soient transmis à Vladimir Poutine. L’attitude de la Chine ces derniers mois ne concerne pas seulement l’Europe, mais elle tente de rallier un maximum de soutiens, comme le montre le sommet qui se tient en parallèle avec cinq pays d’Asie centrale.
Xi Jinping rencontre aujourd’hui dans la ville de Xian les dirigeants du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan, du Kirghizstan et du Turkménistan, toutes d’anciennes républiques de l’URSS. Une rencontre que certains observateurs interprètent comme un pendant au sommet du G7 qui débutera vendredi au Japon.
Le sommet avec la Chine est une réunion qui, en plus de traiter fondamentalement des questions de sécurité, servira à renforcer les relations avec les pays proches du Kremlin et à continuer à tisser un important réseau de partenariats qui consolidera les bases du projet tant attendu de « la Ceinture et la Route » – une nouvelle route de la Soie -, qui permettra d’accroître encore l’influence de la Chine.
Regard Sur l’Afrique avec Atalayar Par José María Martín
Discussion à propos du post